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Les Archives Numériques du Cinéma Algérien : une mission vitale de sauvegarde et de restauration du patrimoine cinématographique algérien


Les Archives Numériques du Cinéma Algérien : une mission vitale de sauvegarde et de restauration du patrimoine cinématographique algérien

Fondées et dirigées par Nabil Djedouani, les Archives Numériques du Cinéma Algérien (الأرشيف الرقمي للسينما الجزائرية) se sont imposées en quelques années comme l’un des acteurs les plus actifs et les plus déterminants dans la préservation du cinéma algérien, particulièrement celui de l’époque coloniale et des premières décennies de l’indépendance.

Dans un pays où la majorité des copies nitrate et acétate ont disparu (incendies, guerres, manque d’infrastructures de conservation), la numérisation et la restauration numérique représentent souvent la dernière chance de sauver des œuvres définitivement menacées. Nabil Djedouani et son équipe traquent ces copies uniques chez les familles, dans des greniers, des caves ou chez d’anciens exploitants, les scannent en haute résolution, puis les restaurent image par image.

Le sauvetage exemplaire des « Plongeurs du désert » (1983-2025)

L’annonce faite en novembre 2025 par Nabil Djedouani illustre parfaitement la méthode et l’engagement de cette structure.

Il y a deux ans, il avait pris l’engagement auprès de Thouraya Hannache, fille du réalisateur Tahar Hannache, de retrouver, numériser et restaurer « Les Plongeurs du désert » (غواصو الصحراء), un documentaire-fiction réalisé et produit par son père en 1952 dans le Sahara algérien, alors sous administration française. Ce film, qui suit les célèbres plongeurs touaregs de Timimoun, est considéré comme l’une des toutes premières œuvres cinématographiques algériennes de long métrage réalisées par un Algérien.

La seule copie connue, un 16 mm conservé précieusement par la famille Benelhannache, était dans un état dramatique : rayures profondes, taches, moisissures, instabilité extrême du support. Grâce au travail de restauration numérique réalisé par Nadim Kamel sous la supervision des Archives Numériques du Cinéma Algérien, en partenariat avec la Cinémathèque de Saint-Étienne et l’Association Jocelyne Saab, le film a retrouvé une seconde vie.

Le résultat sera présenté en ouverture du Algiers International Film Festival sous la forme d’un ciné-concert exceptionnel, accompagné en direct par le maestro Khalil Baba Ahmed et ses musiciens, qui ont entièrement reconstitué et réinterprété la partition originale de Mohamed Iguerbouchen.

Nabil Djedouani : la passion au service de la mémoire

Derrière cette réussite, il y a avant tout un homme : Nabil Djedouani. Chercheur, archiviste, restaurateur et véritable détective du patrimoine, il consacre depuis plus de dix ans son énergie à retrouver les traces du cinéma algérien oublié. Il a déjà permis la redécouverte et la restauration de plusieurs films rares, dont des courts-métrages des années 1940-1950, des actualités coloniales tournées par des Algériens, ou encore des œuvres de la période révolutionnaire.

Son approche est à la fois scientifique (scanners 4K/8K, restauration éthique, respect des supports d’origine) et profondément humaine : il travaille main dans la main avec les familles des cinéastes, considère chaque copie comme un trésor familial autant que national.

Vers une cinémathèque numérique nationale

À travers chaque projet, les Archives Numériques du Cinéma Algérien posent les bases d’une future cinémathèque numérique ouverte au public, aux chercheurs et aux nouvelles générations. En attendant que l’État algérien se dote enfin d’une véritable infrastructure de conservation, Nabil Djedouani et son équipe comblent un vide immense.

La présentation des « Plongeurs du désert » à Alger, plus de soixante-dix ans après sa réalisation, n’est pas seulement la résurrection d’un film : c’est un acte de justice mémorielle envers Tahar Hannache, Mohamed Iguerbouchen et tous les pionniers algériens du cinéma, trop longtemps oubliés.

Comme l’écrit Nabil Djedouani : « Que cette soirée soit un vibrant hommage à Tahar Hannache, à son œuvre pionnière et à toutes les personnes y ayant contribué. »

Elle le sera. Et elle rappellera surtout qu’en Algérie, la mémoire du cinéma ne tient parfois qu’à la détermination d’un homme et de son équipe.

➡️ Archives Numériques du Cinéma Algérien – الأرشيف الرقمي للسينما الجزائرية Illustration : Djamel Kadi


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