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5 Juillet 1962, le jour le plus beau


5 Juillet 1962, le jour le plus beau
Pour comprendre l'indescriptible explosion de joie du peuple algérien, ce jour-là, il faut explorer la profondeur de son désespoir durant plusieurs siècles. C'est l'explosion de joie d'un peuple qui découvre subitement que l'espoir existe. Qu'il est possible à l'homme de réaliser des exploits...Témoignages. Cette semaine, le week-end sera long. Beaucoup feront le pont car dimanche prochain c'est la Fête de l'indépendance. On a choisi, pour fêter ce 53ème anniversaire de la libération du pays, de «faire taire les armes». On ne vous parlera donc pas de combats, de la puissance de feu de l'armée coloniale, du courage et de l'héroïsme des combattants de l'ALN. On ne vous parlera pas de la guerre de Libération nationale. Tout simplement. A chaque anniversaire il n'est question que de cela. Si tout le monde ne sait pas tout, faute d'écriture de l'Histoire, chacun en sait assez par les films et les écrits des acteurs sur la lutte de Libération nationale commencée le 1er Novembre 1954. On a choisi, d'aborder le pourquoi des lourds sacrifices consentis par le peuple algérien durant huit longues années. Pourquoi après un siècle et demi, quelques Algériens ont décidé, au prix de leur vie et avec très peu de moyens, de déclencher la guerre contre l'occupant' Convaincus que la réponse à cette question se trouve dans la vie quotidienne des Algériens durant la colonisation, notre choix s'est donc porté, cette année, à rapporter à ceux qui ne savent pas et rappeler à ceux qui savent, la vie que nous imposait la colonisation. Plutôt l'enfer qui nous était imposé car les Algériens n'ont commencé à vivre, à exister, que depuis le 5 juillet 1962. Pour comprendre l'indescriptible explosion de joie de tout le peuple algérien, ce jour-là, il faut explorer la profondeur du désespoir qui s'était installé en lui durant plusieurs siècles. C'est l'explosion de joie d'un peuple qui découvre subitement que l'espoir existe. Qu'il est possible à l'homme de réaliser des exploits quand il y met sa volonté et sa détermination. Les 22 Algériens qui ont décidé, dans le secret en 1954, de passer à la lutte armée, avaient compris deux choses essentielles que personne n'avait encore saisies avant eux. Ni le colonisateur ni la plupart des colonisés non plus. Les 22 avaient compris d'abord qu'il était vital d'en finir avec la division du peuple savamment entretenue par l'administration coloniale. Des tribus se faisaient la guerre.Des régions se dressaient contre d'autres régions. Le but était de fragmenter le peuple algérien et donc anéantir sa puissance démographique. Le processus fonctionnait tant et si bien que c'est cette division des Algériens qui a fait triompher l'armée coloniale contre l'Emir Abdelkader. Les 22 en ont tiré les leçons. Ils présentent ainsi leur action: «Notre mouvement de rénovation se présente sous l'étiquette de FRONT DE LIBERATION NATIONALE, se dégageant ainsi de toutes les compromissions possibles et offrant la possibilité à tous les patriotes algériens de toutes les couches sociales, de tous les partis et mouvements purement algériens, de s'intégrer dans la lutte de libération sans aucune autre considération» (extrait du message du 1er novembre 1954). Le FLN écrit en majuscule dans le texte original démontre l'importance accordée par les pères de la révolution au rassemblement et à la cohésion nationale. La deuxième chose essentielle étant l'effet d'entraînement que pouvait avoir sur un peuple enfin réuni, le sacrifice suprême des meilleurs de lui-même. C'est ce qu'a expliqué, aux journalistes, le chahid Larbi Ben M'hidi lors de son arrestation en 1957. Lui et ses compagnons avaient eu cette vision de génie que personne ne soupçonnait. Une vision de génie qui aboutit à l'indépendance. «Il est vrai, la lutte sera longue mais l'issue est certaine» avaient-ils écrit dans le même message du1er Novembre 1954. La plupart d'entre eux étaient morts au combat, le 5 juillet 1962. Ils n'ont pas assisté à la joie de l'indépendance retrouvée. Ils n'ont pas pu voir leur pays enfin libéré. 53 ans après ils ne peuvent toujours pas voir comment vit le peuple pour lequel ils sont morts. Ce peuple qu'ils ont contribué à libérer de l'esclavage. De la soumission. De la faim. Du froid. De l'injustice. De l'humiliation. De l'ignorance. Ils ne verront pas qu'aujourd'hui tous les Algériens habitent de vraies maisons. Qu'ils mangent à leur faim. Qu'ils s'habillent chaudement et même élégamment. Ils ne verront pas qu'aujourd'hui les Algériens possèdent des voitures et que même les femmes conduisent. Ils ne verront pas que tous les enfants vont à l'école.Que les universités algériennes forment des millions d'étudiants. Ils ne verront pas tout ce développement. Ils savaient qu'ils allaient au-devant de la mort. Ils l'ont dit en ces termes: «Quant à nous, résolus à poursuivre la lutte, nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la patrie.» Ce testament de nos chouhada devrait être toujours présent dans nos esprits. Nous leur devons la liberté, le confort, la santé, les loisirs, nous leur devons de nous avoir rendu notre dignité d'hommes et de femmes libres. Notre dette envers eux est immense. Tellement immense que ce serait les trahir que de ne pas rester unis pour défendre le pays pour lequel ils sont morts. La moindre désunion serait aussi un ticket pour le retour en enfer d'avant le 5 juillet 1962. Impensable pour un peuple aussi averti et aussi vaillant!zoume6@hotmail.com


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