Algérie

Affaire BCIA



«Je ne sais pas», sésame des témoins «Je ne sais pas» et «la responsabilité incombe aux décideurs» sont les phrases derrière lesquelles se sont prudemment cachés tous les témoins cités dans l’affaire BCIA, alors que les responsables de l’inspection régionale parlent de rapports accablants contre l’agence Yougoslavie de la BEA. Les témoins continuent à apporter, prudemment, chacun son lot de déclarations. Ainsi, les commerçants qui ont été appelés à témoigner se sont contentés de répéter les déclarations faites auparavant devant le magistrat instructeur. De ce fait, Zani Djaafar déclare qu’il a commencé à travailler au niveau de la BCIA d’Alger le 15 avril 2001, et qu’en septembre de la même année il a été dirigé vers le service des crédits de la direction générale. Quant aux décisions d’octroi d’autorisations de crédits concernant les agences d’Oran, «elles revenaient, dira-t-il, au directeur général». «N’est-il pas le patron de cette banque?», ajoute-t-il. Le chef de service ‘unité’ de la Banque d’Algérie, Belhamed Kaddour, reviendra, quant à lui, sur le déroulement de la compensation. Toutefois, il n’en expliquera pas le déroulement, disant seulement que cela n’était pas de son ressort. Pour ce qui est des traites rejetées pour présentation tardive, il expliquera qu’il en a entendu parler, sans pouvoir confirmer le motif de ces rejets. Parlant du solde suffisant de chaque banque pour pouvoir couvrir la compensation, il mettra en avant l’article qui précise que la banque doit avoir un solde créditeur ce jour-là. La même explication est reprise par le directeur régional de la Banque d’Algérie, Khelifa Youcef, qui donnera de plus amples détails sur ce genre d’opérations, précisant par ailleurs qu’on ne peut s’y présenter avec un compte débiteur. Le président de l’audience le questionne également sur le rejet des traites pour présentation tardive et le témoin en imputera la responsabilité aux décideurs. Sur ce même sujet, la partie civile fera part de son étonnement que la BCIA ait pu accéder à cette opération de compensation avec la somme de 4 milliards de dinars alors que son solde, à cette date, était de seulement 35 millions de dinars. Le témoin répond qu’il suffisait d’un simple dinar pour réaliser l’opération. Concernant les incidents de paiement, ce même témoin explique qu’ils sont quotidiens. A la question de savoir s’il y avait eu un arrangement entre la BCIA et la BEA, il répond que «c’est une solution qu’on aurait pu envisager». Viendra ensuite le tour de Mehenni Samir, chef de service à la BCIA, celui que certains commerçants ont, semble-t-il, confondu avec le patron de Sotraplas. Il dira lui aussi: «Je ne suis au courant de rien, c’est Kharoubi Med Ali qui m’envoyait les traites à remplir et elles comportaient sa signature.» «Et ces traites, lui demande le juge, étaient signées à blanc?» «Oui, répond le témoin, mais c’est sous les ordres de mon patron que j’agissais.» Le témoin suivant sera Ben Stiti Mohamed qui, lui, n’ira par quatre chemins, déclarant que lorsqu’il était au niveau de l’inspection régionale à Oran, il avait établi plusieurs rapports où il expliquait les dépassements qu’il avait soulevés et où il préconisait le remplacement complet du staff de l’agence BEA ‘Yougoslavie’. Il avait également signalé, rappellera-t-il, que le gérant de Sotraplas a bénéficié de bons de crédit pour la vente de matière prête alors que les décisions données aux agences concernaient des crédits d’investissement. Ces informations ont été également rapportées par un autre témoin, Berramdane Ahmed, qui parle de situation catastrophique au sujet de laquelle les rapports reviennent sans cesse sur les irrégularités découvertes. «Pourtant, aucune sanction ne sera décidée», fait-il remarquer. Devant ces déclarations accablantes, le directeur de la BEA ‘Yougoslavie’ tente une réaction en pleine audience et demande au juge de le laisser éclaircir certains points. Cette demande lui est refusée. Hasna Yellès
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