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Accouchement dans l'avion Oran-Grenoble



Accouchement dans l'avion Oran-Grenoble
Depuis quelque temps, il n'est question que de catastrophes aériennes. De centaines de morts au cours d'un vol. Alors, quand un être humain vient à la vie à bord d'un avion, l'événement mérite d'être signalé. Il a été rapporté par le quotidien El Moudjahid. Cela s'est passé samedi dernier. L'avion de Tassili Airlines, un boeing 737-800, qui venait de décoller de l'aéroport d'Oran faisait route sur Grenoble en France. Peu de temps après et en survolant Palma de Majorque, une passagère fut prise des contractions qui précédent l'accouchement. C'est le personnel de cabine qui l'aida, en plein vol, à mettre au monde son bébé. Devant cette situation inattendue, le commandant de bord a décidé de changer de cap et de rejoindre l'aéroport Houari Boumediene d'Alger. Les pompiers, avertis, attendaient la maman et le bébé qu'ils ont transportés à l'hôpital de Belfort à El Harrach pour l'indispensable prise en charge médicale. Aux dernières nouvelles, le bébé et la maman se portent bien. Comme le cas est rarissime, la compagnie aérienne a décidé que le bébé (une fillette) voyagerait gratuitement sur ses vols jusqu'à l'âge de 12 ans. Pour la maman, une réduction de 50% sur le prix du billet lui a été accordée. Des cadeaux pour le bébé ont également été remis au père. Voilà pour les faits. Au-delà de l'aspect insolite de ce genre de circonstances, au-delà même des questions qui se posent sur la réglementation en vigueur, nous optons pour une réflexion autour de certaines absurdités qui entourent la condition humaine. Il paraît évident que les parents avaient pour but de faire «naître» leur enfant à l'étranger. Les cas sont suffisamment nombreux pour ne pas accabler ceux dont il est question aujourd'hui. Laissons de côté les questions de forme et creusons un peu plus au fond. Si le choix du lieu de naissance peut relever d'une décision humaine et n'être contrarié qu'exceptionnellement comme pour le bébé qui est né à Alger au lieu de Grenoble, l'homme ne maîtrise pas deux choses essentielles sur sa venue au monde. Il ne peut choisir ni ses parents ni son sexe. Deux éléments fondamentaux que l'on retrouve souvent (et malheureusement) à l'origine des guerres et de l'adversité éternelle entre la femme et l'homme. Deux éléments autour desquels l'homme s'est inventé une race, une ethnie, un clan et le sexisme en autant de causes pour détruire et se détruire au cours de son bref passage sur terre. Sans pousser à une grande réflexion philosophique et pour peu que l'on se donne la peine de constater notre incapacité à être en la compensant par le vouloir être, on se donne les moyens de mieux comprendre quelques absurdités avec lesquelles nous vivons. Parmi ces absurdités, nous citerons le régionalisme bien entretenu par certaines parties pour nous enferrer dans des divisions aux dégâts incalculables. Qui peut dire comment et pourquoi il est né «Oranais», «Algérois» ou «Kabyle»' Qui peut dire comment et pourquoi il est né «citadin» ou «rural»' Qui peut dire la différence biologique entre toutes ces «origines» qui n'existent que dans les petits esprits' Ce qui se passe à Ghardaïa en est, présentement, l'illustration la plus désolante. La plus tragique. Dans la crise que vivent nos concitoyens dans cette région, une évidence devrait s'imposer à tous. Tous les conquérants qui se sont succédé dans l'histoire de notre pays durant des siècles avaient assis leurs pouvoirs sur ce système de divisions qu'ils ont érigé en mode de gouvernance. Après l'échec de l'Emir Abdelkader, seule la révolution du 1er Novembre 1954 a pu casser cette malédiction. Sans moyens au départ et avec la seule volonté d'un peuple enfin uni et rassemblé, la victoire a été enfin possible. Et si aujourd'hui des tentatives de divisions réapparaissent, comme à Ghardaïa, le doute n'est pas permis sur les intentions et les objectifs poursuivis. L'intelligence humaine oblige à ne pas tomber pieds et poings liés dans ces manoeuvres d'un autre âge. Il y a une merveilleuse chanson du cheikh Rabah Driassa qui gagnerait à être diffusée plus souvent. «Tu me dis Sahraoui, je te réponds Djazaïri, tu me dis Oranais, je te réponds Djazaïri, tu me dis Kabyle, je te réponds Djazaïri,...» assènent avec beaucoup de passion les paroles de la chanson de ce grand artiste. L'avantage d'une chronique est qu'elle permet ce genre de digression. Elle permet, à partir d'un lieu de naissance insolite, de toucher du doigt le non-sens de certaines contingences fabriquées de toutes pièces par des esprits malfaisants. Elle permet de neutraliser le cri de la mort par le cri de la vie. Longue vie au bébé du vol «FL 380» de la Tassili Airlines!zoume6@hotmail.com


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