Algérie - A la une

A bon entendeur...
Ils ont voté ou pas. Ont soutenu le Président ou l'un de ses adversaires. Les universitaires, comme leurs compatriotes de tous bords, n'ont pas échappé à la fièvre électorale. Depuis le début de la campagne pour la présidentielle, l'Université algérienne a repris la parole. Elle qui était frappée de mutisme de longues années durant a fait entendre ses positions. Rassemblements d'enseignants pour dénoncer la candidature du Président élu, naissance de nouveaux comités d'étudiants en faveur d'un candidat ou d'un autre, manifestations devant les établissements du supérieur.La population universitaire a brisé, le temps d'une élection, l'espace réduit dans lequel une politique de frustration et de marginalisation l'a forcée à se complaindre. Des chercheurs, des enseignants et des étudiants ont investi la scène médiatique pour porter d'autres projets que ceux relatifs à leurs préoccupations socioprofessionnelles. Ils ont parlé de politique. Peu importe leur choix de candidat, leurs convictions personnelles ou leurs sensibilités idéologiques. Ils ont osé briser publiquement un tabou pesant. Démythifier une chasse gardée réservée aux seuls initiés, autorisés par les donneurs d'ordre. Ils ont démystifié par la rhétorique scientifique un système politique qui ne subsiste pourtant que dans l'opacité. Voir des étudiants impliqués corps et âme dans la campagne électorale est une aubaine quels qu'en soient les objectifs affichés ou tus.C'est en forgeant qu'on devient forgeron, il y va de même pour les politiciens. Et mieux vaut une Assemblée populaire nationale dominée par des universitaires intéressés, s'il en est, que d'opportunistes sans connaissances. L'issue du scrutin a déçu. Beaucoup d'Algériens faisaient grise mine. Les universitaires ne sont pas en reste. Le lendemain, étudiants et enseignants dénoncent un taux de participation gonflé, accusent l'administration de fraude ou de favoritisme pour le Président réélu. Ils disent leur frustration à qui veut les entendre. Mais peu importe, pourvu qu'ils dénoncent, accusent et disent. Car le changement (de système politique) souhaité par tous les candidats à l'élection du 17 avril 2014, y compris par ceux qui ont géré (ou plutot «dys-géré») l'Algérie les trois derniers mandats, ne peut avoir de conséquences salutaires qu'une fois porté par l'élite de la Nation. Et cette élite naît des bancs de l'Université. Grâce à la présidentielle, les universitaires ont repris conscience de leur force. Une dynamique est née des échanges et des contestations.Cette prise de conscience doit être prise en considération. Le Président réélu ou son entourage sont tenus d'écouter attentivement la voix de l'Université. Car bien assimilée, elle est porteuse de sagesse. L'ignorer, c'est provoquer sa fureur. N'oublions jamais que toutes les révolutions du monde sont nées de l'Université. Notons juste que trois jours après ces élections, des étudiants de Tizi Ouzou, comme leurs collègues de Bouira ou de Béjaïa, ont tenté une marche commémorative du Printemps berbère. C'était juste une manifestation pour le souvenir. L'empêcher à mis la ville à feu et à sang. A bon entendeur?


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