Algérie

Aïn Témouchent : la commune d’El-Emir Abdelkader



Aïn Témouchent : la commune d’El-Emir Abdelkader
Village Emir-Abdelkader (ex-Platrière)

Un ancien camp de concentration pendant la colonisation, devenu bourg, ensuite village socialiste après l’indépendance et s’est transformé enfin en une commune de l’État algérien.

Un camp de concentration est un lieu fermé de taille superficielle assez conséquente. Ce camp est mis sur pied pour regrouper toute une partie de la population considérée comme rebelle ou complice et même hostile d’un fait de société qui se rapporte à une rébellion. Le camp de concentration est installé dans le but de maîtriser, de séparer et de contrôler cette population bien claustrée. Cette population qui se rapporte à notre sujet est composée de paysans vivant dans les parages qui mettent en cause en partie le système des fermes coloniales.
Ces paysans (fellahs) mis dans le camp de concentration sont en majorité des résidents dans des endroits qui n’avantagent guère l’occupant dans le cadre de leur sécurité, ils résident dans une zone critique de combats pendant une guerre.
L'expression “camp de concentration” fut créée à la fin du XIXe siècle. En effet, l'innovation technique du fil barbelé permit de cerner de vastes espaces à peu de frais. La première utilisation de ce terme se fit à propos de la Seconde Guerre mondiale. Ceci à été un modèle pratique pour l’armée française en Algérie. Pendant la guerre de la Libération, plus exactement en 1956, les combats, les accrochages, les agressions, les destructions faisaient rage dans les parages par des fellagas, surnommés par l’armée française et les colons, ils sont des révolutionnaires du FLN qualifiés de fidayin et de moudjahidine. Devant la naissance de cette rébellion, l’armée française avait occupé l’unique école destinée pour les enfants des indigènes, qui a été construite bien avant 1954, en reconnaissance de l’endroit du traité de la Tafna entre l’Émir Abdelkader pour la partie algérienne et le général Bugeaud pour la partie du colonisateur français. Cette école, située au bord de la route reliant Tlemcen - Oran, fait face à un immense terrain vague, nu et plat au bord d’un oued. Cet espace géographique a été clôturé par l’armée française avec du barbelés, laissant une seule issue pour l’entrée-sortie face à l’école, et à l’intérieur de l’enceinte, des petites surfaces ou parcelles ont été réservées pour la construction de turnes, genre taudis (gourbis).
Elles ont été aménagées pour des familles paysannes soupçonnées de complicité avec les fellagas, ces paysans avaient leurs demeures au milieu de leur propriété, elles sont incontrôlables parce que situées sur les hauteurs des montagnes.
Ce camp de concentration est baptisé par la population autochtone Al Gypse, et par les colons Platrière, cette appellation ou dénomination faisait référence à l’existence d’une carrière de gypse au environ du camp. Ce camp de concentration était constitué de plus d’une centaine de familles, elles avaient ramené avec elles leurs troupeaux de moutons, leurs bétails, qui faisaient partie en fin de compte de ce camp de concentration. Devant chaque taudis habitable, il y avait une petite surface cernée par des jujubiers épineux secs, réservée pour le bétail et le troupeau de moutons, ajouter également la basse-cour. Ce camp est déserté à l’époque pendant la journée car chaque habitant allait faire paître son troupeau et travaillait sa terre située dans les parages de ce camp.
C’était une autre vie, un autre style de mode de vie déterminé par la force de la baïonnette de l’armée française où le contrôle était rigoureux en entrée et en sortie du camp. Petit à petit, une habitude de vie prenait forme dans cette cité préfabriquée, la fontaine d’eau collective magnétisait femmes et enfants qui venaient avec leurs bermil (petits tonneaux pour stocker l’eau), devenue comme un lieu de rencontre ou se faisait le partage des informations ; l’entretien des espaces publics sont pris en charge par chaque habitant pour que la propreté soit reine, l’odeur dégagée des écuries recouvre l’atmosphère du camp et devient un parfum quotidien de la cité ou du camp. Cet état de fait a perduré jusqu’après l’indépendance en 1971, ensuite la politique de la Révolution agraire avait inscrit à son programme une action directe sur l'habitat rural.
La politique mise en œuvre dans ce but consistait en la création de mille villages ruraux avant 1980, ce qui n’a pas été finalisé après la disparition du défunt Boumediene (Allah ya rah mah). Les grandes orientations concernant ces “villages de la Révolution agraire” sont données en juillet 1972.
Très vite, l'opération dépasse le cadre proprement dit de la Révolution agraire et affirme son caractère politique global en prenant le nom de “villages socialistes”. Ce thème occupait désormais une place prépondérante dans la vie du pays. Les mass médias en parlent presque quotidiennement et rares sont les discours officiels qui n'y font pas allusion à l’époque. Ce camp a bénéficié de cette disposition ce n’était que partie remise.
Le village socialiste baptisé “émir Abdelkader” construit en mitoyenneté avec cet ancien camp de concentration est équipé de toutes les commodités de style de vie moderne en matière d’urbanisme, de culture, de sociétale et d’équipements publics… Il répondait par le bien de l’indépendance au mal du colonialisme que bien des Algériens d’hier et d’aujourd’hui n’avaient pas apprécié à l’époque pour une raison ou pour une autre…
La vie d’hier dans le camp de concentration à la nouvelle vie du village socialiste, la différence s’est faite grandement ressentie dans le sens de la vraie indépendance de l’individu, du paysan ou fellah et de la société agraire. Boumediene (Allah yara’ h mah) voulait récompenser cette catégorie de paysans qui ont donné un plus à la vitalité de la révolution armée.
En 1985, ce village est devenu par arrêté ministériel une commune officielle de la daïra de Béni Saf se rapportant à la wilaya de Aïn Témouchent. Donc un budget, une municipalité qui devrait se prendre en charge en dehors de son ex-aspect de “village socialiste”.
La crise du logement avait incité l’État à la cession des logements et des lots de terrain destinés pour la construction de logements. Cette libéralisation économique, politique et sociale de la construction des logements avait transformé cet ancien camp de concentration en un chantier de l’autoconstruction, le VRD avait été pris en considération par l’État, le bitumage des sentiers a été garanti aussi, et des équipements sociaux avaient été pris également en charge par l’État, comme le dispensaire (centre de santé), les écoles… Aujourd’hui l’extension de la commune d’El-Emir Abdelkader se fait en face des anciens villages.
La commune tire ses ressources des taxes du foncier, de ses commerces qui se développent de plus en plus avec les tares quotidiennes de la collectivité locale et ses propres problèmes insolubles. Cette commune devenue banale semblable aux autres communes, où des bâtiments ont été élevés ne répondant pas au style du site du village.
Un autre aspect de la vie commence avec cette commune qui ne cesse de s’agrandir géographiquement, dont l’empreinte n’est pas encore fixée par ses habitants, en majorité ruraux avec un esprit et une pensée trop mercantiles.

B. M.
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