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À chacun son consensus !


À chacun son consensus !
Lorsqu'ils recherchent le consensus, sous toutes ses formes, large, général, absolu, parfait, dynamique, dur ou mou, les politiques algériens, de l'opposition ou du pouvoir, aboutissent souvent, pour ne pas dire tout le temps, au... dissensus ! Situation paradoxale, mais singulièrement algérienne. Illustrée depuis la dernière élection présidentielle par l'incapacité du pouvoir à réunir le consensus autour de son projet de révision constitutionnelle. Et caractérisée aussi par l'impuissance de l'opposition organisée ou représentée par des figures marquantes qui agissent en solo, à aboutir à un consensus au sujet d'une transition démocratique dans le pays ou de réformes démocratiques dans la continuité du même pouvoir.Que disent alors les dicos et les manuels de science politique au sujet du «consensus» ' De manière globale, le consensus est un accord entre parties diverses, à distinguer cependant de l'unanimité qui met en évidence la volonté manifeste de tous les membres dans l'accord. Un consensus caractérise l'existence au sein d'un même groupe d'un accord général, tacite ou manifeste, positif et unanime pouvant permettre d'agir ensemble sans qu'il y ait forcément vote préalable ou délibération particulière. Bien qu'il désigne en principe un accord positif et unanime, le «consensus» possède aussi des sens dérivés consacrés par l'usage. Il y a donc consensus quand on admet qu'une opinion est largement partagée. Soit parce qu'une forte majorité penche en faveur de cette opinion, soit qu'elle repose sur le constat d'absence d'une opposition réelle ou sérieuse. Dans la pratique, le consensus est un accord unanime ou quasi unanime, qui se démarque d'un accord majoritaire. Consensus est, par définition, un mot latin signifiant «accord», au sens de «sentiment commun». Il a été lexicalisé dans la langue française au XIXe siècle sous le sens de «large accord». À contrario, le mot latin dissensus, bien qu'il n'apparaisse pas dans les dictionnaires, est utilisé pour désigner soit l'échec d'une recherche de consensus, soit l'attitude qui consiste à vouloir opposer les différentes opinions sans chercher pour autant à les rapprocher.Plutôt que dans le consensus, c'est dans le dissensus que les politiques algériens excellent en fin de compte, bien malgré eux ou à l'insu de leur plein gré, comme aurait dit la marionnette du cycliste qui se dope dans une célèbre émission de télé parisienne. Sinon comment expliquer que les uns et les autres recherchent activement, de bonne foi et avec la meilleure volonté du monde, à être consensuel, mais, souvent, chaque partie de son côté ' En politique, à chacun donc son consensus en Algérie. C'est ce qui est arrivé au pouvoir qui n'a pas voulu ou pu convaincre l'opposition la plus représentative d'adhérer à sa démarche de révision de la Constitution, ou, au minimum, à donner ses propres points de vue que le même pouvoir aurait, peu ou prou, pris en considération. Même échec pour l'opposition, regroupée au sein de la Cnltd, la Commission nationale pour les libertés et la transition démocratique qui compte des opposants de différentes sensibilités dont des islamistes légalistes et réputés modérés. Même insuccès pour le «Pôle du changement démocratique» que l'ancien candidat à l'élection présidentielle, Ali Benflis, veut conduire et incarner. Même bide pour le FFS qui peine à convaincre de la perspicacité et de l'efficacité de son idée de réunir une conférence sur un «consensus national» pour une «sortie de crise et une «transition démocratique».Chaque partie, semble donc juger sans trop le savoir elle-même, qu'elle est plus sagace que les partenaires invités à se joindre à elle. Ça a l'air de fonctionner sur le mode «vos idées sont bonnes, mais pas aussi bonnes que les miennes qui doivent finalement prévaloir». C'est-à-dire, réunir le consensus que j'aurai moi-même favorisé, avec vous, mais cependant tout seul ! Cette façon de penser et d'agir rappelle ce qu'un éditorialiste avait écrit en 1993, alors que les services de sécurité algériens peinaient à agir ensemble et dans le même sens contre le terrorisme islamiste alors en phase ascendante. Ce confrère, évoquant une réunion de concertation devant aboutir à un travail coordonné sur le terrain, avait écrit, en guise de conclusion : «désormais, les services de sécurité coordonneront chacun de son côté» ! Et c'est le cas de le dire aujourd'hui, pouvoir et opposition recherchent le consensus, mais chacun de son côté.Cette incapacité des politiques à s'entendre sur un PPMC ou un PPDC, à savoir un Plus petit multiple commun ou, à défaut, un Plus petit dénominateur commun, ne leur est toutefois pas propre. Elle caractérise généralement les Algériens souvent inaptes à travailler ensemble, à mutualiser les moyens et les énergies et à développer des synergies pour faire aboutir un projet commun. Pour défendre le Bien commun. Chez les politiques, cette impuissance à s'entendre sur un minimum dynamique, qui est bien entendu une culture acquise, s'appelle le «zaïmisme». Cette maladie typiquement algérienne du leadership, de l'égocentrisme, de l'autoritarisme et du paternalisme qui, en Algérie, peut être aussi un paternalisme féminin. N'est-ce pas Mesdames Louiza Hanoun du PT et Khalida Messaoudi ex-gauchiste du RCD 'N. K.


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