« A Sétif, l'artiste est marginalisé » Amine Zorgane. Illusionniste

Illusionniste, comédien et peintre sur céramique, Amine Zorgane, ce jeune de 24 ans est un artiste atypique. Malgré la sous-médiatisation et l'indifférence des responsables, le magicien, qui s'est frayé un chemin, a bien voulu nous livrer certains secrets'
- Comment devient-on illusionniste '

Mine de rien, je cumule plus de 10 années d'expérience. C'est grâce à des amis -illusionnistes de Bejaia, à savoir Karim Salhi et Abdelghani Djebara que j'ai consolidé mes tours de magie. J'ai à mon actif plus de 100 spectacles qui n'ont pas été hélas médiatisés. L'extraordinaire accueil du public a compensé l'absence des médias.

- Peut-on avoir une idée sur votre répertoire et palmarès '

Les 20 tours de mon répertoire sont destinés distinctement aux enfants et au public adulte. En plus du jonglage avec les boules, bouteilles, chapeaux et flambeaux, le jeu de cartes est mon autre spectacle favori. Mes passages à Tunis en 2010 et Lattaquié (Syrie) ont impressionné un public connaisseur. Le 2e prix national (Gil Chabab/ ENTV 2012) a été décroché quelques mois après le prix du meilleur spectacle à Bejaia (2011).

- L'adage disant que nul n'est prophète en mon pays, me sied parfaitement.
Comment '

A Sétif, les créateurs et les artistes qui ne disposent pas de «managers» devant faire la promotion de la médiocrité et du plagiat, sont marginalisés. Pour preuve, mon travail a été non seulement reconnu mais récompensé dernièrement par le wali de Mila qui a donné son accord pour l'organisation d'un festival national de la magie. L'indifférence des responsables de Sétif, ne me décourage pas pour autant. Dire que le wali donne une grande importance au secteur de la culture qui tourne paradoxalement le dos à ses meilleurs éléments'

- Quel est le secret de votre réussite '

L'agilité des doigts nécessite un entraînement quotidien de plus de 6 heures. Le travail continu est à l'origine des performances réalisées. L'agilité compense le manque de matériel qui n'est pas à la portée de mes moyens limités. Il faut savoir qu'un jeu de carte coûte entre 40 et 50 Euros. Pour passer à un autre palier, il nous faut un matériel spécifique d'une valeur de 3 millions de dinars. Sans aide, encouragement et subvention des pouvoirs publics, interpellés pour aider les jeunes artistes créateurs, on est bloqué.

- Quels sont vos projets présents et futurs '

J'ai créé pas moins de 7 tours (jeu de cartes). En ce moment, je perfectionne des tours américains qui sont très demandés par une grande partie du public. Le milieu scolaire, où les enfants ont plus besoin de moments d'évasion, est fermé au magicien.
Je profite d'une telle opportunité pour lancer un appel aux responsables de la direction de l'éducation de la wilaya pour nous ouvrir leurs portes et celles des établissements scolaires. Sans soutien, on ne peut aller de l'avant. L'avenir ne se construit pas avec du vent '