100 dinars à 50
On a longtemps débattu de l?incapacité des Algériens à construire une économie viable, c?est-à-dire un système constructif créateur de valeur ajoutée pour tous et d?emploi pour chacun. Ce qui est vrai. Ce qui n?est pas vrai, par contre, c?est l?absence d?ingéniosité des opérateurs économiques algériens. Pendant que les directeurs d?entreprises publiques auraient réussi à contracter 5 milliards de dollars de dettes par incompétence auprès d?organismes étrangers et qui seront à terme remboursés par l?Etat, donc le contribuable, des importateurs privés ont trouvé un commerce juteux : importer des pièces de 100 DA. Fabriqués en Asie sur la base d?un modèle de pièce (investissement 100 DA), ces containers de pièces sont amenés en Algérie au prix de 30 DA l?unité, auxquels on ajoute 10 DA de frais de transport et 10 DA pour le douanier aveugle. Une pièce de 100 DA revient sur cette base à 50 DA ; et sur un container de 5 000 000 de pièces, on imagine le bénéfice. Ces importateurs, dont plusieurs d?entre eux ont été récemment arrêtés, ont donc trouvé l?astuce de l?année : au lieu de s?embêter à acheter des produits, les dédouaner, trouver des distributeurs, des revendeurs, des grossistes et des demi-grossistes, ils ont préféré acheter de l?argent. Pourquoi acheter de la marchandise alors qu?on peut importer directement de l?argent ? Il y a certainement une médaille à décerner à ces importateurs qui ont réussi ici à opérer ce raccourci financier extraordinaire. Le revers de cette médaille est à reverser au crédit de l?Etat. La Banque centrale algérienne ayant décidé de faire des économies, elle a confectionné des pièces de 100 DA en alliage très léger, avec une vague gravure d?animal comme souvent, puisque aucune personnalité humaine et historique n?est consensuelle, et a ouvert la voie à tous les trafics.
Posté Le : 14/02/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com