Bradbury aux Trois Marabouts
Personnage digne de Fahrenheit 451,ce bibliothécaire anonyme a préservé la mémoire littéraire du bûcher dressé par l?ex-FIS. Durant toute la journée, cela n? a été que congratulations et félicitations chaleureusement échangées. Tout un chacun, passant par l?immense place du village, s?est fait un devoir de le complimenter de la réouverture de sa bibliothèque retapée à neuf par la direction de la culture. A Trois Marabouts, pays du vignoble de cuve, c?était l?évènement du jour. Cet heureux homme, c?est Laroussi Abdelkader, 52 ans, exclu du collège à une année du BEG mais qui en est sorti amoureux des livres. Pour preuve, au village, il reste celui qui a pris le risque de sauver de l?autodafé 4000 ouvrages en 1991. C?était du temps du FIS. Aujourd?hui, on lui en sait gré mais à l?époque, il avait été bien seul, lui, modeste employé de la commune à braver les nouveaux maîtres de la municipalité. C?était par hasard, qu?il découvrit des agents chargeant une remorque de centaines de livres destinés au feu. Ces livres, dont Laroussi ignorait l?existence, sortaient des archives de la commune où ils étaient entreposés depuis la fermeture de la bibliothèque populaire de Trois Marabouts au lendemain du 5 juillet 1962. Il se précipita chez l?élu chargé de la culture. Ce dernier lui signifia que les livres en question c?est du « la yajouz ». Mais, à force de ténacité, il obtient le droit de les emporter chez lui avec cependant l?interdiction absolue de les mettre en circulation. Du coup, sa famille vivra à l?étroit durant quatre années du fait des dizaines de cartons débordant de livres. La dissolution de l?APC-FIS intervenue, il les aligna enfin dans la bibliothèque municipale d?où le majliss echourra du FIS venait d?être expulsé. Car, depuis 1991, Laroussi ne disposait plus que d?un exigu couloir où s?amoncelaient les ouvrages. Puis, le séisme de décembre 1999 ayant démoli la bâtisse, Laroussi ré-emménage au sein des premiers locaux où la bibliothèque avait été rouverte en 1979. La reprise est bonne mais jusqu?à cette année 2004, il devait se battre contre la pluie, dont les infiltrations l?obligeaient à passer la nuit avec ses livres, à les déplacer d?un endroit à un autre pour les sauver de la destruction. Sa satisfaction ? Ce sont les collégiens et lycéens qui viennent nombreux travailler et lire. Son bonheur est de leur offrir les sources documentaires qui leur manquent pour leurs exposés. Il ne veut pas qu?ils soient exclus du système scolaire, comme lui, avant terme. Il s?impose même d?emprunter chez des particuliers un ouvrage ou un autre qu?il n?a pas pour les élèves. Chez Laroussi, on trouve également beaucoup de revues gratuites, même celles du FMI, auxquelles il s?est abonné au profit de ses lecteurs. Mais, il lui manque encore beaucoup de livres pour être comblé. Alors de grâce, ceux qui en ont, à l?instar de M. Amine Zaoui, qu?ils lui en fassent un colis. L?adresse est à Sidi Ben Adda, wilaya de Aïn Témouchent.
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Posté Le : 16/12/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kali M.
Source : www.elwatan.com