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Mission impossible : l'Algérien Lakhdar Brahimi déjà attaqué par l'opposition syrienne


Mission impossible : l'Algérien Lakhdar Brahimi déjà attaqué par l'opposition syrienne
Le scepticisme qui s'exprime, en off, en Algérie sur les chances de l'ancien ministre algérien des affaires étrangères, Lakdhar Brahimi, de trouver une issue politique à la crise syrienne a été conforté par l'attaque préventive que vient de lancer contre lui le Conseil national syrien. Le groupe d'opposition créé en Turquie lui reproche de ne pas exiger le départ immédiat de Bachar Al Assad.
Le diplomate algérien qui prenait ses marques pour remplacer Kofi Annan, démissionnaire à la fin du mois s'était abstenu de déclarations précises sur la nature de sa mission. Le Conseil national syrien (opposition) n'a pas apprécié cette prudence et exigé, déjà, que Lakhdar Brahimi, présente ses « excuses » pour ne pas avoir exigé le retrait de Bachar Al Assad. «Il est bien trop tôt pour que je puisse prendre position sur ce sujet. Je n'en sais pas assez sur ce qu'il se passe» avait déclaré Lakhdar Brahimi selon l'agence Reuters. Le diplomate algérien a d'ailleurs apporté une mise au point implicite à l'agence de presse britannique en indiquant qu'il n'avait pas du tout évoqué le cas de Bachar Al Assad mais le fait qu'il était prématuré pour lui de dire quoi que ce soit sur le « contenu » de sa mission. «J'ai été nommé il y a seulement deux jours et je ne suis pas encore allé aux Nations unies ou au Caire. Il est prématuré de dire quoi que ce soit sur le contenu du dossier», a-t-il explicité en se référant aux sièges de l'Onu et de la Ligue arabe. A l'évidence, cela ne suffit pas pour le Conseil national syrien (CNS), créé en Turquie en 2011, qui veut que Lakhdar Brahimi fasse du départ du président syrien une condition préalable de sa mission. Certains diplomates algériens qui s'expriment sous le sceau de l'anonymat ne sont pas loin de penser que le CNS ne fait que formuler une exigence occidentale et khaléjite ; celle-là même qui a suscité le blocage de toute approche politique de la crise syrienne, la Chine et la Russie s'y opposant catégoriquement. Le CNS accuse Lakhdar Brahimi de faire preuve de «mépris envers le sang versé par le peuple syrien et son droit à l'autodétermination». Lakhdar Brahimi doit, selon le CNS et probablement la plupart des pays occidentaux, exiger d'emblée le départ de Bachar Al Assad pour avoir le soutien qu'il demandait pour sa mission. «Donner à Bachar al Assad le temps dont il a besoin pour détruire les fondements de la société syrienne est contraire à l'humanité et à la paix (...) Nous exigeons que l'émissaire, qui n'a pas consulté de Syriens à propos de sa mission, présente des excuses à notre peuple», indique le CNS dans son communiqué. Théoriquement, c'est l'Onu et accessoirement la Ligue arabe qui fixe le cadre de la mission de Lakhdar Brahimi, pas le CNS qui est une partie du conflit.
« Cette affaire est trop importante pour en parler sur Al-Jazeera...
La sortie du CNS ne parait cependant pas anodine et encore moins isolée. Lakhdar Brahimi a souligné que c'était plutôt au CNS de lui adresser des excuses "car ils pouvaient m'appeler et me poser la question", assurant qu'un membre du CNS l'avait contacté samedi sans faire état de reproches de la part de l'organisation. "Cette affaire est très importante, trop importante pour que j'en parle sur Al-Jazeera ou sur d'autres médias" a-t-il déclaré. « Je suis actuellement en route pour New York afin de rencontrer les responsables des Nations unies (...). Après cela, je réfléchirai à ce sujet et à d'autres questions", a-t-il encore dit. "Je suis là et tout le monde peut venir (me parler) mais je ne m'adresse pas aux gens à travers les médias (...). Qu'ils m'appellent et nous parlerons de la Syrie comme ils veulent", a-t-il poursuivi. La polémique entre Lakhdar Brahimi et le CNS illustre parfaitement les écueils qui attendent le nouvel émissaire et sur lesquels a buté Kofi Annan. Même si sa nomination a fait l'objet d'une approbation « unanime », des occidentaux, de la Russie, de la Chine et de Damas, l'attaque du CNS, « probablement soufflée par les pays du Golfe » indique un ancien diplomate algérien, n'est qu'un hors d''uvre des gigantesques difficultés qui attendent Lakhdar Brahimi.
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