Algérie - Revue de Presse


Il aura donc fallu attendre la veille de l'élection présidentielle et l'engagement sans surprise du président à briguer un troisième mandat pour que les « bonnes nouvelles » soient servies aux Algériens. En l'espace de quelques semaines, le pouvoir en place semble avoir miraculeusement retrouvé de l'entrain et de la visibilité quant aux échéances économiques et politiques à venir. Il se paye ' c'est le cas de le dire ' un subit accès de générosité, trop euphorique et tapageur cependant pour pouvoir duper son monde.L'Algérie n'a donc plus à se tracasser de l'érosion de ses recettes pétrolières puisque le président candidat affirme injecter 150 milliards de dollars pour financer le développement durant les cinq prochaines années.Les masses laborieuses pourront, pour leur part, compter sur une augmentation des salaires dès que le président sera réélu, tandis que d'ores et déjà les étudiants voient leurs misérables bourses bondir au-delà des 4000 DA. Idem pour les franges démunies dont les pensions sont triplées, alors que les dettes des fellahs ' ou ceux présentés comme tels ' sont simplement épongées et transférées sur le Trésor public.Des mesures que rien ne laissait présager tant que le rendez-vous de la présidentielle pointait comme une lointaine échéance constitutionnelle et qui sont ainsi annoncées, via force shows électoralistes, juste après que le candidat président se soit décidé enfin à rompre le semblant de suspense sur ses intentions. Curieux timing qui veut ainsi que la série de « gratifications » soit communiquée lors même où le Conseil constitutionnel validait les candidatures de concurrents dont l'opinion sait mesurer les ancrages respectifs et dont l'engagement passe pour une contingence anecdotique de l'inexorable avancée du supercandidat vers son troisième mandat.Voilà un candidat dont les gestes amples s'accompagnent de prodigalités à l'endroit des électeurs potentiels face à des postulants qui, au-delà de la marge de man'uvre qui leur est consentie, attendront le modique 1,5 milliard de frais de campagne pour vendre leur image.Il est vrai que les manquements aux règles de la compétition politique ne se comptent plus depuis au moins la révision constitutionnelle de novembre dernier, date tout compte fait de la véritable déclaration de candidature de Bouteflika.Tout se passe comme si ce coup de force réussi, sans bruit et sans forme significative d'opposition, le pouvoir politique n'avait plus à s'encombrer de formes dans une Algérie qui n'a jamais connu de phase aussi aboulique politiquement depuis l'ouverture démocratique. Que les ressources du pays soient convoquées pour épaissir la stature du candidat président, que ses posters géants ornent les murs de la capitale et des autres villes du pays bien avant l'ouverture de la campagne, que ses représentants monopolisent les plateaux de télévision, que ses soutiens se confondent avec les institutions censés observer la neutralité' rien ne semble plus choquer dans un contexte politique gagné par la résignation.Le procédé a néanmoins cette vertu subsidiaire, piètre consolation certes, de renseigner on ne peut plus clairement sur l'état d'esprit des tenants du pouvoir et de leur intention assumée de clore définitivement la fameuse parenthèse démocratique. D'appeler, cela dit, ce qui reste de forces politiques d'opposition à assumer leur vocation.



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