Algérie

Ahmed Ouyahia accuse les syndicats autonomes



« Ce sont des preneurs d?otages » Après s?être éclipsé de la scène politique pendant plusieurs semaines, Ahmed Ouyahia est réapparu jeudi à Zéralda. Frais et d?attaque. Même si l?« événement » paraît des plus anodins : réunion de la commission nationale du RND pour la préparation du 3e congrès, le contexte national, le reconnaît même Ouyahia, est des plus « inquiétants ». Face au durcissement de ton des syndicats autonomes (grève de l?intersyndicale les 13, 14 et 15 avril, la coordination se joint au débrayage pour les journées des 13 et 14 avril), le RND, via son secrétaire général, resserre les rangs du pouvoir et apporte son soutien au gouvernement de Belkhadem de plus en plus acculé par l?ampleur de la contestation sociale. Précieux soutien que celui qu?apporte, en effet, à la veille d?une crise qui s?annonce grave, Ahmed Ouyahia à son allié, le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, et secrétaire général du FLN. Du Centre balnéaire des travailleurs du secteur du bâtiment (siège de la mutuelle), où s?étaient tenus jusqu?à hier les travaux de ladite commission nationale (la date du 3e congrès du RND est finalement arrêtée pour les 25, 26 et 27 juin), le patron du RND s?est chargé de descendre en flammes les syndicats autonomes qu?il assimilera ? sans donner l?impression de forcer sur les mots ? à des « preneurs d?otages ». « C?est tout le peuple algérien qui est pris en otage », assène-t-il dans son speech d?ouverture. Il invitera « fraternellement » les « planificateurs » et les « commanditaires » de ces « grèves répétitives » à revenir à la raison et à faire montre d?« esprit de responsabilité ». La décision gouvernementale portant application à partir d?avril de la nouvelle grille des salaires pour la Fonction publique est tout juste « saluée » sur le bout des lèvres. Cette nouvelle grille, rejetée à l?unanimité par les syndicats autonomes, constitue pour Ahmed Ouyahia une vraie soupape de décompression pour plus d?un million de familles de fonctionnaires. Une chance, semble dire Ouyahia, que n?ont pas d?autres Algériens, encore plus nombreux, d?après lui, à souffrir des mutations économiques et du renchérissement des prix. Le souci proviendrait, selon le SG du RND, de la détérioration du pouvoir d?achat de près de 8 millions d?Algériens, chômeurs ou non salariés et non affiliés au secteur public. La paix sociale, souligne-t-il, ne s?acquiert pas à coups d?augmentation salariale, mais nécessite un tout autre traitement : par la dynamisation de l?investissement économique. « Si on ne peut qu?applaudir que l?Etat ait consenti plus de 150 milliards USD d?investissement public, on ne peut que regretter que l?investissement économique des entrepreneurs n?avance pas assez à cause, entre autres, des charges sociales, des difficultés d?obtention de crédits, du problème du foncier, etc. » C?est là l?unique critique qu?Ahmed Ouyahia formulera à l?endroit de l?Exécutif dont sa formation est partie prenante. Il faut dire qu?à ce titre précisément, rien n?est vraiment nouveau. Evoquant la « situation générale du pays », Ouyahia la jugera, « sans démagogie, dit-il, satisfaisante ». « Le pays bouge et se développe », se plaît-il à dire. De la matière à la satisfaction dans l?action du gouvernement, Ouyahia y trouvera et ramassera à la pelle. Il en est ainsi du « programme quinquennal 2005-2009 dont l?aspect le plus complexe, a-t-il dit, reste celui de la réalisation d?un million de logements ». « Vous avez 430 000 logements livrés et 540 000 autres en cours. Nous disons que toutes les preuves sont réunies pour dire que le projet d?un million de logements sera finalisé en 2009. » Un congrès sans enjeu M. Ouyahia distribue d?autres bons points au gouvernement. Le nouveau dispositif en faveur du jeune chômeur, les mesures prises par le ministère de l?Intérieur concernant l?effacement des dettes des communes, les cycles de formation au profit des P/APC et le statut particulier de l?élu local sont autant de points positifs à l?actif du gouvernement de Belkhadem. Ouyahia exprime également sa satisfaction à propos de l?application de la loi de février 2006 fixant les conditions et règles d?exercice des cultes autres que musulmans. « Cette loi, argue-t-il, est conforme à la Constitution. » « Nous n?avons pas à recevoir de leçon en matière de tolérance vis-à-vis des gens du Livre et de cohabitation pacifique entre les religions monothéistes », répond Ouyahia. Toujours au registre des « félicitations », le SG du RND félicite solennellement son « ami » Abdelmajid Sidi Saïd pour sa réélection aux commandes de la centrale syndicale. Le 11e congrès de l?UGTA a été, dit-il, « une réussite ». Une réussite qui s?accommode vraisemblablement et si bien de la non-élection au poste de SG adjoint de l?UGTA de Salah Djenouhat. Djenouhat, membre du bureau national du RND, serait le « soldat » sacrifié par Ouyahia lors du congrès de l?Ugta. Selon une source au fait de la gestion du parti, Djenouhat, qui convoitait avec ardeur le poste en question, a été carrément sacrifié sur décision du secrétaire général du parti. « Ouyahia a préféré miser sur son ami de toujours Sidi Saïd plutôt que sur Djenouhat qui ne lui inspirait pas confiance », nous dit-elle. A propos du prochain congrès du RND, annoncé pour juin, notre interlocuteur ne se fait aucune illusion. Une « simple formalité », résume-t-on. « Les dés sont jetés : ce sera un congrès sans enjeu majeur puisque le RND s?est préalablement exprimé pour un 3e mandat pour le compte de Abdelaziz Bouteflika », nous explique-t-on.
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