Alger - Palais Rahet El Dey	(Commune de Bologhine, Wilaya d'Alger)

Palais Rahat Eddey : Un patrimoine livré aux aléas du temps


Palais Rahat Eddey : Un patrimoine livré aux aléas du temps
Plusieurs demeures somptueuses de l’ère ottomane avaient fait l’objet, au début des années 2000, de travaux de restauration, à l’image de dar Djenane Lakhdar (Madania), la villa Mahieddine, Djenane Raïs Hamidou (dite villa du Traité, sise à El Biar), fort de Bordj El Kiffan, le palais du dey Hussein, la villa Boulkine (daïra d’Hussein Dey), Villa Abdelatif... Mais faute de ressources financières conséquentes, les travaux de réhabilitation de certains monuments historiques vont cahin-caha, à l’image du site dit Bordj Mers Eddeban El Djadid (Raïs Hamidou) ou encore le palais dit Djenane Rahat Eddey, dont le chantier est sens dessus dessous et les herbes folles envahissent le site.

Cette demeure datant du XVIIIe siècle, une des plus anciennes villas extra muros d’Alger (fahs), fait partie de cet ensemble de sites historiques que certains responsables et le comité du Vieil Alger n’ont eu de cesse d’appeler – durant les années 1650-60 – de leurs vœux pour le sauver de la décrépitude, lit-on dans certaines correspondances. Enfoui au milieu d’une végétation luxuriante dans l’enceinte du lycée Djillali Ghanen (ex-collège de mécanique), qui s’ouvre sur une vue imprenable du côté de la Vallée des consuls, surplombant la baie ouest, cet édifice ottoman, contre lequel est dressé depuis une quinzaine d’années un échafaudage, nous édifie sur l’opération de réhabilitation. Pas plus. Désintérêt des pouvoirs publics ou faute de ressources financières ? On ignore en tout cas son destin et l’OGEBC (Office national de gestion et exploitation des biens culturels protégés) se montre «chiche» quant à l’information relative à ce palais, qui figure comme patrimoine à protéger. Nous avons osé une visite dans ce site. Le bâtiment est livré une nouvelle fois à l’outrage du temps. Nous avons peine à enjamber les monticules de remblai et d’herbes dures qui meublent l’entrée du palais. Des étais consolident le porche ogival ainsi que les voûtes du patio et quelques portiques en tuf qui donnent sur une galerie à deux travées. Dans les galeries ceinturant le patio (wast eddar), des rondins de thuya servant de solives gisent à même le sol devant des tomettes hexagonales en terre cuite entassées pêle-mêle. Quelques carreaux de faïence (zâlaïdj), prêts à céder, tapissent encore les colonnes qui ont peine à supporter les claveaux dont les lézardes laissent échapper la lumière du jour. Un décor qui donne le haut-le-corps. On nous apprend que Son Excellence l’ex-ambassadeur des Etats-Unis venait prendre le pouls de l’avancée de l’opération restauration, tout au début des travaux. Nous n’osons pas nous aventurer davantage. Le second niveau n’est pas assez solide pour supporter notre charge, nous avertit-on. Des pans de mur menacent ruine de l’ensemble du second niveau. Dans les abords de l’édifice, les herbes folles, qui «dévorent» le lieu, obstruent le passage, ce qui renseigne que le palais est abandonné à son triste sort depuis belle lurette. Aucune carte ni source historique ne permet de connaître avec exactitude l’origine de sa réalisation. Les archives disponibles, que nous avons réussi à «déterrer» au niveau de la direction de l’établissement Djillali Ranem, nous éclairent très peu à ce sujet. «Seule une analyse architecturale poussée et une étude comparative permettent de penser, selon un attaché de recherche, M. Messelem – en poste en 1969 dans l’établissement technique –, que sa construction remonte aux environs de 1775», lit-on dans une correspondance rangée dans un pan d’archives au niveau de la bibliothèque du Centre des arts et de la culture. Ni la bibliothèque du CNEH ni celle du Bardo n’assouvissent notre curiosité sur cette villa mauresque qui, après avoir été érigée par un des deys comme une demeure de campagne, servit en 1780 de résidence au consul de France Dubois Thinville, puis de 1800 à 1827 comme résidence au consul britannique Blanckley, avant qu’elle ne devienne, à l’époque coloniale, propriété de la famille du général Laquière. Les ouvrages disponibles des historiens Lucien Golvin, Henri Delmas de Grammont, Albert Devoulx, Henri Klein, George Marçais, Charles André Julien…, que nous avons furetés ne pipent mot sur cette maison de campagne bâtie à l’endroit le plus élevé de la falaise dominant la mer, que Mrs Broughton qualifie, pourtant, de «pur joyau» dans son livre édité en 1839 Six ans de résidence à Alger (1806-1812).




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