Alger - Revue de Presse


Le voyage égyptien du Président Bouteflika aura eu un double impact : discuter avec son homologue, Hosni Moubarak, des questions bilatérales, notamment la relance de la coopération économique, et approfondir la discussion autour des questions arabes de l'heure. Et, l'actualité arabe ne prête guère à l'optimisme. Aux divergences graves et profondes entre chefs d'Etat même, il y a tous les problèmes politiques qui minent depuis des années les relations inter-arabes. Le chef de l'Etat aurait discuté avec le président égyptien de la crise libanaise, mais surtout, des divergences profondes entre l'Egypte et la Syrie, accusée par les uns et les autres d'être le principal élément de cette crise qui perdure. Le Liban, on l'aura compris, est au coeur de tous les problèmes qui lézardent une belle cohésion inter-arabe, du moins côté vitrine. Car, en fait, les pays arabes ne se sont jamais mis d'accord sur une solution globale à la crise libanaise, et par extension aux divergences qui minent ses partis politiques et la gestion des camps de réfugiés palestiniens. Aujourd'hui, les Libanais, fortement soutenus par les Etats-Unis et la France, du bout des lèvres par Israël, accusent la Syrie d'être derrière tous les coups tordus, notamment l'assassinat du Premier ministre Rafik Hariri, et de soutenir une opposition politique pro-syrienne, source de toute la violence post-Hariri. Le Président Bouteflika, qui dispose encore de relations fortes tant dans les milieux politiques que d'affaires au Liban, est présenté comme étant capable de rapprocher les points de vue dans ce dossier, l'un des plus délicats et les plus «chauds» du Proche-Orient. Car la chute de Beyrouth sonnerait le glas de la paix dans cette région. D'autant que les Libanais, entre eux, jouent depuis les années 80 à se détester, sur le plan religieux, politique et économique. Au Caire, les discussions entre les chefs d'Etat algérien et égyptien auront ainsi abordé cette si délicate phase politique que traversent nombre de pays arabes, et plus particulièrement la région. Car si l'Egypte avait laissé les Palestiniens pénétrer son territoire lors du blocus israélien de cet hiver, il n'en demeure pas moins qu'elle détient, avec la Jordanie, une des clés de résolution de la question palestinienne. Il y a également cette demande de médiation qu'auraient formulée les autorités syriennes, et particulièrement Bachar Al Assad, auprès du Président Bouteflika pour rapprocher Damas du Caire, et mettre un terme à une brouille que les Syriens voudraient oublier, sinon ranger définitivement. Seulement, l'état des relations déplorables qui caractérisent le monde arabe n'est pas, ou ne peut pour le moment donner toutes solutions pour une nouvelle configuration de l'architecture d'un monde arabe nouveau. Le «flop» du sommet de Damas, qui aura démontré encore une fois une profonde divergence entre les chefs d'Etat, avec l'absence des monarques du Golfe, le Zaïm égyptien ou les responsables libanais, n'est pas de trop dans une crise inter-arabe qui ne fait que s'élargir. Dans ce cas, le voyage de Bouteflika au Caire, s'il est productif sur le plan des relations bilatérales, pourrait-il l'être sur celui de la difficile tâche de réconcilier des chefs d'Etat arabes devenus par la force des contingences et des accointances politiques et économiques des «frères ennemis». Bouteflika pourrait-il réconcilier, à lui tout seul, tous les chefs d'Etat arabes avec l'idéal d'un panarabisme éculé, dépassé ?
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