Alger

Kiosque arabe


Kiosque arabe
Par Ahmed Halli[email protected]/* */Katia Bengana n'aura pas de fleurs, ce 8 Mars, hormis celles qui seront déposées sur sa tombe. Juste pour ne pas oublier que Katia a été froidement assassinée le 28 février 1994. Vingt-deux ans après, le voile islamiste qu'elle rejetait a conquis tout le monde musulman. Un jour, Katia aura raison, et obtiendra réparation.Au risque de doucher l'enthousiasme de mes concitoyens qui se répand comme une traînée de poudre sur les médias et les réseaux sociaux, le «non» de l'Algérie à l'Arabie Saoudite ne mérite pas tant de bruit. Il s'agissait, comme vous le savez, de classer le Hezbollah de Hassan Nassrallah (nom patronymique ou de guerre), né au Liban d'une souche iranienne, comme organisation terroriste. On la voyait arriver de loin, et depuis longtemps, l'exigence saoudienne et de ses alliés de mobiliser ce qu'il est convenu officiellement d'appeler la nation arabe contre l'Iran. Ce qui est de bonne guerre, en la circonstance, et s'inscrit en toute logique dans une démarche visant à isoler diplomatiquement un adversaire, plus difficile à réduire sur le terrain. L'offensive de Tunis, avec la réunion de la Ligue des fonctionnaires arabes, était surtout attendue depuis que l'Arabie Saoudite a décidé de couper les vivres, si j'ose dire, à l'armée libanaise. Initiative logique si l'on sait que les armes achetées par les Saoudiens peuvent finir aux mains du Hezbollah, engagé en Syrie contre les milices islamistes, soutenues par Riyad. Ce qui reviendrait à faire pire que les Américains qui ont lourdement armé la pseudo-opposition syrienne, pour la voir finalement se dissoudre dans l'organisation terroriste Daesh.L'Algérie officielle, applaudie par le peuple rescapé de gauche, allié à celui des réseaux sociaux, a donc dit niet à Tunis, et a refusé de suivre les injonctions des monarchies pétrolières. Il y a, en effet, de quoi être satisfait et se réjouir même de la déconvenue diplomatique subie par la coalition anti-Bachar à Tunis, face à l'axe prometteur Alger-Tunis. Car il s'agit bien d'une déconvenue même si la résolution des ministres arabes de l'Intérieur désignant le Hezbollah comme organisation terroriste a été entérinée par la majorité des membres de la sainte ligue. Toutefois, on peut se demander si ce sursaut d'orgueil pourra ou non s'accompagner d'un mouvement similaire, gagnant les quartiers de nos villes, et surtout les mosquées. On sait, de ce point de vue, qu'il y a bien longtemps que la discorde s'est installée et que les Algériens n'ont plus la même vision de la patrie, et encore moins de l'intérêt national. Quand notre diplomatie refuse de souscrire à une résolution stupide, au nom du principe de non-ingérence, il suffit de tendre l'oreille sur les hauteurs d'Alger pour voir ce que devient ce principe. Il y a bien longtemps que les «Maisons de Dieu» ont abandonné leur mission spirituelle pour se fourvoyer en politique et plus particulièrement au service de l'idéologie wahhabite.En présentant son projet de résolution à Tunis, l'Arabie Saoudite savait déjà qu'en dépit des réserves de nos diplomates, elle pouvait compter sur l'appui sans réserve de nos imams, à l'exception notable des exercices télévisés à l'audience nulle. Ce que notre diplomatie tente de faire est déjà réduit à néant par nos mosquées et par un front intérieur acquis à Riyad et à la vision saoudienne de l'Islam. C'est la triste réalité, et le constat dramatique que la primauté de l'intérieur sur l'extérieur est en train de prendre forme, par l'absurde et au déni des principes de Novembre. D'ailleurs, l'Arabie Saoudite ne s'est pas trompée, et il y a comme une promesse de vengeance contre les récalcitrants résiduels dans l'un des éditoriaux de la presse, intitulé «Les adversaires arabes de l'Arabie Saoudite». Ce texte comminatoire paru hier dans le quotidien de Londres Al-Charq-Al-Awsat s'élève contre l'ingratitude de certains pays arabes et de leurs élites. Il s'en prend pêle-mêle aux nationalistes, à la gauche arabe, et aux islamistes qui ont soutenu Saddam et l'Iran contre l'Arabie Saoudite, et contre les monarchies du Golfe. Ce que ne veulent pas malheureusement admettre les intellectuels et les hommes politiques de certains États arabes, c'est que l'Arabie Saoudite dirige aujourd'hui le monde arabe.«Elle dirige le monde musulman et conduit ses prises de position, en tant que leader et puissance dans la région et dans le monde. Et l'homme sensé dans les États arabes islamiques s'aligne sur elle et ne se détache pas d'elle (”?). L'Arabie Saoudite œuvre aujourd'hui à défendre les Etats arabes, leurs intérêts et les intérêts de leurs peuples. Elle ne tient aucun compte des ingrats, des valets et des traîtres, et ce rappel est un avertissement pour les oublieux.»Des propos que confirment les préparatifs de guerre saoudiens contre l'Iran, la monarchie wahhabite ayant choisi de refaire «Al-Qadissia», faute de réaliser l'Armageddon, objectif final assigné à ses anciens protégés de Daesh. Je vous fais grâce des autres articles célébrant «l'âge d'or» des relations entre Riyad et Paris, ce qui peut expliquer la mansuétude de la France à l'égard des associations wahhabites, qui contribuent à la radicalisation de sa jeunesse. Et comme on est à la veille du 8 Mars, Journée internationale des droits de la femme, et non pas plus prosaà'quement «Journée de la femme», il faut signaler là aussi le rôle dirigeant de l'Arabie Saoudite. Une des institutions académiques Saoudiennes, chargées de l'éducation des masses, a cru devoir organiser la semaine dernière un colloque sur le thème : «La femme est-elle un être humain '» Ce qui aurait été une suite logique à l'un des postulats islamistes de base selon lequel la femme est atteinte d'un déficit chronique en matière d'intelligence et de religion.La levée de boucliers et les protestations sur les réseaux sociaux ont amené les organisateurs à annuler la manifestation initialement prévue pour le 1er mars dernier. Ce qui est dommage, dans un sens, car on aurait bien aimé connaître les nouvelles théories élaborées sur le sujet. Gageons que nos «savants» éclairés ne nous laisseront pas trop longtemps dans l'ignorance de ces choses essentielles à notre élévation spirituelle et à notre salut.


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