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Khalfa Mameri, historien et ancien diplomate 'On n'efface pas la défaite par la victoire"


Khalfa Mameri, historien et ancien diplomate                                    'On n'efface pas la défaite par la victoire
Khalfa Mameri revient sur la symbolique de la date du 5 juillet alors que la proclamation des résultats du référendum et de l'indépendance a eu lieu le 3 juillet 1962.
Le 5 juillet, pour vous surprendre, ne représente pas grand-chose pour moi. Il y a tout une confusion de date qu'il faut, selon moi, rétablir de toute urgence, du point de vue historique. Un peu de chronologie ferait du bien à tout le monde. Je rappelle que le 19 mars 1962 était le jour du cessez-le-feu, qui mettait fin à la guerre d'Algérie, à la suite des accords d'Evian entre une délégation du GPRA, conduite par Krim Belkacem, côté algérien, et Louis Joxe, ministre français des Affaires algériennes. Le référendum a eu lieu exactement le 1er juillet 1962. Il y avait 6 549 736 électeurs inscrits, dans les 15 départements algériens de l'époque. Ont voté : 6 017 680. Les suffrages exprimés sont de : 5 992 115. Ont répondu oui : 5 992 115.
Ont répondu non : 16 534. La proclamation des résultats a été faite le 3 juillet 1962, à 10h 15, à Alger, par la commission centrale de contrôle du référendum, présidée à l'époque par l'avocat algérien Kaddour Sator.
À 10h 30, heure de Paris, le général de Gaulle, président de la République française, reconnaît et proclame l'indépendance de l'Algérie. Le jour même, il matérialise cette proclamation par l'envoi d'une lettre au président de l'Exécutif provisoire de l'Etat algérien, M. Abderrahmane Farès.
3 juillet 1962 : une journée quasi unique dans l'histoire de l'Algérie moderne
Ainsi, pour éviter toute confusion, je précise de façon très forte que la date de l'indépendance de l'Algérie est bien le 3 juillet 1962 et non pas le 5 juillet 1962. Le choix du 5 juillet, que je ne fais pas mien, s'explique de la façon suivante : c'est pour effacer symboliquement la défaite de la prise d'Alger, le 5 juillet 1830, par les troupes françaises. À mes yeux, on n'efface pas une défaite par une victoire.
Très souvent, en matière historique, aussi bien pour l'Algérie que pour d'autres pays, on tire plus de leçons d'une défaite que d'une victoire.
C'est tellement vrai et pour revenir au c'ur de la question, c'est le 3 juillet 1962 que le président du GPRA, Benyoucef Benkhedda, a donné une solennité exceptionnelle et historique à l'indépendance du pays, en défilant juché sur une Jeep, avec les troupes de l'ALN, dans les grandes avenues d'Alger.
On peut dire, pour ceux qui ont vécu l'événement, qu'ils ne sont plus que 5 millions aujourd'hui par rapport aux 37 millions d'Algériens, que cette journée du 3 juillet 1962 est quasi unique dans l'histoire de l'Algérie moderne. Cette journée ne doit pas être confondue ou comparée avec une autre, car on a trop souvent la faiblesse de croire, chez nous, que les jours de l'indépendance se répètent. Comment, en effet, comparer, si peu que ce soit, une guerre qui a été impitoyable à tout autre événement politique, sportif ou culturel de l'Algérie indépendante '
On oublie trop souvent que le peuple algérien est sorti d'une colonisation de 132 années et d'une guerre atroce de 7 ans et demi. Peu de mots pourraient illustrer les débordements de joie des populations algériennes de l'époque, qui apprenaient ébahies l'indépendance de leur pays et qui voyaient défiler, pour la première fois et paisiblement, les troupes de l'ALN, dans les rues d'Alger, alors que peu de temps avant, les sinistres bérets rouges et verts du général Massu, occupaient ces mêmes rues. Par ailleurs, peu d'Algériens connaissaient les dissensions et les luttes qui faisaient rage, à l'intérieur des institutions de la Révolution (CNRA/ GPRA).
Aimer l'Algérie, c'est oser critiquer ce qui ne va pas
À la veille de l'indépendance, le GPRA avait en fait éclaté, donnant lieu à une arrivée, dans le désordre, de la plupart des dirigeants algériens, dans la terre qu'ils avaient quitté depuis bien longtemps. J'indiquerai, dans ce cadre, que Krim Belkacem est entré en Algérie le 10 juin 1962, que Ferhat Abbas est entré le 29 juin 1962, par Tébessa, qui lui fera un accueil triomphal, et que Ben Bella, venant du Maroc, n'arrivera à Tlemcen que le 22 juillet 1962.
Ceci éclaire parfaitement les drames que vivra l'Algérie indépendante.
Qu'est devenue l'Algérie, 50 ans après son indépendance ' J'aimerais d'abord faire deux remarques préliminaires, qui sont à la fois importantes et, pour moi, au c'ur de mes convictions politiques. Premièrement, il faut établir une très nette distinction entre l'Algérie et les pouvoirs publics successifs. L'Algérie ne se réduit pas à une ou plusieurs personnes. L'Algérie, comme nation, c'est non seulement la totalité de sa population, mais aussi l'affaire de chaque Algérien et chaque Algérienne.
