Alger - Revue de Presse

Réforme de la Ligue arabe



Un parlement et une peur bleue de la démocratie La session extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères, dont les travaux se sont tenus au Caire jeudi dernier, a fourni les grands traits de la réforme devant toucher la Ligue des Etats arabes. Cette réunion, à laquelle ont pris part 16 ministres sur les 22 initialement attendus, a approuvé en effet le projet de création d?un parlement arabe transitoire - en prévision de la mise en place d?un parlement arabe permanent - et convenu de l?amendement de certaines clauses de la charte de la Ligue arabe. Les délégations ministérielles absentes à cette session extraordinaire sont celles du Koweït, de l?Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis, de la Syrie, du Liban et des îles Comores. Malgré l?importance de l?ordre du jour de la rencontre du Caire, ces pays se sont contentés, sans fournir d?explications, de se faire représenter par leurs délégués permanents. Une fois définitivement ficelés, ces projets seront, rappelle-t-on, soumis au prochain sommet des chefs d?Etat de l?organisation panarabe, le 22 mars prochain à Alger. En ce sens, il est prévu que les ministres arabes des Affaires étrangères se revoient une dernière fois au Caire, avant le rendez-vous d?Alger, pour apporter la dernière touche à ce dossier des réformes. Au titre des résolutions déjà prises, il est à signaler que le parlement arabe transitoire prévu d?être créé aura son siège à Damas (Syrie) et comprendra quatre représentants de chaque pays. La nouvelle institution, d?une durée de vie de cinq ans, aura à se pencher, notamment, sur « les dangers menaçant la sécurité arabe », les problèmes économiques et sociaux et les questions liées aux droits de l?homme. S?agissant de l?amendement de certains articles de la charte de la Ligue arabe, outre le nouvel article portant création du parlement arabe, un amendement a été introduit sur un alinéa de l?article 6 concernant la prise de décisions du conseil, notamment pour repousser une quelconque attaque contre un Etat arabe. L?amendement proposé donne ainsi la possibilité au conseil de la ligue de se contenter, le cas échéant, des voix des deux tiers de ses membres pour avaliser ses décisions. Le principe de la délibération par consensus est néanmoins maintenu. A souligner que l?élaboration du texte de la Ligue arabe remonte à 1945, date de la création de l?organisation. Fortes résistances au changement En dehors de ces deux points, il est à signaler que la session extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères de la Ligue arabe n?est pas parvenue à trancher la question des propositions relatives aux modalités de vote et à l?instance de suivi des résolutions et engagements. A ce propos, la prochaine session des ministres arabes des Affaires étrangères se propose d?essayer une nouvelle fois de convaincre de l?utilité de ces propositions. Eu égard à la forte opposition qu?elles rencontrent, il est peu probable cependant que les « suggestions » en question - destinées pourtant à « dérouiller » les leviers de décision de l?organisation panarabe et à impulser « une nouvelle dynamique à l?action arabe commune » - soient adoptées. La Ligue des Etats arabes réformée ne sera également pas dotée d?une cour de justice et d?un conseil de sécurité et de paix, comme souhaité par certaines capitales. Officiellement, le rejet (par l?Arabie Saoudite et Oman) de ces projets est motivé par le souci de ne pas alourdir davantage les charges financières de la ligue. Le tollé général soulevé par le projet de réforme globale de la ligue comprenant l?introduction du principe d?un secrétariat général tournant, proposé par l?Algérie, rend compte toutefois d?une immense crainte de la plupart des Etats à engager une réelle démocratisation de l?organisation panarabe. La sentence pourrait probablement paraître trop sévère. Elle n?en demeure pas moins proche de la réalité lorsqu?on sait que bon nombre de pays arabes ne sont pas encore dotés de parlements ou de Constitutions. Cela se vérifie aussi à travers la longévité de certains dirigeants aux commandes de leur pays. C?est ainsi que les immenses espoirs suscités chez les opinions arabes par l?annonce d?un projet de réforme de la ligue en 2004 rendent, pour ainsi dire, insignifiantes les conclusions des travaux de la session extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères qui se sont tenus jeudi au Caire. Les fortes résistances enregistrées après les propositions algériennes annoncent d?ores et déjà aussi que le rêve démocratique du monde arabe risque de mettre beaucoup plus de temps que prévu pour se réaliser. Le feuilleton de la réunion du Caire montre, à ce propos, que le rendez-vous d?Alger ne devrait être qu?une étape de la longue marche du monde arabe vers la démocratie. Et compte tenu des fortes dissensions opposant actuellement certaines capitales arabes, réussir le projet de réunir tous les dirigeants autour d?une même table serait déjà une véritable prouesse.





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