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«La Mecque des révolutionnaires»


«La Mecque des révolutionnaires»
Opinion - C'est peut-être sur le plan politique que le bilan de ces cinquante dernières années est le moins mitigé.
La nouvelle république de l'Algérie indépendante a fait preuve, dès sa naissance, d'une étonnante diplomatie portée à l'étranger par des hommes aguerris par sept années de lutte clandestine.
Seddik Benyahia opérait à Moscou en qualité d'ambassadeur, Réda Malek à Washington, Mehri à Paris, Boulahrouf en Italie, Demagh El Atrous en Indonésie, Bessaïeh au Caire et la Ligue arabe, Tayebi Larbi à Cuba et Kellou à Prague et Budapest.
La voix de l'Algérie était d'autant plus écoutée et respectée qu'elle est devenue en quelques années la Mecque des révolutionnaires du monde entier.
C'est dans notre pays que naîtront la plupart des mouvements insurrectionnels des pays africains occupés comme le Cap Vert, le Mozambique, la Guinée Bissau ou l'Angola.
Même le charismatique Nelson Mandela y fera ses premières armes et s'initiera à l'art du combat. Des sommes considérables seront octroyées aux organisations politiques de libération.
Consciente du poids de ses responsabilités internationales, l'Algérie s'impliquera corps et âme dans le dénouement et la résolution d'un certain nombre de conflits qui menaçaient la paix dans le monde et particulièrement dans les pays émergeants, c'est-à-dire du Tiers monde.
Le défunt Houari Boumedienne balisera à Lahore le futur cadre de réconciliation entre le Pakistan et le Bangladesh et aplanira, à la conférence d'Alger, les obstacles et les divergences qui séparaient Baghdad et Téhéran.
Sur le plan intérieur, le FLN, étant le parti unique et historique, s'accommodera difficilement de partis d'alternance.
Il faudra des émeutes sanglantes en 1988 pour que le pluralisme politique devienne une réalité dans le pays et d'une certaine manière une nécessité.
L'expréssion non officielle étant si nouvelle et tellement passionnante au Maghreb qu'à chaque fois que Abassi Madani passait à la télévision pour répondre à ses contradicteurs, c'était tout le Maroc oriental et principalement la ville d'Oujda qui était branchée sur la parabole pour voir le débat.
La naissance, dans la foulée, d'une presse indépendante à l'abri des pressions partisanes ou gouvernementales est aussi à inscrire dans ce tableau d'une Algérie renaissante et enfin réconciliée avec elle même. La reconnaissance de la langue amazighe en tant que langue nationale, si elle a été faite dans la douleur, n'en est pas moins un acquis important en attendant un jour qu'elle soit enseignée dans toutes les écoles à partir de l'école maternelle.
Il faut également porter au crédit de ces 50 ans la naissance d'une seconde chambre du Parlement, le Sénat, même s'il ne sert pas à grand chose concrètement, d'un Conseil constitutionnel, d'un observatoire des droits de l'Homme et, surtout, du lancement d'un certain nombre de programmes spéciaux en direction des wilayas les plus déshéritées du pays.
Le conseil de Juppé
Déjà, avant même que les festivités ne commencent et ne donnent le signal aux diverses commémorations, Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, nous conseille sur un ton feutré : «De la modération». Sur un registre moins diplomatique, nous pouvons décrypter le message par : «Evitez de trop regarder le passé, regardez plutôt l'avenir». En termes d'itinéraire cela pourrait se traduire par «le circuit des relations avec la France doit être vu par le pare brise et non pas par le rétroviseur».
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