Algérie - A la une

Dans les pays démocratiques, on ne peut pas imaginer l'organisation d'un scrutin sans le recours, incontournable, aux techniques de sondage d'opinion qui permettent de mesurer les intentions de vote de l'électorat et les chances des formations politiques et des candidats à la veille d'une consultation électorale. Presque au jour le jour, les instituts de sondage, dont la compétence et l'indépendance sont reconnues, offrent aux citoyens des résultats d'enquêtes d'opinion affinées, reflétant l'état de la cartographie politique avant le jour J. Décriés lorsque les résultats ne sont pas à l'avantage d'un candidat ou d'un parti politique, il demeure que la classe politique, dans sa diversité et sa pluralité, se montre très attentive aux échos qui parviennent des instituts de sondage.En Algérie, les sondages à caractère politique restent encore à inventer. Près d'un quart de siècle après l'instauration du pluralisme politique dans notre pays, rien n'a été fait pour favoriser, dans la pratique politique, l'introduction de cet outil indispensable de mesure des comportements électoraux. Il y a chez nous comme une lourde appréhension, une phobie des sondages politiques qui ne dit pas son nom. Les initiatives prises en la matière par certains médias, dont El Watan, à l'occasion de précédents scrutins, n'avaient pas été du goût des acteurs politiques mal notés par les sondages en question. On avait crié à la manipulation pour minimiser la portée des chiffres publiés et leur impact sur l'électorat avant que les résultats officiels des votes ne viennent conforter les prévisions des sondages d'opinion.
Dans les pays démocratiques où la tradition des sondages est solidement ancrée, lorsqu'un sondage d'opinion est réalisé par un institut indépendant, respectable et respecté, jouissant d'une compétence et d'une crédibilité reconnues, il n'est jamais démenti sur le terrain. Les écarts qui peuvent surgir entre un sondage et un autre sont généralement insignifiants et ne remettent jamais en question les tendances lourdes révélées. Le terrain électoral ainsi balisé dissuade toute velléité de fraude. C'est sans doute pour cela que le pouvoir, en Algérie, n'est pas près de s'ouvrir aux sondages d'opinion politique.
Mais existe-t-il un régime au monde qui pourrait se passer des sondages d'opinion ' Si au plan officiel et institutionnel on s'accommode fort bien de ce déficit en communication politique en période électorale, il n'empêche que le pouvoir ne se prive pas, par le truchement de ses officines, de commander ses propres sondages «top-secret» pour se faire une idée de l'état de l'opinion en période électorale ou à l'occasion d'autres événements sensibles. L'absence de sondages d'opinion crédibles et indépendants favorise les spéculations et les surenchères politiques qui se multiplient à la veille du scrutin annonçant, sur le ton de la certitude, chiffres à l'appui, la victoire de tel parti ou de tel courant. C'est ce que font avec un grand matraquage des esprits les représentants du courant islamiste et d'autres formations politiques traditionnelles, qui jurent que la victoire ne pourra pas leur échapper.
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