Lors de la conférence de presse, qu'il a animée mercredi dernier, celui qui se considère aujourd'hui comme ex-entraîneur de l'équipe nationale de boxe, puisqu'il affirme que sa mission s'est achevée au lendemain des Jeux olympiques de Londres, Azzeddine Aggoune, a déploré le fait que la Fédération algérienne de boxe ait manqué de moyens financiers pour mener comme il convient la préparation des athlètes engagés aux Jeux en question.
Selon lui, certaines fédérations reçoivent de la part de l'Etat bien plus que la FAB qui avait, pourtant, qualifié pour Londres pas moins de 8 boxeurs.
C'est bien que Azzeddine Aggoune ait soulevé ce problème de financement des fédération sportives. Il y a des vérités qui doivent être dites et se taire équivaudrait à cautionner une certaine gabegie qui s'est instaurée dans le mouvement sportif national avec des fédérations qui ont été «inondées» d'argent pour un résultat, sur le terrain, catastrophique.
«Les sélections nationales sont engagées, depuis 2009, dans un processus de préparation s'inscrivant dans un plan perspectif de préparation 2009-2016», est-il écrit dans un document du ministère de la Jeunesse et des Sports que nous avons en notre possession.
Il ajoute : «A cet effet, et dans le cadre de cette action prospective privilégiant un partenariat concret entre le MJS et les fédérations sportives, l'ensemble des moyens nécessaires pour la préparation et la participation des athlètes aux objectifs fixés sont mis à la disposition des sélections nationales. A titre indicatif, les subventions allouées aux fédérations sportives pour 2010 et 2011 sont de l'ordre de 2 161 612 565 DA en 2010 et de 2 367 000 000 DA en 2011 (jusqu'à avril 2012).
En additionnant ces deux sommes, on constate que l'Etat a versé à l'ensemble des fédérations sportives plus de 400 milliards de centimes sur ces deux années. Ce n'est pas énorme comparativement à d'autres secteurs qui émargent au budget de l'Etat mais on remarquera que pour certaines fédérations ce qu'elles ont reçu dépasse largement leurs besoins.
Du reste, à cet argent, il faut savoir que les fédérations qui avaient des athlètes qualifiés aux Jeux de Londres ont obtenu de la part des pouvoirs publics la somme de 50 milliards de centimes pour la participation de ces athlètes à cette compétition. Nous parlons là de participation et non de préparation dont le budget nécessaire est autrement plus élevé. Un budget qui est versé aux fédérations.
Pour vous donner une idée, aux Jeux de Pékin, en 2008, où il y avait eu 64 athlètes algériens, le COA avait reçu 9 millions de dinars pour la participation. Quatre ans plus tôt, avec 62 qualifiés aux Jeux d'Athènes, le même COA avait reçu 1 milliard et 200 millions de centimes pour la participation.
En 2012, ce sont 50 milliards de centimes qui ont été dégagés pour la participation aux Jeux de Londres sans que cette somme n'atterrisse dans les caisses du COA. Une participation avec seulement 32 athlètes soit la moitié que pour Athènes et pour Pékin pris séparément (Il est vrai que ces 50 milliards touchent également la participation algérienne aux Jeux paralympiques).
Pour revenir à ce que disait Azzeddine Aggoune, la Fédération algérienne de boxe a reçu, en 2011, la somme de 70 923 254, 40 DA soit un peu plus de 7 milliards de centimes en baisse de 2,47% par rapport à la subvention de 2010. Elle a qualifié pour Londres 8 boxeurs, le même nombre qu'en 2008 pour les Jeux de Pékin. Une année avant ces Jeux, c'est-à-dire en 2077, elle avait obtenu à peine 10,2 millions de dinars alors qu'en 2003, une année avant Athènes elle avait reçu un peu plus de 41 millions de dinars.
Le problème est que cette fédération, qui a envoyé 8 athlètes aux Jeux de Londres, a obtenu de la part de l'Etat moins de sous que la Fédération de judo dont la subvention, en 2011, s'est élevée à plus de 35 milliards de centimes. Et pour combien de judokas qualifiés aux Jeux de Londres ' Seulement deux.
Deux filles dont une s'entraîne en solo, loin de l'équipe nationale, alors que la seconde n'a dû sa présence à Londres qu'à un wild-card, à savoir une invitation. De son côté, la Fédération d'athlétisme avec 5 athlètes qualifiés a obtenu plus de 14 milliards de centimes.
Et des athlètes trentenaires sans grand avenir, exception faite de Toufik Makhloufi et ses 24 ans. Si les assemblées générales ordinaires des fédérations sportives, où il sera question de bilans moraux et financiers, se déroulent dans la démocratie totale, il ne fait pas de doute que les débats seront particulièrement houleux parce que le bon sens commande de se demander comment avec autant d'argent on a pu régresser alors que les fédérations obtenaient de bien meilleurs résultats auparavant avec moins de sous.
Il y a, effectivement, des comptes à rendre lorsqu'il s'agira d'expliquer le ratage en règle des sportifs malgré les énormes sommes d'argent investies. Surtout le judo qui a connu la plus impressionnante dégringolade dans tout le sport algérien avec le budget le plus faramineux (il y a certes le football mais c'est oublier que ce sport se suffit sur le plan financier qu'avec l'argent de ses sponsors. Celui qui émane de l'Etat, il le place en banque pour qu'il lui rapporte des intérêts).
Il est vrai qu'à Londres il y a eu Makhloufi et sa médaille d'or. Il ne peut à lui seul faire taire les critiques. Pour plus de 50 milliards de centimes de participation et plusieurs autres dizaines de milliards de centimes consacrés à la préparation, nous avons eu que Makhloufi et derrière ce fut le vide. A Pékin avec nettement moins de milliards nous avions eu une médaille en argent, une autre en bronze et beaucoup d'autres athlètes finalistes. Si avec ça on prétend que tout va pour le mieux pour le sport algérien, c'est qu'on n'y connaît rien.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A A
Source : www.letempsdz.com