Algérie - A la une


Généralement au mot «faute» sont associés plusieurs sens. D'abord, celui du manque, d'absence : faute de, se faire faute de, sans faute, etc. Il y a aussi celui d'imperfection ou bien de manquement à un devoir quelconque, d'entorse aux règles, parfois dû à l'absence de savoir et de vigilance : faute d'orthographe, de goût, de sensibilité, de calcul, de frappe, d'inattention. Plus largement et par extension, d'aucuns l'associent à la notion de responsabilité : par la faute de, la faute en est à, c'est la faute de...En Algérie, on excelle fort dans ces détournements de responsabilité sur le dos des autres : chez nous la faute est à la fois à personne et à tous, terrible ! Si vous faites par exemple des reproches à un citoyen qui jette ses ordures en pleine rue, sans aucun respect ni pour l'écologie ni pour son entourage, encore moins pour les gens de sa ville, il vous répondra sans aucun doute en protestant : «C'est la faute du maire parce qu'il n'a pas mis en place une décharge publique!». Et si vous refaites dans une démarche pédagogique le même reproche au maire lui-même, il vous répliquera : «C'est la faute du citoyen qui manque de civisme et ne fait plus aucun effort pour l'hygiène publique dans sa ville».
Dans notre pays, chacun rejette la responsabilité sur l'autre, se faisant passer à la fois pour la victime et l'arbitre des agissements de l'autre. Loin d'être le fait du hasard, ce phénomène renvoie à l'anarchie qui subsiste dans les consciences de mes compatriotes quant aux contours des notions du droit et du devoir !
Imaginons maintenant un village dans l'Algérie profonde qui souffre de divers problèmes, mais où, analphabète, la majorité des habitants vote souvent pour des incompétents et des corrompus comme gérants de la cité. La faute est à qui ' A ces citoyens qui ne savent pas qui choisir, faute d'études et de connaissance, ou à leurs élites qui pensent plus à leurs privilèges qu'aux intérêts de leur village ' Pas besoin de chercher loin pour trouver la réponse : la faute est tout le monde ! Oui tout le monde ! Car, le devoir des élites est, dans l'ordre normal des choses, faire comprendre à ces citoyens-là que leur choix est faux et de les aider à s'améliorer pour mieux comprendre leurs droits et d'agir avec efficacité.
Parallèlement, le devoir de la population étant de se débrouiller avec tous les moyens possibles pour sortir de leur état de décadence mentale et peser dans les décisions de leurs responsables. Le sous-développement n'est jamais une fatalité si tout un chacun commence à se dire en toute honnêteté : «La faute est à moi qui n'ai pas agi, qui n'ai pas fait d'efforts, qui n'ai pas accompli mon devoir citoyen envers les autres, la communauté, le pays». Sortir de la crise implique qu'on cesse de se rejeter la responsabilité, au moment où il faudrait normalement travailler d'arrache-pied pour le bien de tous. Le changement est une philosophie complexe qui prend du temps et consomme de l'énergie d'autant qu'il est bien plus facile de construire des hôpitaux, des écoles, des centres de recherches, etc. que de former des cerveaux humains saints et équilibrés. Regardons par exemple comment la bureaucratie s'est enracinée dans les esprits de nos administrateurs, à cause de ces «renvois de fautes» très pathétiques, lesquels obligent nos citoyens à des «pèlerinages bureaucratiques» inutiles entre différents institutions, pour reprendre l'expression de l'anthropologue Spensy Kmitta Pimentel, et ce afin de faire valoir le plus élémentaires de leurs droits.
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