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Ahmed Ouyahia au charbon



Ahmed Ouyahia au charbon
Il soulignait, lors d'une conférence de presse début juin dernier, que le défi fondamental de l'Algérie est d'ordre économique et que certaines réformes économiques étaient devenues nécessaires, appelant à en accélérer le processus.Ahmed Ouyahia, le successeur d'Abdelmadjid Tebboune, revient aux affaires dans une conjoncture particulièrement difficile. Il est attendu sur plusieurs dossiers dont la restructuration du secteur public, en cette période de resserrement des crédits à l'économie et l'élaboration du projet de loi de finances 2018. Libéral qu'il est, Ahmed Ouyahia ne porte pas dans son c?ur le secteur public. Du reste, il ne s'en cache pas. Il soulignait, lors d'une conférence de presse animée début juin dernier, que le défi fondamental de l'Algérie, à l'instar de plusieurs pays du monde, est d'ordre économique. Il ajoutait que certaines réformes économiques étaient devenues nécessaires, appelant à accélérer le processus des réformes économiques pour faire face aux conséquences de la chute des prix du pétrole. Ouyahia a clairement plaidé pour la privatisation d'un certain nombre d'entreprises publiques dont la situation financière se détériore en raison de problèmes liés au plan de charge et à la gestion, citant en exemple des hôtels et des minoteries qui doivent être rachetés par des acquéreurs locaux. Le nouveau Premier ministre semble vouloir dépoussiérer un dossier vieux de plus de vingt ans. En Algérie, la privatisation s'était invitée dans le débat économique à la fin des années 1990, une époque où le discours dominant décrétait qu'il fallait en finir avec des entreprises publiques en difficulté, des canards boiteux qui siphonnaient l'argent public. À cette époque, Ahmed Ouyahia était aux affaires. Et c'est sous sa direction qu'une grande opération de privatisation avait été menée. Mal conçue, elle n'avait pas donné les résultats escomptés. Le bilan était maigre. Et, il n'y avait pas vraiment de quoi se réjouir. Avec l'embellie des marchés pétroliers, au début des années 2000, la privatisation a été complètement abandonnée. Il aura fallu attendre cependant 2016 pour que le pays manifeste de nouveau son intérêt pour la privatisation. En effet, dans le projet de loi de finances 2016, le gouvernement avait proposé une disposition (l'article 66 de la mouture de loi), prévoyant la possibilité de privatisation des entreprises publiques. L'article 66 stipule effectivement que les entreprises publiques économiques, qui réalisent des opérations de partenariat à travers l'ouverture du capital social en faveur de la participation de l'actionnariat national résident, doivent conserver au moins 34% du total des actions ou des parts sociales. Et cela va jusqu'à la cession de l'ensemble des actions à l'actionnaire qui respecte ses engagements. L'actionnaire national résident peut détenir ces actions sur une période de cinq ans. Après une expertise juridique sur le respect des engagements souscrits, il est possible de soumettre au Conseil des participations de l'Etat (CPE) l'option de l'achat du reliquat des actions. Sonatrach, Sonelgaz, Algérie Télécom et toute autre entreprise stratégique n'entrent pas dans le champ d'application de cette disposition qui a été également mise en veilleuse. Ahmed Ouyahia va-t-il la remettre en selle. Possible ! Il est fort probable qu'elle le sera dans le cadre du projet de loi de finances 2018. Mais au-delà de cette disposition, le cabinet que conduit Ouyahia aura fort à faire pour y opérer des arbitrages cohérents entre types de dépenses et recettes en vue de rendre les finances publiques soutenables et favorables à la croissance de l'économie. Réputé pour ses positions peu pondérées quand il s'agit de prendre des décisions, fussent-elles impopulaires, le successeur d'Abdelmadjid Tebboune n'aura pas vraiment l'intention de ménager la chèvre et le chou chaque fois qu'il le pourra.Youcef Salami
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