En clair, pour que chacun comprenne, étant donné les confusions douloureuses qui existent, critiquer une gouvernance ne signifie pas critiquer l'Algérie. Bien plus, aimer l'Algérie, c'est oser critiquer ce qui ne va pas.
Deuxièmement, quelles que soient les déconvenues, les frustrations, les privations, les injustices, les colères et même les révoltes, d'une partie trop importante d'Algériens, l'indépendance de l'Algérie est un bien trop précieux pour tout le monde. Ceci dit, il est bien vrai que l'Algérie, dotée de tant d'atouts, matériels et surtout humains, aurait pu offrir des conditions de vie infiniment meilleures que celles d'aujourd'hui.
Le rêve des pères de la Révolution est toujours réalisable
L'Algérie d'aujourd'hui se caractérise essentiellement par l'immobilisme, l'injustice, l'indifférence et l'incertitude.
Par immobilisme, j'entends que par exemple des élections législatives ont eu lieu, le 10 mai dernier; plus d'un mois après, l'Algérie n'a toujours pas de nouveau gouvernement, alors que partout ailleurs, chaque grande élection donne lieu à l'istallation d'un nouvel Exécutif, dans les 48 heures qui suivent les résultats. Autre exemple : la première voiture Renault fut assemblée en Afrique, à Rouiba, en 1958. Aujourd'hui, Renault est installé au Maroc et en Turquie, qui déversent leur production sur l'Algérie, alors que notre pays peine à prendre une décision efficace, dans ce domaine, depuis 50 ans.
Par injustice, je considère qu'il est insupportable, sans démagogie aucune, que des salaires frisant les 50 millions de centimes (dans le secteur public, ndlr) soient généreusement distribués à une poignée d'Algériens, alors que l'écrasante majorité du peuple arrive difficilement à joindre les deux bouts. Et que toute cette armée de jeunes, qui aspire à bien vivre chez elle, ne trouve ni emploi ni logement ni perspectives d'avenir.
L'indifférence me paraît être le mal le plus destructeur pour l'avenir de notre pays. On est arrivé au point où la population algérienne, dans sa quasi-totalité, ne réagit plus à la politique du pouvoir et inversement.
Enfin, l'incertitude me conduit à rappeler une belle sentence d'un grand sociologue, qui disait : 'On peut prédire ce que serait le régime politique des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, à plusieurs siècles de distance, alors que pour certains Etats, on n'est même pas sûr de ce qui peut se passer demain".
En conclusion, je peux affirmer que le rêve des pères de la Révolution algérienne, ceux de la proclamation du 1er-Novembre 1954 et de la plate-forme de la Soummam, pour une Algérie démocratique et sociale, est toujours réalisable. Pour peu que les Algériens et les Algériennes, dans un élan unanime, le veuillent.
Danièle- Djamila Amrane - Minne, 'La guerre d'Algérie. Femmes au combat", (*)
'La précocité de l'engagement des femmes dans la lutte incite à penser que cette participation s'est faite spontanément, dans le feu de l'action.
D'ailleurs, la précarité des conditions de lutte et les nombreuses difficultés auxquelles se heurtaient les premiers combattants devaient les pousser à accueillir favorablement la participation féminine, sans réflexion théorique préalable. L'entrée des femmes dans la lutte ne découle certes pas d'une décision prise par les autorités FLN- ALN, mais bien plutôt de l'élan qui a poussé les femmes, comme les hommes, à lutter désespérément pour une vie plus juste et plus digne." (p. 247)
'Pendant les premières années de l'indépendance, alors qu'il est fait appel aux combattants de la guerre de Libération nationale pour édifier le nouvel Etat et en constituer les instances politiques, les femmes sont très faiblement représentées. Sur 194 membres, la première Assemblée nationale constituante compte 10 femmes, toutes anciennes militantes : elles ne sont que 2 sur les 138 membres de la deuxième Assemblée. Au parti, aux syndicats, aucune n'a un poste de responsabilité." (p. 264)
'La guerre a bouleversé les comportements traditionnels et projeté les femmes algériennes sur l'avant-scène de la vie politique. Leur présence sur tous les terrains de lutte (maquis, guérilla urbaine, camps et prisons) qui, dans le feu de l'action, fut le symbole d'un peuple en lutte, a été et reste encore (...) entièrement occultée." (p. 293)
(*) Rahma éditions, 1993.
je remercie de fond de coeur mabrouk belhocine de cracher de maniére exemplaire sur le chien ALI KAFI de fort belle maniére .99 reponse 2000 est l remet c es archive s au centre d archive s algerien cracher sur le chien de kafi de maniére exemplaire a nos chien s c es achive s son porter de le monde bravo au defunt mabrouk belhocine . Je prepare des bombe s a retardement jamais dite ou inedite .
hachemi seddik - fonctionnaire sonelgaz - tizi ouzou, Algérie

07/07/2018 - 380630

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