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4e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) : Onze accords de coopération signés à Paris



Onze accords de coopération entre l'Algérie et la France ont été signés jeudi à Paris, en présence des Premiers ministres des deux pays, Ahmed Ouyahia et Edouard Philippe, à l'issue de la 4e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN). Les onze accords concernent les secteurs de l'économie, de l'enseignement supérieur, de la formation professionnelle, de la santé, des PME et de la Culture. Les deux parties ont conclu, dans le cadre du partenariat stratégique voulu par les hautes autorités des deux pays, une convention de partenariat relative à la création de filières de formation d'excellence des métiers de l'énergie, de l'électricité et des automatismes industriels. Dans la même optique, une déclaration d'intention a été signée par le Groupe PSA-Peugeot, le ministère algérien de la Formation et de l'Enseignement professionnels et le ministère français de l'Education nationale, portant création, à Oran, d'un centre de formation pour les métiers de l'automobile.Sur le plan de l'enseignement supérieur, les deux pays ont convenu d'une convention cadre relative au à la recherche-formation et la recherche sur la langue française et les expressions francophones (LaFEF).
Ce réseau, créé par convention passée le 4 décembre 2011 entre les deux pays, prend la suite du programme intergouvernemental Ecole doctorale algéro-française de Français (EDAF) dans le cadre d'une formation diplômante (magistère et doctorat) pour l'encadrement universitaire algérien.
Dans le même contexte, une autre convention cadre a été conclue concernant le réseau mixte des écoles (RME), qui compte parmi ses membres 16 écoles nationales supérieures algériennes, 15 écoles préparatoires algériennes et 7 écoles françaises d'ingénieurs.
Le RME vise la professionnalisation des écoles nationales supérieures algériennes grâce à la mise en réseau avec des écoles françaises d'ingénieurs.
Deux autres accords dans le domaine de la santé ont été signés. Il s'agit d'un protocole d'accord entre le groupe Sanofi Pasteur et le groupe Saïdal pour la production de vaccins et d'un accord pour la production de produits oncologiques et de santé familiale en Algérie par le laboratoire Ipsen, dont des médicaments sont présents dans plus de 115 pays à travers le monde.
Au plan culturel, trois accords ont été signés entre l'Algérie et la France. Il s'agit de la reconduction de la convention entre les Centres nationaux du livre (CNL) des deux pays pour la période 2018-2020, d'un accord de coopération entre l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle d'Alger (ISMAS) et l'Ecole régionale d'acteurs de Cannes (ERAC), un établissement de formation supérieure au métier de comédien, et d'une convention annuelle d'application entre l'ISMAS et l'ERAC pour la période 2017-2018. Sur le plan des Petites et moyennes entreprises (PME), un protocole de coopération a été passé entre le Club des entrepreneurs et industriels de la Mitidja (CEIMI) et la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME Auvergne Rhône-Alpes).

