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Salim Rebrab : «L'informel et la législation sont à notre désavantage» Actualité : les autres articles


Salim Rebrab : «L'informel et la législation sont à notre désavantage»                                    Actualité : les autres articles
-Numidis dispose d'une chaîne de quatre hypermarchés. Parlez-nous de votre expérience dans le domaine de la grande distribution'
Initialement, Cevital s'est lancé dans cette activité pour deux raisons. La première était une réaction à l'évolution du marché informel. Nous ne voulions pas perdre le contact direct avec le consommateur. Donc, nous voulions apporter un service supplémentaire. C'était aussi un challenge pour nous. La grande distribution s'est développée dans l'ensemble des pays développés et il fallait absolument qu'elle le soit aussi en Algérie. Nous étions convaincus que ce n'était pas aux étrangers de le faire, mais qu'il fallait qu'un opérateur ou des opérateurs nationaux puissent initier ce type de projet. C'est aussi une volonté de diversification. C'est un métier très difficile, parce que c'est un métier de service qui a besoin d'une logistique parfaite, de fournisseurs avisés et armés d'une rigueur extraordinaire.
En moyenne, nous avons 40 métiers dans un hypermarché. Aujourd'hui, nous sommes satisfaits du chemin que nous avons accompli, même s'il reste beaucoup de choses à faire. Cependant, nous sommes un peu déçus, car nous n'avons pas une grande visibilité par rapport au problème du foncier et à la réglementation qui n'est pas stable. Nous n'arrivons pas à développer des surfaces adéquates. A Alger par exemple, nous sommes toujours à la recherche d'assiettes foncières pour d'autres projets. Cela nous pénalise dans notre quête de participer à la régulation.
-Quel serait l'impact de votre chaîne de commercialisation sur certains aspects de l'économie, dont la création d'emplois et la promotion du produit national '
Par hypermarché, nous avons créé environ 300 emplois directs. Il y a trois ans, nous étions seulement à 600 emplois avant d'atteindre, aujourd'hui, quelque 1500 personnes. C'est une croissance importante. Nous avons également créé des emplois indirects à travers les fournisseurs, les prestataires de services et les sociétés de nettoyage et de gardiennage. En direction de nos fournisseurs locaux, nous leur donnons la possibilité d'avoir un contact direct avec le consommateur. Notre rôle n'est pas d'être intermédiaires, mais des créateurs d'affaires. Ceci dit, dans un hypermarché, nous ne pouvons pas vendre que des produits nationaux. Il y a des produits qui sont inexistants, d'où le recours aux produits importés. Nous avons deux stratégies ; à court terme, nous voulons favoriser les PME ou les grandes sociétés à se rapprocher du consommateur, afin qu'elles comprennent mieux ses demandes et puissent adapter l'offre aux attentes. A moyen terme, nous allons vendre des produits importés en créant de la demande.
-Comment comptez-vous consolider votre position sur le marché de la grande distribution, notamment avec l'arrivée d'autres concurrents, dont Ardis et le centre commercial de Bab Ezzouar, qui entendent ouvrir plusieurs autres espaces de loisirs et de commerce '
Je précise que Numidis est dans l'hypermarché. Les centres commerciaux relèvent d'une autre activité. Nous ne sommes pas des concurrents avec le centre commercial de Bab Ezzouar, mais plutôt un client. Nous sommes les plus avancés et nous avons le réseau le mieux développé. Ceci dit, la concurrence est toujours la bienvenue. Cela nous permet d'avoir un benchmark. Pour Numidis, ce n'est pas par rapport aux concurrents que nous allons avancer, mais plutôt par rapport à notre plan stratégique.
-Dans le secteur de la grande distribution, l'Algérie est à la traîne par rapport aux pays voisins. Quelles en sont, selon vous, les raisons '
D'abord, il y a un déficit criant en foncier qui est un vrai casse-tête pour tout investisseur. Ensuite, le marché de l'informel et la législation, fiscale surtout, sont à notre désavantage et constituent un véritable frein à notre développement. Il y a aussi le fait que la grande distribution soit un nouveau métier. Et puis, il y a un manque flagrant de professionnalisme chez les fournisseurs. En dernier lieu, il y a toutes les difficultés à obtenir les autorisations pour importer les produits. Tout cela nous freine et laisse à la traîne par rapport aux pays voisins. En un mot, le marché de la grande distribution est embryonnaire en Algérie. Son développement dépendra de l'environnement et de la volonté de l'Etat à faciliter ou pas ce développement. En théorie, il y a une volonté à le faire, mais en pratique, il y a du chemin à faire. C'est l'éternel débat qui rappelle le décalage entre le discours et la réalité du terrain.
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