Alger - Mohamed Betrouni

Parcours de Mohamed Betrouni



Interprète de chaâbi. Musicien itinérant dans les cabarets de la côte algéroise des années 70 et a vécu, dans son village, à Betrouna, en pionnier, les premières formations d’orchestres. Son aventure commence en 1963, au conservatoire municipal d’Alger, élève de Hadj el Anka et de Boudjemaâ el Ankis, aux côtés de Hacène Kayouane, Rahma Boualem et Tamache. Issu d’une famille de mélomanes, son oncle dit « Moh Taxieur » dans la Casbah lui avait offert une vieille guitare qu’il grattait, enfant, à longueur de journée. En 1965, à sa sortie du conservatoire, il monte en kabylie. A Tizi-ouzou, la chansonnette de l’école Kamel Hamadi, à travers la voix commune d’Aouhid Youcef, développait des thèmes à contre courant des réalités économiques et culturelles de l’Algérie. Ils seront renforcés au début des années 70, par d’autres chanteurs de la même école qui cultivaient auprès du public des comportements réactionnaires vis-à-vis de l’émancipation féminine, notamment : Asten asten, latetchali (La voilà qui vagabonde…) de Athmani, Mini jupe à Fatima de Slimani (opposée aux vertus de la robe traditionnelle). C’était également à cette époque que Taleb rabah chantait le « Nif corrompu, acheté par le vice » Souwaq yal Louiza… La radio locale diffusait ces chansons et le public en était friand. En 1971, Mohamed Betrouni est de nouveau à Alger. Au bar de l’avenue de Tripoli, il fait la connaissance d’Amar Sahir, un artiste chaâbi de cabaret qui connut un succès fugitif avec deux chansons : Ahlalu, Mostepha yarwa é Pernod (Mostepha est mort de Pernod) sur les aléas de l’émigration et Slam n Allah fellawen, nostalgie du montagnard happé par la ville. Avant l’avènement de Avava Inuva d’idir, la chanson kabyle algéroise sombrait dans le mimétisme en reprenant, poncifs en marge de leurs contextes, les thèmes de l’émigration, de la religion et de l’amour. La chanson de cabaret que Betrouni vécut de 1972 à 1976, reprenait par contre, les chants populaires du folklore kabyle et le genre moghrabi qui connut un succès certain dans les boites du Tout-Alger, payés au mois par les patrons, étaient de composante maghrébine : mahmoud Aziz au Copa Cabana était accordéoniste sous la direction de Lmounidj, un tatrariste tunisien. Sami el Djazaïri y était à la fois garçon de salle et chanteur. El Ghalia, au club « 71 » à Kheima Matares, chantait ses anciens succès de Paris sous la dierction d’Abdelkaed Laâma, d’origine marocaine, à Dar Essalem. Betrouni y adaptait les chants populaires anonymes vibrants et entrainants dans le genre de Ghani Ghani, ya tir areqman. Que reste-t-il de ce monde ? Pas grand-chose. La Santa Monica a été incendié en 1975 et la côte aux braises orientales de bordj el Kiffan a perdu l’allégresse de ses vagues dansantes au firmament. Il n’en reste de pistes que celles des terrains vagues. En tout cas, pour Betrouni, ce fut une époque.



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