Renforcement du partenariat
Le renforcement du partenariat économique et l'identification de nouvelles perspectives d'investissement constituent la toile de fond du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN).
Le CIHN, qui est un instrument de pilotage du partenariat d'exception algéro-français, a été instauré à la faveur de la visite officielle en Algérie en décembre 2012 du président français François Hollande.
La 1ère session tenue à Alger en décembre 2013 et a été couronnée par la signature de neuf accords de coopération alors que la 2ème session s'est déroulée à Paris au mois de décembre 2014.
Cette session du CIHN intervient moins d`un mois après la tenue à Alger de la quatrième réunion du Comité mixte économique franco-algérien (COMEFA), d'une part, et au lendemain de la visite d'amitié et de travail du président français, Emmanuel Macron en Algérie, d'autre part.
Les relations algéro-françaises ont connu une nouvelle dynamique ces dernières années, notamment depuis la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en 2000, en France et celle du président Hollande en Algérie en 2012.
Depuis ce rendez-vous, la coopération algéro-française a franchi un "saut qualitatif" en passant des relations commerciales à des relations ou il y a des unités de production dans divers domaines.
Cette évolution a été concrétisée notamment par l`instauration d'un dialogue politique et l'ouverture de nombreuses pistes de partenariat français en Algérie ciblant plusieurs secteurs.
Dans ce sens, l'Algérie et la France ont signé à l'occasion de la 4ème session du COMEFA à Alger trois accords de partenariat et de coopération économiques. Les accords concernent les secteurs de l'Industrie automobile, l'agroalimentaire et l'électricité. Il s'agit d'un pacte d'actionnaires entre le Groupe PMO Constantine, le Groupe Condor, la société Palpa Pro et PSA Peugeot pour la production des véhicules en Algérie et d'un protocole d'accord pour la mise en place d'un consortium à l'exportation des fruits et légumes du pays ainsi que d'un partenariat dans le domaine des produits agricoles Bio, et ce, entre les Sociétés Agrolog et Agromed.
Les deux parties ont également signé un pacte d'actionnaires entre le groupe public Elec El Djazair et le Groupe Schneider dans le domaine de la fabrication des équipements électriques de basse, moyenne et haute tension.
Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, avait indiqué, à cette occasion, que le COMEFA constituait "une étape importante" pour la préparation de la 4ème session du CIHN.
Il a considéré, par la même occasion, que les relations d'ensemble et la coopération économique entre l'Algérie et la France sont substantiellement développées et étoffées, assises sur un socle solide d'intérêt mutuel et orientées vers un avenir appelé à donner lieu à une coopération encore étroite. A rappeler que la France est présente en Algérie avec 450 entreprises qui assurent 40.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects.
Sur le plan des échanges commerciaux, il est observé qu'en 2016, la balance commerciale entre les deux pays s'est soldée par un déficit du côté de l'Algérie qui avait exporté l'année dernière pour 3,19 milliards de dollars vers la France contre une importation de l'ordre de 4,74 milliards de dollars, soit un déficit de 1,55 milliard de dollars.
Une évaluation des investissements français en Algérie, entre 2002 et 2016, fait état d'un total de 158 projets d'investissements qui ont été déclarés auprès de l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI) pour un montant de l'ordre de 340 milliards de DA (mds DA) et devant générer quelque 22.000 emplois.
Ces investissements sont concentrés dans quatre secteurs: l'industrie (85 projets déclarés d'un montant de 285 mds DA), les services (42 projets de 30,6 mds DA), les BTPH (15 projets de 2,6 mds DA) et le tourisme (7 projets de 18,3 mds DA).

Une "dimension particulière"
Le premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé jeudi à Paris que la 4ème session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN) revêt une "dimension particulière" pour consolider le partenariat d'exception liant les deux pays, tout en se félicitant des résultats réalisés durant l'année 2017 en matière de coopération bilatérale. "Le rendez-vous du CIHN revêt une dimension particulière dans le sens où il permet de cultiver ce partenariat d'exception mis en place par les deux pays depuis cinq ans", a déclaré M. Ouyahia lors de la conférence de presse conjointement animée avec son homologue français, Edouard Philippe, à l'occasion de la tenue du 4ème CIHN.
Relevant que la présente réunion est "importante" dans la mesure où elle vient de "couronner beaucoup de rencontres et de résultats enregistrés durant l'année 2017", M. Ouyahia a souligné que cette session arrive également au lendemain de la visite du président français, Emmanuel Macron mercredi en Algérie.
M. Ouyahia a déclaré qu'"au-delà des différentes questions liées à la coopération entre les deux pays, la rencontre a permis aux responsables algériens et français d'aborder les questions qui intéressent les deux pays, à savoir la lutte antiterroriste au Maghreb et en Europe, la stabilité et la sécurité dans la région".
Il a également évoqué la "nécessite" pour les deux gouvernements de "faire davantage de percée" en matière de coopération bilatérale, notamment en perspective de la prochaine visite d'Etat qu'effectuera le président français en Algérie, ajoutant que les deux gouvernements "doivent également préparer le document cadre pour les cinq années à venir (2018-2022) dans le sens où celui englobant la période 2013-2017 "tire à sa fin". Interrogé sur l'accord algéro-français de 1968 relatif à la circulation, à l'emploi et au séjour des ressortissants algériens et de leurs familles, M. Ouyahia a annoncé la signature prochaine d'un document annexe pour "gérer une catégorie de population qui n'est pas couverte par l'accord, à savoir les jeunes qui viennent en France et qui ne sont considérés ni comme étudiants ni comme travailleurs".
Il a estimé que "cela se passe globalement bien pour les étudiants algériens en France et aussi pour les retraités dont la situation est gérée au mieux".

