Algérie - Revue de Presse

Affaire Achour Abderrahmane



Affaire Achour Abderrahmane
Le ministère public a été mis mal à l'aise dans une plaidoirie de haute facture où, coup de théâtre, beaucoup de choses sont remises en cause en raison de la manière légère dont a été traitée l'affaire.
Du moins, c'est la conclusion qui ressort des plaidoiries des deux ténors du barreau, en l'occurrence Miloud Brahimi et Mokrane Aït Larbi, avocats de A. Rabah, un des proches de Achour Abderrahmane. Le premier entame la défense par son habituel jeu de mots en demandant 'un printemps judiciaire' dans lequel le juge n'est pas un justicier, sachant que ce dernier 'applique sa loi alors que le juge applique la loi'. Ou encore dans un autre goût, 'si on parle d'une justice à deux vitesses, on constate que dans cette affaire, c'est une justice à toute vitesse', allusion faite à la manière légère dont a été traitée cette affaire. Une rapidité qui laisse des doutes, souligne l'avocat, rappelant que l'émission des chèques sans provision reprochée à son client 'est une histoire à dormir debout'. De même que l'association de malfaiteurs 'ne correspond pas juridiquement' à l'accusation portée contre son client, ainsi que tout le groupe de Achour Abderrahmane. Me Brahimi rappellera, en effet, que cette accusation a été collée aux accusés alors qu'ils se trouvaient au Maroc et arrêtés par la justice de ce pays avant d'être remis aux autorités algériennes suite à un mandat d'arrêt lancé contre eux entrant dans le cadre de la convention signée par les deux gouvernements. Seulement, 'l'Algérie n'a pas respecté les dispositions de cette convention qui stipule, entre autres, que la personne extradée dans le contexte d'un mandat d'arrêt ne peut être en aucun cas chargée d'une autre accusation au moment de son extradition'. Ce qui n'est pas le cas pour particulièrement son client A. Rabah. Plus loin, l'avocat relève d'autres aberrations, à l'exemple de l'article 34 du code pénal donnant un caractère politique à l'affaire alors qu'elle ne l'est pas.
Dans sa conclusion, l'avocat émérite fait constater 'une grande faiblesse dans l'expertise qui s'est contentée de relever des généralités'. Mokrane Aït Larbi, connu pour sa clairvoyance et son sens aigu du juridique, se lance dans une véritable diatribe à l'adresse du représentant du ministère public. 'Comme en boxe, je vais acculer le procureur dans les cordes', déclare-t-il, non sans rappeler les propos de ce dernier lors de son réquisitoire qualifiant l'affaire 'd'incendiaire'. Et de répondre : 'Mais où étaient toutes les structures chargées du contrôle, de l'inspection ' Où était l'Etat 'Mais, continue le plaidant, en fin de compte, la grande victime, c'est la loi.' Il expliquera tour à tour les défaillances de tout un système, à commencer par 'l'expertise dont la compétence des experts n'est pas à remettre en doute, mais la façon dont a été mené le travail'.
L'avocat est convaincu de cela, comme le démontre sa question très pertinente : pourquoi s'est-on limité à interroger aux étages inférieurs, évitant de monter plus haut jusqu'au sommet ' 'On cherche après les cadres commerciaux, administratifs, le chauffeur, la secrétaire mais pas le cadre politique', entonne l'avocat. Il rappelle, à son tour, 'la grave violation de la convention maghrébine, et non seulement algéro-marocaine, dont la conséquence est de ternir la crédibilité de l'Algérie'. Lui aussi arrive à la conclusion que l'expertise tant louée par le procureur n'a fait que donner des informations vagues. 'On parle des allers-retours de chèques sans pour autant donner des précisions. Mieux, l'expert n'a même pas fait un rapport sur sa mission. Il n'a pas fait son devoir. Le constat est lourd : des insuffisances graves dans l'expertise. Pour preuve, on reproche à mon client la création de sociétés fictives alors que celles-ci existent bel et bien légalement', dira-t-il, avant de terminer en s'adressant aux jurés : 'Interpellez vos consciences sur les accusations portées à l'encontre de mon client et de toute cette affaire.' Une conclusion qui en dit long et renseigne, un tant soit peu, sur la complexité d'une affaire qui continue de nourrir une énigme.
A F


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