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AERONAUTIQUE-DEFENSE: Vers un accord France Allemagne à minima



Lors du Sommet franco-allemand du 16 octobre, certains malentendus devraient être levés notamment en matière d'exportation d'armes et de coopération terrestre.
Mais l'élan espéré par les industriels ne sera pas encore au rendez-vous. L'Allemagne parviendra-t-elle à rassurer la France lors du prochain conseil des ministres franco-allemand qui se tiendra à Toulouse ce mercredi 16 octobre ' Paris espère a minima une série de petits pas allemands pour donner corps aux ambitieux projets de coopération militaire annoncés à Meseberg en juillet 2017 . Angela Merkel a elle-même souligné, dans sa vidéo hebdomadaire ce samedi, l'importance d'avancer sur le char et l'avion du futur. Tour d'horizon des sujets sensibles.

Le Bundestag bloque les crédits du SCAF
Mais n'en déplaise aux présidents de Dassault et d'Airbus, qui ont réclamé par courrier la semaine dernière de mettre les gaz sur le programme du Système de combat aérien futur (Scaf), le Parlement allemand freine toujours au décollage. Au point que le doute s'installe au plus haut niveau sur la volonté ou non de Berlin de véritablement coopérer avec la France. Le Parlement allemand a ainsi refusé d'aller de l'avant sur le projet d'avion de combat du futur , un programme placé sous leadership français, tant qu'il n'avait pas obtenu des avancées sur le futur char de combat - programme placé, lui, sous leadership allemand. Il n'a ainsi débloqué que 5 millions d'euros sur la petite tranche de 32,5 millions de crédits promise lors du salon du Bourget. " Le financement allemand a été retardé par la procédure budgétaire du Bundestag ", confirme-t-on chez Airbus. Or pour réellement démarrer les travaux sur le système - avion de combat, moteur, connectivité, vecteurs aériens non pilotés -, Airbuset Dassault attendent la notification d'une nouvelle tranche de crédits de 220 millions d'euros, le financement des études de démonstration.

Nexter, KMW et Rheinmetall font la paix pour le char
Tout dépendra du déblocage du dossier terrestre. Les pressions exercées par le groupe allemand Rheinmetall pour diriger ce dernier en prenant le contrôle de Krauss Maffei Wegmann (KMW), ont dans un premier temps gelé le projet imaginé dans le cadre de l'entreprise franco-allemande KNDS, détentrice de Nexter et de Krauss Maffei Wegmann.
Rheinmetall a finalement abandonné l'ambition d'être chef de file et les deux pays se sont mis d'accord sur la création d'une " Combat project team " de 18 personnes, placée sous direction allemande, qui se chargera de piloter le projet. Et bientôt d'attribuer une étude d'architecture et de concept répartie en 9 lots au trio Nexter, KMW et Rheinmetall. Avec la promesse de respecter à terme le principe d'une charge de travail égale entre la France et l'Allemagne. " De notre point de vue, il n'y a plus de blocage, puisque les trois industriels se sont entendus ", explique un cadre.

Les poussées protectionnistes du Parlement allemand
Mais il faut là encore convaincre le Bundestag, qui doit avaliser toute dépense supérieure à 25 millions d'euros pour l'armée allemande (Bundeswehr). Certains députés jouent la montre pour favoriser leur industrie. Une poussée de protectionnisme qui inquiète. Ainsi, dans le secteur des moteurs aéronautiques, alors que Safran et MTU se sont mis d'accord sur la répartition des tâches, certains députés réclament désormais une prise de leadership pour MTU. Ce que refuse Safran. " Il y a un accord paritaire, négocié et accepté par les deux industriels, sur lequel nous ne changerons rien ", entend-on chez Safran.
La question des exportations
Les négociations menées en parallèle sur les exportations relèvent en principe d'un accord intergouvernemental. L'utilisation arbitraire de certains embargos en Allemagne a semé la méfiance. L'embargo allemand sur les ventes d'armes en Arabie Saoudite a ainsi failli faire couler quelques PME stratégiques en France. Le rétablissement de la confiance passe donc par l'établissement d'une règle du jeu claire. L'Allemagne aurait dit oui depuis septembre à une règle de minimis : tout équipement dont la part allemande dans le prix de vente est inférieure à 20 % pourra être exporté sans demander la permission. Mais cette règle ne s'appliquera pas à toutes les armes. Sont exclus de l'accord les armes légères et de petit calibre ou les missiles, sujet difficile pour le missilier européen MBDA.

La menace SPD
Paris est d'accord pour cet accord technique sur les exportations mais s'inquiète du rôle joué par le partenaire minoritaire de la coalition au pouvoir en Allemagne, le SPD, tenté de compenser sa faiblesse électorale par des surenchères. D'autant qu'au Bundestag, il n'y a, à l'inverse de Paris, pas de sentiment d'urgence sur ces questions. En France, la volonté d'assurer une autonomie stratégique en disposant d'armement de pointe made in Europe est au contraire de plus en plus aiguë. A contrario, pour la première fois, la France et l'Allemagne sont tombés d'accord pour mettre un embargo sur les ventes d'armes à la Turquie. Une réaction coordonnée liée à l'attaque turque en Syrie.
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