L’origine exacte de la présence du manuscrit du « Canon de la Médecine » d’Avicenne, spécifiquement le quatrième volume conservé à la Bibliothèque nationale d’Algérie (BNA), n’est pas entièrement détaillée dans les sources disponibles, mais plusieurs éléments permettent de retracer un contexte probable de son arrivée et de son importance.
Contexte historique et provenance :
Propriété d’Ibn al-Mutran :
Le manuscrit en question est particulièrement remarquable car il aurait appartenu à Ibn al-Mutran, un éminent savant et médecin chrétien du XIIIe siècle, connu pour être le médecin personnel de Salah al-Din al-Ayyubi (Saladin). Ibn al-Mutran, basé à Damas, était réputé pour ses contributions médicales et ses révisions de textes scientifiques. Le fait que ce manuscrit ait été révisé par lui confère une authenticité et une fiabilité exceptionnelles, augmentant sa valeur historique et scientifique.
Circulation des manuscrits au Moyen Âge :
Les manuscrits médicaux, comme le « Canon de la Médecine », circulaient fréquemment entre les centres intellectuels du monde islamique (Damas, Bagdad, Le Caire) et parfois au-delà, grâce aux réseaux de savants, de bibliothèques royales et de mécènes. Après la mort d’Ibn al-Mutran, le manuscrit a pu être transmis à travers des collections privées, des bibliothèques ou des institutions religieuses, comme c’était souvent le cas pour les ouvrages précieux à l’époque.
Arrivée en Algérie :
Bien que les sources ne précisent pas le trajet exact du manuscrit jusqu’à la Bibliothèque nationale d’Algérie, plusieurs hypothèses peuvent être envisagées :
Héritage culturel maghrébin : Le Maghreb, et particulièrement l’Algérie, était un carrefour intellectuel important à l’époque médiévale, avec des centres d’apprentissage comme Tlemcen, Béjaïa ou Alger. Des manuscrits scientifiques, y compris ceux d’Avicenne, étaient souvent copiés, collectionnés ou ramenés par des savants ou des marchands.
Collections ottomanes ou coloniales : Pendant la période ottomane (1516-1830), de nombreux manuscrits ont été rassemblés dans des bibliothèques ou mosquées en Algérie. Par la suite, durant la période coloniale française, certains de ces manuscrits ont pu être centralisés ou redécouverts dans des collections publiques ou privées, avant d’être intégrés au fonds de la BNA, créée en 1835 sous le nom de Bibliothèque d’Alger.
Dons ou acquisitions : La BNA a enrichi son fonds de manuscrits par des dons, des achats ou des transferts de collections locales ou régionales. Ce manuscrit a pu être acquis à une époque indéterminée, peut-être grâce à un collectionneur ou une institution ayant reconnu sa valeur.
Conservation à la BNA :
La Bibliothèque nationale d’Algérie, en tant que dépositaire du patrimoine documentaire algérien, conserve ce manuscrit dans son département des manuscrits et ouvrages rares. Sa présence à la BNA témoigne des efforts de l’institution pour préserver le patrimoine scientifique et culturel de l’Algérie. La reconnaissance par l’UNESCO en avril 2025, avec l’inscription du manuscrit au Registre de la Mémoire du monde, souligne son importance mondiale et son lien avec le patrimoine algérien.
Pourquoi ce manuscrit est-il à la BNA ?
Valeur patrimoniale : Ce manuscrit n’est pas seulement un document médical, mais un symbole de la contribution des savants arabes et musulmans à la science mondiale. Sa conservation à la BNA reflète l’engagement de l’Algérie à préserver son héritage scientifique.
Authenticité et rareté : La révision par Ibn al-Mutran et l’ancienneté du manuscrit (probablement daté du XIIIe siècle ou peu après) en font une pièce unique, ce qui justifie sa place dans une institution nationale comme la BNA.
Centralisation du patrimoine : La BNA, en tant que principale institution documentaire du pays, est le lieu naturel pour conserver un tel trésor, surtout après son identification comme un bien culturel d’exception.
Limites des informations disponibles :
Les sources ne fournissent pas de détails précis sur le trajet spécifique du manuscrit (par exemple, le nom du donateur, la date d’acquisition ou les circonstances exactes de son arrivée à la BNA). Pour obtenir des informations plus précises, il serait nécessaire de consulter les archives de la BNA, notamment les registres d’acquisition du département des manuscrits, ou de mener des recherches auprès des experts comme Mme Fatouma Ben Yahia, responsable du département des manuscrits et ouvrages rares.
Conclusion :
Le manuscrit du « Canon de la Médecine » d’Avicenne, révisé par Ibn al-Mutran, est probablement arrivé à la Bibliothèque nationale d’Algérie par le biais de la circulation historique des manuscrits dans le monde islamique, suivi d’une collecte ou d’un transfert dans les collections nationales, peut-être à l’époque ottomane ou coloniale. Sa conservation à la BNA témoigne de l’importance accordée au patrimoine scientifique algérien, renforcée par son inscription au Registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO en 2025. Pour des détails plus précis, une enquête auprès de la BNA ou des historiens spécialisés dans les manuscrits serait nécessaire.
Hichem - Alger, Algérie
03/05/2025 - 671365
Comment ce livre s'est retrouvé à la BNA ?
Khaled - Etudiant - Oran, Algérie
02/05/2025 - 671334
Posté par : litteraturealgerie
Source : elmoudjahid.dz