Retards et gestion opaque des couffins du Ramadhan L'aide aux familles nécessiteuses n'arrive pas toujours à destination

Comme chaque année, les autorités locales traînent le pas pour remettre aux familles démunies le couffin du Ramadhan, occupées à préparer d'autres opérations en relation directe avec les élections locales sinon complètement désintéressées du fait de la fin de leur mandat. Au mouvement associatif de remplir alors cette mission et se charger lui-même de la distribution des aides alimentaires! Non pas celles inscrites sur le budget des APC mais d'autres venant de donateurs anonymes, de simples citoyens qui restent fidèles aux principes et aux traditions de la société algérienne. Les couffins de l'APC viendront après, quelques jours avant l'Aïd. Peut-être qu'ils ne viendront jamais parce que remis à d'autres, des proches et des amis de ceux qui sont chargés par le maire d'appliquer le programme sur le terrain. En attendant, c'est le Croissant-Rouge algérien (CRA) qui se manifeste à l'occasion et propose ses services'quoi qu'on dise de lui et des nombreux cas de «vol» qui marquent sa contribution. «La distribution des couffins de Ramadhan se fera à domicile ou au niveau des locaux du CRA», a déclaré le secrétaire général de l'organisation, Lahcène Bouchakour, jeudi à Alger, non sans rassurer
que cela se fait, «en préservant la dignité des citoyens». Selon ce responsable, plus de 12 000 bénévoles sont mobilisés pour toute la période du Ramadhan pour justement assurer la distribution des dons alimentaires mais aussi apporter leur contribution à la gestion et à l'animation des restaurants dits de la Rahma.Selon les dires de ce même responsable, cette opération de solidarité du mois de Ramadhan, «se fera en coordination avec les autorités publiques, les communes et les directions de l'action sociale (DAS)». Le CRA est présent dans les 48 wilayas du pays et compte 35 000 bénévoles, rappellera-t-il. Interrogé sur le nombre des restaurants de la Rahma, le représentant du CRA indiquera que le nombre n'est pas fixé du moment qu'il peut augmenter d'un jour à un autre, sur la demande des bienfaiteurs qui proposent leur argent et leurs biens matériels. Dans un premier temps, précisera le même responsable, «la wilaya d'Alger ouvrira 10 restaurants le premier jour du Ramadhan pour atteindre 17 le troisième jour». Une moyenne de 150 à 200 repas sera servie dans chaque restaurant. Ne faisant plus confiance aux comités du CRA dans leur gestion des aides alimentaires, des donateurs parmi les opérateurs privés et les bienfaiteurs anonymes se décident de prendre en charge directement ce genre d'opération. Ils désignent eux même les personnes à occuper le terrain pour les besoins de l'action sinon prennent attache avec ceux qu'ils considèrent plus crédibles. Jeudi dernier, dans un village des montagnes de Tizi Ouzou, une forte mobilisation citoyenne a permis aux familles démunies, du village et ceux des contrées avoisinantes, d'avoir leurs «colis» alimentaires, d'une valeur moyenne de 5 000 DA chacun, avant l'annonce même du début du mois sacré du jeûne. Exclusivement concernés par cette action, louable à plusieurs titres, les femmes sans ressources et les orphelins. «Nous sommes très rigides sur la question. Nous avons notre base de données et nous ne remettons les aides qu'aux personnes qui sont vraiment dans le besoin» confie un des jeunes, ayant participé activement à l'opération, depuis l'acheminement des produits alimentaires à partir de la ville de Tizi Ouzou jusqu'à leur arrivée dans les foyers. «Ce n'est pas seulement pour notre village mais pratiquement pour tous les autres qui composent notre commune. Parfois même deux autres qui nous sont plus proches. Raison pour laquelle nous comptons dans le groupe des jeunes des autres localités» poursuit-il. L'événement s'est déroulé dans une ambiance bon enfant, dans la joie et la satisfaction totale, malgré les problèmes de circulation automobile et la chaleur insoutenable. Action collective et concertée, organisation parfaite et accueil favorable des familles concernées. Loin de toute polémique sur un éventuel détournement des aides.
K. M.