Alger - Actualité littéraire

Mila Turajliæ sur les traces d’Elaine Mokhtefi et l’Algérie


Mila Turajliæ sur les traces d’Elaine Mokhtefi et l’Algérie
Lorsqu'Elaine Mokhtefi a publié ses mémoires, elle était exilée d'Algérie depuis 44 ans. Publié en 2018 par Verso, le titre du livre, Alger, capitale du tiers-monde: combattants de la liberté, révolutionnaires, Black Panthers, laisse entrevoir une vie extraordinaire façonnée par son engagement auprès des mouvements de libération qui avaient captivé l'imaginaire mondial dans les années 1960. En partageant son histoire d'activisme anticolonial - de son amitié avec Frantz Fanon et son travail au Bureau des médias algériens à l'ONU au plus fort de la guerre contre la France, à son rôle dans l'organisation du légendaire festival Panaf de 1969 et à son travail avec la section internationale du Black Panther Party à Alger - Elaine (née Klein), née à New York, a touché une corde sensible auprès d'une jeune génération avide de nouveaux imaginaires politiques. Forte du succès de ses mémoires, elle a été autorisée à rentrer en Algérie en 2019, arrivant juste à temps pour assister au réveil politique du pays, le mouvement Hirak. En projet de documentaire avec la cinéaste serbe Mila Turajliæ, Mokhtefi retrace l'héritage et les leçons d'une époque. Cet échange sera illustré par des extraits d'un documentaire à paraître sur Elaine, tourné lors de leur récent voyage à Alger, où elles ont revisité des sites importants, notamment la maison de Frantz Fanon à Blida.
Elaine Mokhtefi a été partie prenante de la résistance algérienne au colonialisme. Son livre est un témoignage autobiographique passionnant et de premier ordre sur sa vie algéroise et ses activités avant et après l'indépendance de l'Algérie jusqu'à son départ forcé en 1974: douze années où elle a travaillé comme journaliste et traductrice. Elle s'est mariée à un ancien membre de l'ALN devenu écrivain, Mokhtar Mokhtefi, décédé en 2015.
On voit que son expérience algérienne a commencé avant Alger dans les fonctions qu'elle a eues au sein de l'Office algérien de New York, sorte d'embryon de l'ambassade d'Algérie avant l'indépendance, qui travaille à faire sa place au FLN au sein des Nations unies. Dès lors, de 1959 à 1974, Elaine Mokhtefi va connaître nombre de personnes devenues des personnalités de premier plan dans l'Algérie indépendante et dans le monde.
Elaine Mokhtefi raconte avec l'acuité du regard de l'Algéroise qu'elle est devenue. Sa maîtrise de l'anglais en fait une des traductrices les plus sollicitées. Elle conclut, de façon très émouvante: «Mon histoire avec l'Algérie ne se terminera jamais. Elle a envahi et occupé mon être durant toutes ces années. J'étais parmi les rêveurs qui y sont allés pour construire un monde nouveau.» Le futur documentaire de Mila Turailic sera à coup sûr une redevance du combat qu'elle a mené pour défendre la cause algérienne.
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