Algérie - Algérie-Chili

40 ans de la disparition de Salvador Allende, grand ami de l’Algérie


40 ans de la disparition de Salvador Allende, grand ami de l’Algérie
C'était aussi un 11 septembre mais à Santiago du Chili, en 1973. Le général Pinochet renverse le président socialiste Salvador Allende lors d'un putsch militaire. Les avions du futur dictateur bombardent le palais présidentiel. C'est le début d'un régime de terreur long de quinze ans qui fera des milliers de disparus et d'exilés.
On sait aujourd'hui que cette prise du pouvoir par Augusto Pinochet a été menée avec le soutien actif de la CIA. Il aura fallu trente ans pour que la vérité éclate enfin les rapports de la CIA ayant été rendus publics en 2000 à la demande de Bill Clinton. Et cette vérité est loin d'être assumée par la nation américaine, cette fois dans le rôle de complice et non pas de victime.

Les relations avec l'Algérie de Boumediene

Dès 1970, date de son élection à la tête de la république chilienne, Allende avait vu en Houari Boumediene le partenaire africain et arabe idéal. le leader chilien effectua une visite à Alger en décembre 1972, la seule en monde arabe et en Afrique. Le président algérien le met en garde contre ses opposants soutenus par les États-Unis, "l'armée chilienne est infiltrée par la CIA", lui expliqua Boumediene. Le président chilien, incrédule, ne l'avait pas trop pris au sérieux en arguant que son pays est une véritable démocratie.

La crainte de Boumediene devient une réalité le 11 septembre, deux jours après le putsch, Boumediene envoie une lettre de condoléances à la veuve d'Allende et le 29 septembre, le ministre algérien des affaires étrangères, A. Bouteflika déclare, en recevant l'ambassadeur chilien démissionnaire, que l'Algérie ne reconnaîtra pas le nouveau régime issue de la junte militaire.
La fille d'Allende arrive à Alger dès le 5 octobre et plus tard elle sera suivie par des dizaines d'opposants chiliens qui choisissent l'Algérie comme terre d'asile pour militer contre le régime totalitaire de Pinochet.

Le régime de Pinochet a son tour "satanise" l'Algérie ainsi que les états socialistes et ceux du Tiers monde qui se sont opposés a lui. Il construit un grand mur de censure, brule les livres, change les textes des livres et des manuels scolaires et censure les médias. La rupture était totale : la révolution algérienne ainsi que l'Algérie disparaissent du Chili !!

Dernier message d'Allende à Boumediene

Le dernier message adressé par le Président Salvador Allende au Président Houari Boumediene, alors président de la 4ème conférence au sommet des pays Non Alignés, un certain 4 septembre 1973 :

" C'est avec un grand regret, que je dois vous informer qu'il ne me sera pas possible de participer à la conférence des chefs d'Etat des pays Non Alignés qui se tiendra dans votre patrie.

Des circonstances graves, auxquelles je ferai bientôt référence, m'empêchent d'accomplir le désir et le devoir de m'unir aux représentants de tant de pays avec lesquels nous partageons des idéaux et des aspirations communs, pour aborder ensemble une tâche qui, j'en suis convaincu, revêtira une importance historique.

Mes regrets sont d'autant plus vifs qu'il ne me sera pas donné de visiter à nouveau votre beau pays ni de renouer les conversations que nous avons eues il y a quelques mois et de renforcer encore l'amitié fraternelle qui s'était instaurée entre nous à cette occasion.

Nul ne sait mieux que vous-même, Monsieur le Président, à la lumière de l'expérience acquise par votre peuple héroïque, combien il est difficile de transformer des sociétés fondées sur l'injustice, l'exploitation et la discrimination en des Etats qui garantissent le respect de la dignité humaine, la libération nationale de tout joug politique ou économique et qui soient capables de lutter contre la concomitance de secteurs privilégiés dans nos propres pays avec les grands intérêts étrangers. En un mot, combien il est difficile de se défendre contre l'impérialisme qui se manifeste sous des formes nouvelles mais chaque jour plus dangereuses.

Vous avez, Monsieur le Président, pleinement triomphé dans une entreprise de cet ordre. C'est précisément dans la même voie que je me trouve engagé.

A l'heure actuelle, mon gouvernement fait l'objet de dures attaques de la part de forces qui défendent leurs privilèges avec acharnement et qui sont aidées de l'Etranger par l'impérialisme, incarné plus particulièrement par les grandes entreprises transnationales et leurs protecteurs. La volonté unanime de mon peuple a mis un terme à l'exploitation abusive de nos ressources de base, ce qui s'est avéré intolérable pour ces entreprises motivées uniquement par le lucre et la puissance. Pour cette raison, les difficultés auxquelles nous devons faire face actuellement m'obligent à engager tous mes efforts dans cette lutte dont je ne doute pas que le Chili sortira victorieux. D'où l'impossibilité pour moi de m'absenter de mon pays à cette heure, ce qui, je tiens à vous en assurer, est cause pour moi de regret et de déception. l'Amérique latine sera représentée de façon beaucoup plus complète que lors d'occasions précédentes. Je suis certain qu'ainsi elle sera mieux en mesure de contribuer à l'obtention de résultats conformes à nos espoirs. Les pays de cette région ont compris que leur avenir dépendait de l'élimination de toute dépendance économique dictée de l'extérieur. Ils ont également compris qu'il était nécessaire qu'ils s'associent de plus en plus étroitement avec les autres pays en voie de développement pour participer à la consolidation définitive de la paix mondiale, pour éliminer le colonialisme, le racisme et la discrimination, pour transformer la structure des relations économiques et commerciales entre le monde de l'opulence et celui de la pauvreté et du besoin, en imposant une division internationale du travail juste et humaine dans l'intérêt des grandes majorités nationales, ce qui n'est pas le cas actuellement. Je me ferai représenter à la conférence des chefs d'Etat par mon ministre des Affaires Etrangères, M. Clodomiro Almeyda MEDINA. Je vous prie de le considérer comme mon envoyé spécial. A la tête de la délégation du Chili, il défendra les principes et initiatives qui ont été approuvés à Lusaka et à Georgetown. Nous savons que la détente mondiale, qu'il convient d'encourager, offre de grandes possibilités d'action au mouvement des pays non alignés.

Le Chili appuiera toute mesure tendant à resserrer les liens existant entre les membres du mouvement dans les domaines politique et économique. Nous attachons une grande importance au renforcement des associations productrices de produits de base des pays en voie de développement et à la création d'une institution destinée à favoriser leurs relations commerciales, techniques et financières, conformément aux décisions adoptées lors de la réunion préparatoire qui s'est tenue récemment à Santiago du Chili. " *


* lettre que Bouteflika lira lors de l'allocution au déjeuner offert par les présidents du sénat et de la chambre des représentants chiliens durant sa visite officielle au Chili en mai 2005



Merci beaucoup pour cet article et la lettre. Est-ce que vous avez disponible des rèportages de la télèvision algérienne de l'époque de la visite faite par Salvador Allende à Alger?
Alfred Giannantonio - agronome - PARMA, Italie

07/06/2015 - 261541

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