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Laksaci en appelle à l'éthique des banquiers


Laksaci en appelle à l'éthique des banquiers
Face à la saignée et au flux sans cesse croissant de capitaux vers l'étranger, la Banque d'Algérie veut ainsi peser de tout son poids sur la place bancaire afin d'asseoir plus de contrôle sur toutes les transactions.La situation financière externe de l'Algérie est menacée par le retournement du marché pétrolier. Les excédents des dernières années laissent place aux déficits. Les réserves de change commencent déjà à décliner et risquent de fondre très vite dans la mesure où la majorité des acteurs du marché se sont habitués à dépenser sans compter, grevant de fait l'épargne accumulée.Face à la saignée et au flux sans cesse croissant de capitaux vers l'étranger, la Banque d'Algérie semble le dernier rempart pouvant encore donner le change. L'autorité monétaire veut ainsi peser de tout son poids sur la place bancaire afin d'asseoir plus de contrôle sur les transactions, sur fond de hausse des infractions à la législation, particulièrement celle relative aux changes.Si Mohamed Laksaci, le gouverneur de la Banque d'Algérie, a récemment exhorté les banques et établissements financiers à respecter leurs engagements réglementaires dans l'objectif de préserver nos réserves, il en appelle aujourd'hui à l'éthique des banquiers afin de faire respecter la loi et faire admettre que l'ensemble des acteurs de la place bancaire et financière sont comptables envers la collectivité.C'est dans ce contexte qu'une conférence traitant des problématiques de l'éthique et de la crise du capitalisme ainsi que de la responsabilité bancaire a réuni, hier à l'Ecole supérieure de Bouzaréah (Alger), les patrons de banques publiques et privées, ainsi que les cadres d'organismes de statistiques, de contrôle et de répression de la corruption.Une rencontre appropriée dans le contexte actuel, selon M. Laksaci. Celui-ci avait d'ailleurs tenu à souligner, lors de son allocution d'ouverture, que l'éthique est consacrée dans la loi bancaire, laquelle impose aux banques un strict respect de leurs engagements envers leurs clients, des normes de probité, de confidentialité et de traitement équitable des services et de l'information pour l'ensemble des acteurs du marché. Un cadre qui interdit également de se mettre en situation de conflit d'intérêt.Des principes d'éthique ancrés aussi dans l'action de la commission bancaire via les contrôles de la place. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a également mis en avant les réformes entreprises depuis 2003 et qui ont conduit, jusqu'à 2009, au retrait de l'agrément à plusieurs petites banques en raison d'infractions de base. Des principes de déontologie renforcés dès 2010 grâce à la promulgation de nouveaux textes, notamment le règlement fixant les conditions de banque introduisant le concept de taux d'intérêt excessif, ainsi que l'obligation de prodiguer aux clients une information transparente et complète.M. Laksaci met l'accent en outre sur la prise en charge des risques inhérents aux nouveaux produits financiers, avant de conclure en rappelant les récentes mesures prises afin d'améliorer l'inclusion financière dans le cadre de l'instruction relative au droit au compte. Loin de la dimension solennelle et empreinte du sceau de l'obligation légale, l'intervention du principal invité de la conférence s'appuie sur l'éthique individuelle de tout un chacun.Phillipe Van Parijs, éminent connaisseur des questions d'éthique économique et sociale et officiant à l'université catholique de Louvain (Belgique), s'est penché sur les causes et enjeux de la crise économique de 2008, de la crise de la zone euro et de la crise écologique à venir, à la lumière des concepts de recentrage sur le capital humain, de liberté et de juste répartition des richesses au niveau infranational et au niveau mondial et universel.L'orateur, qui a dispensé un cours magistral prenant des tournures de réflexion philosophique, a cependant fini en insistant sur deux principes qu'il estime primordiaux. Il s'agit en premier lieu de la transparence de l'information issue des organes de statistiques et de l'information bancaire, seul frein à l'enrichissement illégal et garant d'une juste répartition des richesses.Un propos prenant des airs de plaidoyer pour la levée du secret bancaire tel que conçu dans certains paradis fiscaux. Mais c'est surtout le «devoir de loyauté» de tout un chacun envers ses racines et ses origines qui anime l'orateur. Un propos qui a d'ailleurs été du goût des responsables présents à la rencontre.


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