Ils s’en firent gloire. Tous...
2ème partie
C’était une théorie officielle qui couvrait naturellement tous les méfaits et tueries collectives commis en terre conquise. Personne donc n’avait honte de le cacher. Bien au contraire plus on tuait d’arabes, plus on avait la chance de gravir les échelons de la hiérarchie militaire. Cependant, dès qu’on eut franchi le XXe siècle, la théorie précitée n’était plus défendue avec les mêmes convictions. Gabriel Esquer a, au début du XXe siècle, fait publier de gros volumes contenant les correspondances d’officiers supérieurs. Mais cette fois-ci, toutes les lettres compromettantes, celles qui pouvaient choquer les consciences, étaient supprimées des recueils. Quant à Louis Veuillot, il reconnaissait à l’Emir qu’il était «en toutes choses le premier parmi ses compatriotes, le meilleur cavalier, le guerrier le plus habile, le plus savant docteur, le politique le plus délié, le prédicateur le plus éloquent, le musulman le plus pieux, le seul organisateur... Nul plus que lui n’était capable de réveiller le zèle de la foi»
(in:»les Français en Algérie» p. 186 -cité par Ch. Bouamrane). Qui donc, à part l’Emir Abdelkader pouvait en ce 19ie siècle, réunir à lui seul autant de qualités. C’est tout le prestige d’un homme qui était devenu légendaire de son vivant même. Toutefois dans ces gros volumes que nous lègue Esquer, une correspondance a sans doute échappé à la censure. Elle révèle l’honnêteté intellectuelle de son auteur, le capitaine Saint-Hippolyte qui venait de rendre visite à l’Emir Abdelkader à Mascara. Très impressionné par le jeune chef de la résistance Algérienne, l’officier français livre ses sentiments sans réserve dans un écrit qu’il adresse au Gouverneur général Drouet d’Erlon à partir de Mascara le 14 janvier 1835. En voici un principal extrait: «L’Emir est un homme remarquable. Il est dans une situation morale qui est inconnue à l’Europe civilisée. C’est un être détaché des choses de ce monde qui se croit inspiré et auquel son Dieu a donné mission de protéger ses coreligionnaires (...) Son ambition n’est pas de conquérir; là n’est pas le mobile de ses actions; l’intérêt personnel ne le guide pas; l’amour des richesses lui est inconnu; il n’est attaché à la terre qu’en ce qui tient à l’exécution des volontés du tout puissant dont il n’est que l’instrument». Sans être de fervents admirateurs de l’auteur des «Mawaqif», Gouvion et son épouse ont eu, du moins contrairement à certains autres auteurs, cette intégrité intellectuelle de dire des vérités que leur imposa la forte personnalité de l’Emir Abdelkader. Ils écrivent notamment: «Sans autre ressource que son génie, son patrimoine et sa foi, il (Abdelkader) s’élança à vingt-cinq ans sur les champs de bataille et pendant quinze ans il resta debout luttant à l’admiration du monde entier contre les victorieux efforts de la civilisation et de la France. Donc l’Emir sut joindre les qualités physiques les plus merveilleuses aux qualités morales les plus rares.
A suivre...
Par le Dr Chamyl Boutaleb El-Hassani
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Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com