Alger - AGRICULTURE

Les Espagnols au secours de la vigne algérienne




Les Espagnols au secours  de la vigne algérienne
Former de véritables exploitants agricoles et des professionnels du vin : voilà l'objectif du projet de coopération des Espagnols de Tierras Sorianas del Cid avec les agriculteurs du Témouchentois. Suspendu en 2008, il reprend cette année' On croyait le projet enterré. Finalement, les anciens responsables de la viticoop de Aïn Témouchent, acteurs incontournables de la filière récemment innocentés par la justice de graves accusations portées contre eux par l'administration, ont pu réactiver la coopération avec les Espagnols, entamée en 2005 dans le cadre du programme Euromed. Depuis le début de l'année, l'association Tierras Sorianas del Cid, connue pour avoir traité plus de 400 projets de développement socioéconomique dans la province de Soria (dans le centre de l'Espagne), est revenue dans le Témouchentois. Objectif : atténuer les effets négatifs de la mondialisation ' l'ouverture du marché algérien ayant entraîné l'importation de vin de mauvaise qualité, moins cher que le vin algérien ' et stimuler l'agriculture d'exportation.Le savoir-faire local valoriséEt la région a en bien besoin. Car la plupart des agriculteurs ne sont pas spécialisés, produisant du raisin et, en parallèle, d'autres cultures, comme des céréales. Par ailleurs, la filière viticole n'est absolument pas organisée et dépend encore trop de l'aide étatique. La coopération avec les Espagnols vise donc à combler le déficit en matière d'expertise en ingénierie (techniques de la vigne et de la transformation), à encourager le développement d'entreprises rationnelles (les entrepreneurs actuels étant d'anciens ouvriers agricoles sans formation à la gestion) en accompagnant notamment les porteurs de projets. Il est également question de favoriser la participation des vignerons dans les processus de décision. Comment ' En les aidant à structurer la filière : organisation par zones, par régions, concertation, négociation' des domaines négligés jusque-là. Une nouvelle étape après la première action, initiée à partir de 2005 et qui a porté sur la mise en valeur du savoir-faire local de la viticulture. Les viticulteurs et les cavistes, affiliés à la coopérative de wilaya, ont ainsi bénéficié d'une formation à la carte leur permettant de prendre la mesure de l'ampleur du retard de la vitiviniculture algérienne. Trois visites ont été organisées in situ à Castillejo de Robledo, dans la province de Soria, et dans des zones aussi défavorisées par le climat, sinon plus que le Témouchentois. Les contacts avec les viticulteurs ibériques ont permis l'échange de connaissances et d'expériences en matière de techniques culturales et d'infrastructures de transformation. Les « stagiaires » ont ainsi intégré l'idée de l'impérieuse nécessité pour la viticulture algérienne de dépasser les pratiques héritées de la colonisation comme de celles qui ont eu cours après l'indépendance. Qu'en élaborant un produit de qualité, celui-ci aura plus de chances d'être absorbé par le marché et qu'en préservant la typicité que lui donne un terroir, une plus-value peut-être engrangée.Diversifier et dynamiserLa formation dispensée avait été suivie de près, côté espagnol, par des chercheurs de l'université Complutense de Madrid et côté algérien, par ceux de l'INRA. Le professeur Consuello del Conto nous avait indiqué, en mars 2007, qu'il ne s'agissait pas de fournir des recettes toutes faites ou un schéma de développement donné : « C'est aux viticulteurs algériens, en rapport avec leur réalité, d'arrêter ce qui doit être fait à partir des leçons tirées de l'expérience espagnole. » Si donc la première action a porté sur la mise en valeur du savoir-faire, le nouveau partenariat, qui court jusqu'en 2011, a pour objectif la diversification et la dynamisation de la viticulture témouchentoise. En d'autres termes, les Algériens doivent apprendre à travailler de façon concertée, en synergie avec tous les maillons de la chaîne : le producteur doit produire son raisin en fonction de la demande du marché, le transformateur doit savoir de quel type de cépage provient le raisin qu'il achète, etc., jusqu'à la mise en vente du vin sur le marché. Une idée force que le Plan national de développement agricole a ignorée. Quant à la revitalisation des ressources existantes, elle doit passer par la diversification des produits autres que le vin : les jus, les moûts, les vinaigres et l'alcool. D'autres créneaux ont été recensés (raisin de table, raisins secs, produits bio, engrais, produits cosmétiques) et devraient faire l'objet d'un nouveau projet de coopération. D'ores et déjà, un transformateur à Hammam Bou Hadjar a été retenu en matière d'innovation pour ce qui est de l'élaboration d'un rosé de qualité selon de nouvelles techniques, alors qu'un autre, à Aghlal, a présenté sa candidature pour la production du vinaigre, le seul vin hallal, un condiment qui n'est plus, en Algérie, issu de la vinification depuis des décennies.





Bel article bien fait.
- ingénieur - Alger, Algérie

16/03/2013 - 81580

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