Alger - Revue de Presse

« Les banques préfèrent financer les opérations d'import »


Comment exporter dans un pays où il y a déjà 20 000 importateurs ! » La remarque faite hier à la Bibliothèque nationale du Hamma, à Alger, à la faveur du lancement du programme de soutien aux exportateurs algériens, Challenge Optimexport, financé par l'Agence française de développement (AFD), n'a pas eu de réaction. Ou presque. La réponse d'une représentante du ministère du Commerce, Mme Bouabdallah, était curieuse : « Ce n'est pas le sujet du jour ! » Justement, a-t-on un jour organisé un débat public et sérieux pour savoir pourquoi il y tant d'importateurs et tant d'anarchie et d'opacité dans ce secteur ' Ahmed Ouyahia, qui reprend du service à la tête du gouvernement, a dénoncé « la république des containers ». Les Algériens sont en attente de savoir comment va-t-il procéder pour « démanteler » cette république à dix mois de l'élection présidentielle. Avant cela, les exportateurs hors hydrocarbures peinent à « déverrouiller » le système. « Le plus grand problème pour nous est celui du financement. Les banques ne jouent pas du tout le jeu. Elles ne sont pas à côté de nous, mais à l'opposé », a regretté Fayçal Khebizat, directeur de Biodattes Algérie, entreprise spécialisée en produits agricoles biologiques basée à Oran. Selon lui, les banques publiques se cachent derrière la législation pour éviter de s'engager et prendre des risques.« Il y a un problème de mentalité. Pour les banques étrangères privées, je n'ai pas envie de dire qu'elles sont là pour gagner de l'argent sur des segments porteurs. L'accueil y est aimable, mais au final il y a des refus. Nous avons des contrats auxquels nous ne pouvons pas répondre parce que nous n'avons pas les financements derrière. Les banques préfèrent financer des opérations d'import », a-t-il souligné. Kamel Aït Adjediou, responsable de l'entreprise Rizzo spécialisée dans les coffrets de luxe, s'est plaint du manque d'accompagnement. « Les pays européens ont des chambres de commerce actives, des associations et des syndicats qui favorisent les exportations », a-t-il noté, soulignant n'avoir aucune relation avec la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci).L'exportateur algérien a besoin, selon lui, d'être soutenu sur le plan commercial. « Les entreprises doivent être mises en relation, grâce à l'action des associations, avec des acheteurs, pas avec des vendeurs. Comme en Tunisie ou au Maroc, des subventions sont nécessaires pour aider les exportateurs à supporter les frais de transport. Une remorque qui part d'Algérie et livrée en France coûte 3000 euros (4725 dollars), alors qu'une remorque similaire partant de Chine vers la même destination coûte 3000 dollars », a-t-il appuyé. Kamel Aït Adjediou exporte 100% de sa production vers la France. Les parfumeurs de luxe, comme Dior, Givenchy ou Paco Rabane, sont ses principaux clients. Fayçal Khebizat a observé que les difficultés sont à tous les niveaux devant les exportateurs : « La logistique, le transport, le conditionnement, la bureaucratie, le système douanier... » « Il y a trop d'embûches bureaucratiques. On n'est pas encore rodé à l'export.Il existe également des difficultés en termes de connaissance de marché et de nouvelles méthodes d'approche de ces marchés », a remarqué, pour sa part, Idir Hocine de Sogedex Algérie, spécialisée dans la fabrication de badges et d'identification. Domaine récent en Algérie, selon lui. « Il y a un travail de marketing à faire, inculquer la culture du badge et de l'identification et expliquer que cela sert pour la gestion des zones sensibles, des entrées des bâtiments (...). Cela dit, il n'est pas facile de trouver des parts de marché. Nous voulons bénéficier du savoir-faire de Sogedex pour élargir notre marché, notamment vers l'Afrique », a expliqué Idir Hocine. Sogedex Algérie a déjà réalisé un chiffre d'affaires à l'export de 6 millions de dinars.Le jeune Hadj Hamou Billel d'Afrique Câble, qui produit des câbles pour véhicules légers et engins, a pour ambition d'exporter à partir de la fin 2008. « Nous sommes en contact avec des clients en Europe et au Maghreb. Nous allons entamer les procédures d'exportation », a-t-il dit. Il se fera accompagner par Optimexport qui a pris une année de retard avant de lancer le programme. « Cela a été plus lent que prévu. Il nous a fallu sectionner nos équipes. Nous venons de lancer l'appel à candidatures pour les PME pour notre programme. Mais cela fait des mois que nous travaillons sur la formation des relais au diagnostic d'export, aux techniques de base, au domaine de l'information », a expliqué Marc Martinant, chef du projet Optimexport. « Entreprises potentiellement exportatrices, votre heure a sonné. Faites un dossier, envoyer un mail à Optimexport. On veut travailler avec les moyens modernes, les sites internet, les blogs. Aujourd'hui, un chef d'entreprise, qui veut se développer à l'international et qui n'est pas présent sur la toile, n'a tout simplement aucune présence », a-t-il ajouté.
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