Sécurisation du Sahel
L'Algérie déploie des efforts "considérables" pour la sécurisation de la région du Sahel, a indiqué le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, soulignant que l'Algérie a des "barrières constitutionnelles" l'empêchant d'intervenir militairement au-delà de ses frontières. "Pour la sécurité au Sahel, l'Algérie déploie des efforts considérables", a déclaré M. Ouyahia. Soulignant que l'apport de l'Algérie pour la sécurisation du Sahel "s'exerce dans le cadre des relations bilatérales avec les pays concernés", il a rappelé l'existence, depuis une décennie, d'une "coordination militaire et sécuritaire entre l'Algérie et les pays voisins".
Interrogé sur une probable adhésion de l'Algérie à ce qui est appelé le "G5 Sahel", M. Ouyahia a indiqué que l'Algérie a des "barrières constitutionnelles" empêchant ses forces militaires d'intervenir au-delà de ses propres frontières. Il a ajouté qu'en matière des efforts "nécessaires" pour la restauration de la paix dans les pays de la région, l'Algérie "travaille de concert avec des parties de la communauté internationale au sein de laquelle la France occupe une place particulière". Par la même occasion, le Premier ministre a souligné que "quelle que soit la nationalité de chacun de nous, nous sommes en train de combattre le même ennemi contre lequel l'Algérie a payé un lourd tribut", ajoutant que l'Algérie "n'a pas cessé de dire qu'il s'agit d'un ennemi qui ne reconnaît ni les frontières ni les nationalités".

Volonté commune de "construire l'avenir"
Pour sa part, le Premier ministre français Edouard Philippe, a souligné, la volonté commune entre la France et l'Algérie de "construire un avenir très prometteur" entre les deux pays.
"La 4e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) se tient à Paris dans un contexte particulier, intervenant au lendemain de la visite d'amitié et de travail du président Emmanuel Macron en Algérie qui avait pour objectif d'accélérer la coopération entre la France et l'Algérie", a-t-il indiqué dans une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia, à l'issue des travaux du CIHN.
Pour lui, le contexte bilatéral, même s'il est "complexe parfois", reste cependant "très prometteur". Il a qualifié les entretiens qu'il a eus avec le Premier ministre algérien de "directs" et de "chaleureux", soulignant "la volonté commune d'avancer" dans la coopération entre les deux pays. Il a énuméré dans ce sens trois axes pour une "page nouvelle" dans les relations bilatérales. Il s'agit de la formation professionnelle et de l'emploi des jeunes, la paix et la sécurité dans la région du Sahel et un partenariat économique "très ambitieux". Il a indiqué que suite à la visite du président français en Algérie, il s'agit désormais de mettre en application les propositions et les accords entre les deux parties, renforcer le partenariat dans le domaine universitaire et de la formation professionnelle et développer la densité du partenariat économique.
En matière d'investissement et de soutien financier aux projets économiques, il a précisé que les deux parties sont en train de réfléchir sur la proposition d'Emmanuel Macron, faite mercredi à Alger, pour la création d'un fonds d'investissement franco-algérien qui permettrait d'"accompagner les entrepreneurs algériens investissant en France et les entrepreneurs français désireux de se rendre en Algérie". Par ailleurs, le PM français est revenu, au cours de son intervention, sur la coopération sécuritaire entre les deux pays, soulignant la "nécessité d'un travail conjoint, collectif et en confiance" dans la lutte contre le terrorisme en Méditerranée et au Sahel. La 4e session du CIHN s'est tenue jeudi à Paris sous la co-présidence des deux Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Edouard Philippe.
Le CIHN, rappelle-t-on, est un cadre mis en place à la faveur de la Déclaration d'Alger sur l'amitié et la coopération entre l'Algérie et la France, signée en décembre 2012, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et l'ex-président français, François Hollande, à l'issue de la visite d'Etat en Algérie de ce dernier.
La session du CIHN est précédée par les travaux du COMEFA (Comité mixte économique franco-algérien) qui se sont tenus le 13 novembre dernier à Alger et ont été couronnés par la signature de trois accords de partenariat et de coopération économiques. A l'occasion de cette session, les membres des deux délégations ont arrêté le nouveau document cadre de partenariat (DCP) pour la période 2018-2022. Celui qui arrive à son terme allant de 2013 à 2017, et signé en 2012, avait défini les grands axes de la coopération, tels que le renforcement du capital humain, le développement économique durable, la bonne gouvernance, la modernisation du secteur public et le renforcement de la coopération décentralisée.
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