Algérie - Revue de Presse


Mouffok et Dechemi, les revers d?une seule médaille L?incarcération du patron de la Compagnie algérienne de banques (CAB), Omar Dechemi, pour « escroquerie, abus de biens sociaux et d?autorité » fait tache d?huile. Elle pourrait annoncer le début de la fin d?une banque privée contre laquelle la Banque d?Algérie (BA) a déposé plainte auprès du tribunal de Bir Mourad Raïs, pour violation des dispositions de la loi relative aux mouvements de capitaux. Depuis plusieurs mois, la CAB fait face à de multiples problèmes de trésorerie, apparus notamment après la fuite (en septembre 2003) à l?étranger d?Ahmed Mouffok, richissime homme d?affaires, avec lequel Omar Dechemi s?était associé pour monter plusieurs sociétés privées. Ancien trésorier du parti dissous à Batna, Mouffok était actionnaire majoritaire (51%) de la société Espace de la voiture, concessionnaire de la marque de véhicule Volkswagen. Cette société avait fait couler beaucoup d?encre entre 2000 et fin 2002, période où un trou financier avait été découvert dans sa trésorerie par un des associés de Mouffok. L?associé a révélé que quelque 300 ordres de versement pour l?achat de véhicules, déposés par des particuliers, n?ont pas été versés dans les comptes d?Espace de la voiture, affirmant en parallèle qu?une vingtaine de voitures ont été offertes gracieusement par Ahmed Mouffok à de nombreux hauts cadres de l?Etat et à de nombreux responsables de banques privées, dont Omar Dechemi. « J?ai découvert qu?il offrait des voitures en guise de cadeaux sans qu?il m?informe. A la CAB par exemple, il a offert au moins 8 véhicules. Il est vrai qu?il était mon associé majoritaire, mais le statut de la société ne lui permettait pas de signer seul. Aujourd?hui, avec tous les problèmes qu?il a laissés derrière lui, j?ai fini par dissoudre l?entreprise Espace de la voiture », a déclaré M. Oulmi, l?ex-associé de Mouffok. En fait, les véhicules n?étaient pas les seuls cadeaux que Mouffok offrait aux responsables de la CAB, qui avaient la priorité des conventions crédits des clients d?Espace de la voiture. Mais ces derniers se sont rendu compte des graves anomalies dans la gestion de leur dossier au niveau de la CAB. Celle-ci leur a fait signer des conventions qui prévoient 7020 DA de frais de gestion du dossier, mais elle prélevait une somme de 16 000 DA, soit une différence de 8980 DA, qu?il faudra multiplier par 2500, le nombre de véhicules vendus par Espace de la voiture dans le cadre de la formule achat par crédit. Une situation qui a poussé les associés de Mouffok à se démarquer d?Espace de la voiture et à créer une toute nouvelle société, Sovac, à laquelle Volkswagen a confié sa marque. En quelques années seulement, Mouffok, et grâce à ses connaissances dans le milieu politique, a érigé un immense empire financier qui lui a permis d?acquérir de nombreux biens immobiliers (notamment à la résidence Chaâbani), fonciers et au moins une quinzaine de sociétés. Avec Omar Dechemi, il avait créé au moins quatre sociétés : la Sarl China Algerian International Commerce, la Sarl China Algerian Construction et la Sarl Prodemof (spécialisée dans la promotion immobilière), dissoute quelques jours seulement avant son départ précipité à l?étranger. Panique Dans le milieu financier algérois, les noms de Mouffok et de Dechemi sont indissociables. L?un utilise l?autre pour arracher des conventions de crédit ou des couvertures de crédit auprès des banques et assurances. La fuite à l?étranger de Mouffok a créé la panique dans la mesure où cet homme d?affaires a laissé derrière lui des ardoises de un milliard de dinars chez la CAB, 200 millions de dinars chez Al Rayan Bank et 750 millions de dinars chez Al Baraka. Publiquement, M. Dechemi a toujours nié tout lien avec Mouffok. Pourtant, dans le différend qui l?oppose à la Rayan Insurance, il est question du non-remboursement à la CAB de 11 traites établies par quatre sociétés commerciales domicilées à la BDL, la BNA et la CAB au profit de deux sociétés dont Ahmed Mouffok est actionnaire, et avalisées, c?est-à-dire garanties à première demande, par la Rayan Insurance. Ces traites ont été présentées à l?escompte par les sociétés d?Ahmed Mouffok auprès de la CA Bank, laquelle a mis à la disposition d?Ahmed Mouffok les montants de ces traites, c?est-à-dire près de 548 millions de dinars. Djamel Benameur, alors directeur général de la Rayan Insurance, avait déclaré que les 11 traites étaient endossées sur la base des bonnes garanties personnelles d?Ahmed Mouffok. Ce que, à l?époque, Omar Dechemi a rejeté catégoriquement. Dechemi est allé très loin dans ses propos en affirmant que la fuite à l?étranger de l?ex-directeur général d?Al Rayan Insurance, « après voir pris la précaution de vendre tous ses biens en Algérie, et celle d?Ahmed Mouffok dans le même temps traduit bien la complicité et la connivence entre ces deux personnages ». Cette affaire s?est avérée être un véritable panier à crabes, dans la mesure où plusieurs autres sociétés privées qui avaient des liens commerciaux avec la CAB et Mouffok ont déposé plainte pour « traites complaisantes ». Elle est toujours en phase d?instruction au niveau de la 5e chambre près le tribunal de Bir Mourad Raïs, à Alger. Le juge a d?ailleurs mis sous mandat de dépôt Djamel Benameur (dès son retour de l?étranger) et Ahmed Mouffok. Celui-ci a été arrêté par les services de sécurité quelques jours seulement après son retour clandestin des Emirats arabes unis. Pour ceux qui suivent de près ces affaires, en mettant sous mandat de dépôt Ahmed Mouffok et Omar Dechemi, la justice vient de donner un sérieux coup de pied dans la fourmilière de la spéculation financière, foncière et immobilière.



as
dj - alger, Algérie

26/05/2011 - 15163

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