Sara Berretima est une scénariste algérienne reconnue pour son talent d’écriture et son aptitude à capturer les réalités sociales de son pays à travers des récits réalistes et percutants. Née à Touggourt, dans le nord-est du Sahara algérien, elle a grandi avec une curiosité marquée pour son environnement, qu’elle attribue à son enfance près du désert. Après des études en journalisme à l’université d’Alger, avec une spécialisation en audiovisuel, elle s’est d’abord lancée dans la presse écrite avant de se tourner vers le cinéma et la télévision, où elle s’est imposée comme une figure incontournable du paysage audiovisuel algérien.
Parcours professionnel
Sara Berretima débute sa carrière de scénariste dans les années 2010, collaborant sur plusieurs projets qui mêlent humour, drame et observation sociale. Parmi ses premières œuvres notables :
Taxi w khlass (2013), une série humoristique réalisée par Mohamed Sahraoui.
Nassi w bladi (2014), sous la direction du Tunisien Mohamed Damak.
Rayyeh djay (2015), avec le célèbre Mahmoud Zemouri.
Son premier grand succès vient avec El Khawa (2017), une série dramatique qui explore les dynamiques familiales et sociales en Algérie. Ce projet révèle son talent pour tisser des intrigues ancrées dans le vécu quotidien, lui valant une reconnaissance nationale et internationale. En 2019, elle participe à l’écriture de la série historique irakienne 100 ans Irak, produite par MBC, démontrant sa capacité à travailler sur des projets d’envergure régionale.
En 2020-2021, elle collabore pour la première fois avec le réalisateur Yahia Mouzahem sur Timoucha, une série diffusée pendant le Ramadan. Cette collaboration marque le début d’un partenariat fructueux, qui atteint son apogée avec El Dama en 2023.
El Dama : un succès retentissant
El Dama, diffusée pendant le Ramadan 2023, est sans doute l’œuvre qui consacre Sara Berretima comme une scénariste prodige. Cette série, centrée sur la vie dans le quartier populaire de Bab el-Oued à Alger, brille par son réalisme et son appropriation du langage de la rue. Elle a nécessité des mois de recherches anthropologiques et sociologiques, comme l’a expliqué Sara elle-même : « L’écriture m’a demandé plusieurs mois d’investigation […] sur la vie du quartier populaire de Bab el-Oued. » Le résultat est une fresque sociale où humour et drame se mêlent, captivant un large public et brisant les codes des séries ramadanesques traditionnelles souvent stéréotypées.
Le réalisateur Yahia Mouzahem loue son perfectionnisme et sa présence sur le tournage : « Sara sait exactement ce qu’elle veut. Elle veut faire un travail parfait et, surtout, très réaliste. » Il met également en avant son génie pour créer des personnages authentiques et leur donner des noms signifiants, fruit de ses observations dans des quartiers comme La Casbah et Bab el-Oued.
L’universitaire Habiba Laloui a salué son travail dans El Dama, notant qu’elle a su « travailler le langage de la violence et de la rue pour en extraire des dialogues au service d’une efficace écriture scénaristique », offrant ainsi une alternative à la « langue de bois » de la télévision publique algérienne.
Projets en cours
Sara Berretima ne compte pas s’arrêter là. Elle prépare actuellement deux projets ambitieux :
L’ombre des barreaux, son premier long-métrage pour le cinéma, qui explorera l’Algérie des années 1980, juste avant les émeutes d’octobre 1988, un tournant historique majeur.
Une série dramatique sur la vie de Fadila Dziriya, une icône de la musique populaire algérienne. Ce projet, qu’elle décrit comme une « fresque traversant cinq décennies », vise à rendre hommage à une figure du patrimoine artistique, social et politique du pays.
Style et impact
Le style de Sara Berretima se distingue par son empathie envers la société algérienne et sa capacité à traduire les nuances du vécu populaire en récits universels. Son écriture, nourrie de recherches approfondies, reflète une volonté de diagnostiquer les maux et les espoirs de son peuple. Comme elle l’a dit à propos de Timoucha : « J’ai insisté sur mon désir de l’adapter à notre société où l’humour et le drame se côtoient quotidiennement. »
En mars 2025, Sara Berretima continue de s’imposer comme une voix essentielle dans le paysage culturel algérien, portée par une ambition de raconter des histoires qui ne doivent pas rester « non racontées ». Son parcours illustre une détermination à faire du cinéma et de la télévision des miroirs fidèles et audacieux de la réalité algérienne.
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Posté Le : 14/03/2025
Posté par : frankfurter