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Les ministres divisés Marché informel de la devise


Les ministres divisés                                    Marché informel de la devise
Le ministre des Finances, Karim Djoudi, contredit contre toute attente son collègue de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, sur la question de la lutte contre le marché parallèle de la devise. Cela confirme, aux yeux de l'opinion publique, que les carences en matière de communication gouvernementale ont été reconduites telles qu'elles existaient du temps du gouvernement Ouyahia.
C'est devenu une constante chez les membres du gouvernement. Ils parlent tous et sur tous les sujets. Mais pas pour dire la même chose. Ils se marchent sur les plates-bandes en permanence et se contredisent sur beaucoup de questions d'actualité nationale.
Et cette situation renseigne sur la cacophonie qui règne au sein de l'Exécutif et qui ne date pas, faut-il le souligner, d'aujourd'hui.
Cette semaine, c'est la question du marché parallèle de la devise qui suscite la polémique à distance entre le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, et celui des Finances, Karim Djoudi. Le différend est de taille parce qu'il concerne un sujet aussi sensible que le marché parallèle de la devise qui a pris de proportions importantes.
Au moment où la communication officielle est orientée vers l'éradication des commerces informels qui ont pullulé dans tout le pays et défiguré les villes, M. Ould Kablia a surpris tout le monde en affichant une indulgence à l'égard des cambistes. «On essaye de combattre ce genre de marché informel de la devise, mais les citoyens y trouvent leur compte. Je ne trouve pas d'inconvénient à ce qu'on les supprime ou qu'on les laisse», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, samedi dernier à Alger. Pis encore, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a estimé que ce marché «permet de se prémunir contre la fausse monnaie». «Certes, c'est une activité illégale. Mais elle peut prémunir contre la fausse monnaie», a-t-il ajouté. «Le change qui se pratique dans ces marchés est dans une limite correcte par rapport au taux de change officiel», a-t-il encore précisé encore, qualifiant l'existence de ces marchés «de problème mineur». Daho Ould Kablia avoue même que «l'Etat n'est pas disposé à ouvrir des bureaux de change».
Non seulement ses déclarations ont suscité des interrogations, mais en les faisant le ministre de l'Intérieur s'immisce dans les prérogatives dévolues à son collègue des Finances, Karim Djoudi. Il a par ailleurs provoqué le froncement de sourcils d'institutions financières internationales, qui ne comprennent pas qu'un officiel ne trouve rien à redire à la prolifération de niches de transactions financières informelles.
C'est pour cela sans doute que Karim Djoudi n'a pas pris beaucoup de temps pour réagir. S'exprimant mardi dernier à l'APN, le premier argentier du pays a contredit M. Ould Kablia : «Le gouvernement va combattre le marché informel de la devise. La loi ne permet pas l'existence d'un marché parallèle de la devise.» Le ministre des Finances a rappelé, comme à l'adresse de son collègue du gouvernement, que «dans l'économie il existe un marché officiel et il n'y a pas de place pour le marché noir».
Avant le ministre des Finances, le président de la commission des finances et du budget de l'APN, Mahi Khelil, s'est montré offusqué par les déclarations de M. Oul Kablia : «Tout ce qui n'est pas légal doit être interdit !»
La polémique sur le marché de la devise n'est qu'un exemple qui prouve que les violons du gouvernement ne sont pas accordés. Les divergences sont légion, en particulier sur les dossiers économiques. Le rachat de Djezzy et l'accord avec Renault sont également des sujets sur lesquels les ministres donnent plusieurs versions ou disent une chose et son contraire.
On a notamment assisté à un chevauchement des prérogatives entre, par exemple, le ministre des Finances et celui de la Poste et des TIC ; comme nous avons entendu des déclarations contradictoires sur les projets d'investissement étrangers en Algérie.
Cette situation a toujours existé au sein du gouvernement. L'opinion publique se souvient de l'intervention musclée de l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui avait démenti, sur les ondes de la Radio nationale, tous les propos de l'ex-ministre de l'Industrie, Abdelhamid Temmar, sur «la fameuse stratégie industrielle».
Le même Ouyahia n'avait pas hésité à bousculer son ancien ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, qui passait son temps à nier les problèmes de son secteur au moment où il était miné par les pénuries et les grèves.
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