Aïn El Hammam

L'organisation de «thimechret», le 27e jour du carême, «comme l'ont toujours fait nos ancêtres», aiment à préciser les habitants, est devenue une habitude immuable.Manou le responsable du village parle de «communion entre les membres de la communauté» qui trouvent là une occasion de se retrouver, au moins une fois l'an. Un avis partagé par ceux que l'on appelle ici «ighriben» (les exilés) qui habitent dans les quatre coins du pays, des algérois notamment, mais reviennent partager ces moments de bonheur avec les leurs. La place du village, habituellement calme, replonge soudainement dans l'ambiance des grandes fêtes avec une population qui semble avoir doublé voire triplé, en quelques heures. Les cris de joie des enfants qui courent dans tous les sens, goûtant à leur manière à cette allégresse, couvrent la voix des adultes qui épellent les noms d'une interminable liste de pères de famille appelés à recevoir leurs parts de viande.Les quatre b?ufs achetés grâce aux cotisations des villageois ont été sacrifiés dans la nuit. Au petit matin, tout était fin prêt pour la distribution de la viande que de jeunes bénévoles ont mis toute la nuit à répartir en quartier. Chaque famille de moins de neuf personnes a droit à un demi-quartier alors que les plus nombreuses perçoivent le double. L'essentiel est que tous se réunissent et partagent équitablement l'objet du sacrifice (viande) quel que soit le montant de leur cotisation. A Taourirt, la participation à thimechret est un gage de fidélité à la communauté dont les enfants ne partent que temporairement, qui pour des raisons de travail qui pour les besoins d'habitation, mais, jaloux de leurs origines, ils ne ratent aucune occasion pour revenir se ressourcer.