Le MSP dans la tourmente

Amar Ghoul, l'ex-ministre des Travaux publics et chef de file de la liste MSP à Alger, avait au lendemain des élections législatives affiché publiquement sa divergence avec la direction du parti sur la ligne de radicale opposition que celle-ci a imprimée au parti suite à son calamiteux résultat électoral. Il a consommé sa rupture en quittant le parti et en faisant savoir qu'il s'apprête a créer sa propre formation politique.
Son initiative inquiète Aboudjerra Soltani et ses fidèles même s'ils font semblant de ne pas en craindre de conséquences délitentes dans les rangs du MSP. Pourtant elle a déjà amorcé une saignée qui s'annonce encore plus forte que celle provoquée par la dissidence de Menasra. Parce qu'il se trouve que Amar Ghoul dispose d'une aura et d'une popularité auprès des militants et sympathisants du MSP autrement plus attractives que celles dont se prévalait Menasra. Comme le prouvent déjà les démissions enregistrées suite à son initiative et qui concernent des responsables de premier plan du parti, qui ont rejoint l'ex-ministre des Travaux publics. Ce qui augure que la formation d'Aboudjerra Soltani va aller au-devant d'une nouvelle bérézina électorale à l'occasion des locales si elle décide d'y participer. Pour tenter d'arrêter l'hémorragie interne et le délitement du parti, Aboudjerra et ses partisans ont durci la ligne oppositionnelle du parti et tentent de placer celui en tant que leader du courant islamiste en essayant d'amalgamer autour de lui les autres formations islamistes.
Pourtant au vu du résultat électoral que cette stratégie a rapporté au courant islamiste, ils n'ont pas de quoi faire dans l'optimisme excessif. Ce dont ont conscience les partis ayant accepté de faire cause commune avec le MSP en acquiesçant à sa stratégie. Ils ont bien compris que l'initiative d'Amar Ghoul de créer une nouvelle formation risque de les impacter aussi négativement qu'elle le fait pour sa formation d'origine. Et ce n'est pas totalement injustifié que l'un des partenaires d'Aboudjerra Soltani dans l'alliance verte voit dans l'initiative de Ghoul une man'uvre destinée à couper les ailes à cette alliance et dont il ne serait pas le seul promoteur.
Cela étant, il est clair qu'Amar Ghoul nourrit une ambition politique dont il a compris qu'elle ne pouvait se réaliser en étant dans le MSP même investi de la plus haute responsabilité en son sein. Et certainement que sa tactique de prise de distance à l'égard du MSP est encouragée par les sphères du pouvoir. Tous les coups bas se «justifient» en politique, dit-on. Celui d'Amar Ghoul en est assurément un porté au MSP. Et c'est ainsi que juge son initiative une partie de l'opinion publique qui loin de voir en elle une opération dictée par les convictions de son auteur, la range dans la case des «opérations foireuses» que l'ambition et les calculs font naître cycliquement dans l'esprit de nos acteurs politiques. Amar Ghoul devrait s'inquiéter de savoir s'il n'est pas finalement instrumentalisé à des fins que d'autres tirent les marrons du feu avec son initiative.