Algérie

Aimer le rose...


Les opérateurs économiques doiventils se taire et cesser de critiquer, comme le leur demande M. Abdel-hamid Temmar, en arguant que le gouvernement ne travaille pas au hasard et sait ce qu'il fait ? Ce serait peut-être un plaisir dangereux à lui faire, sachant que comparativement aux pays où l'économie fonctionne bien, l'Algérie ne souffre pas d'un «excès» de débat mais plutôt de son absence et de sa pauvreté. Que des opérateurs, même pour des intérêts supposés catégoriels ou corporatistes, apportent un peu de débat contradictoire à une politique économique qui n'est claire qu'à ses concepteurs, n'est pas mauvais, c'est même méritoire. Au contraire, cette contradiction gagnerait à être plus ouverte et moins codée. Le Parlement, en théorie haut lieu des débats sur les choix politiques et économiques, ne cherche même pas à faire semblant: il se contente d'écouter et d'approuver, tout en faisant mine parfois de s'intéresser. Il n'est pas besoin de revenir sur les causes politiques qui rendent les institutions sans aspérité et sans vie, il faut juste continuer de constater que les questions essentielles n'y sont pas débattues. Et que la contradiction est plus souvent portée par les opérateurs économiques et les syndicats autonomes que par ceux qui font office de représentation politique du pays. Elle est aussi, et surtout, portée par des experts nationaux, quand ils veulent bien s'exprimer dans les journaux. Si on y ajoute les journalistes qui le font avec des limites objectives, cela ne fait pas grand monde pour «questionner» la politique gouvernementale. Tout baigne... dans l'autosatisfaction, alors qu'à moyens très inférieurs, des voisins ont des croissances remarquables et constituent un pôle d'attraction pour les investisseurs. Tout baigne en apparence alors que l'état d'insatisfaction est palpable dans toutes les catégories sociales. Le système a réussi à si bien modéliser la parole «autorisée» que celle-ci ne lui renvoie plus que ce qu'il aime entendre. Et apparemment, on aime beaucoup le rose, au point d'être agacé par des constats très peu révolutionnaires qui relèvent que les actions engagées n'apportent pas de résultats et qu'il n'y a pas de visibilité dans la stratégie. Il eût été préférable d'y répondre plutôt que d'appeler à la cessation des critiques. Avec un Parlement totalement effacé, où donc aurait-on la possibilité d'entendre quelque chose de sérieux sur la politique économique du gouvernement ? Au demeurant, le ministre donne lui-même des raisons de s'interroger quand il défend la politique du gouvernement tout en accusant «l'administration» de ne pas trop coopérer. Comme rien n'est évident dans un pays où l'on acclame au lieu de discuter, on peut se demander naïvement qui est cette administration et qui en est responsable. Est-elle une entité extérieure, autonome, insoumise, et tellement fortement qu'elle peut contrecarrer l'action du gouvernement ? Dans un pays normal, une telle assertion aurait soulevé un sacré débat, ici c'est passé en silence...


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