Alger - kamila nour

Kamila Nour ou le néo-andalou


Kamila Nour ou le néo-andalou
Elle est bien décidée à s’occuper de la part d’héritage musical qui lui revient...

«Elle est l’une des voix les plus prometteuses et la digne représentante de cette lignée de femmes de talent de la chanson citadine telles Fadéla D’ziria, Meriem Fekkaï, Maâlema Yamna,... divas de sa ville natale: Alger».
C’est ainsi que décrit Nour-Eddine Saoudi, la chanteuse Kamila Nour, nom d’artiste de Sellami Amina, qui fait partie de cette nouvelle génération d’interprètes de talent ayant investi la musique classique algérienne et ses dérivés.
En effet, Kamila Nour, déterminée, ne cache pas son ambition de se faire connaî-tre grâce à son répertoire original puisé de l’héritage musical andalou d’où elle tire son inspiration pour créer des compositions où se mêle l’esprit du jazz et du blues. Ce qui, faut-il le souligner, n’est pas du goût des puristes. Mais malgré ça, Kamila Nour, en battante qu’elle est, tente de s’imposer comme l’ont fait avant elle ces femmes qui ont su, à force de persévérance et d’abnégation, conquérir ce milieu dit fermé, qui jadis, était réservé exclusivement aux hommes.
Passionnée dès son jeune âge par la chanson, elle se destinera tout naturellement à la musique sous les encouragements de ses proches. Elle débutera à 10 ans par la classe de piano universel à l’école des Beaux-arts d’Alger.
Remarquée pour ses prédispositions vocales, elle s’orientera vers la musique andalouse avec, pour professeur, Mahmoud Messekdji, (conservatoire de Kouba) qui guidera dès sa treizième année ses premiers pas dans ce riche patrimoine. Elle rejoindra ensuite le conservatoire d’Alger pour poursuivre ses études musicales, classe supérieure, où elle est prise en main par Mustapha Boutriche.
Cet itinéraire académique sera sanctionné par un premier prix du conservatoire d’Alger en 1983.
Parallèlement à ses études musicales, Kamila Nour sera très sollicitée pour animer de sa belle voix nombre d’émissions télévisées et radiophoniques qui lui permettront d’affirmer sa forte personnalité dans ce domaine.
La naissance en 1983 de la prometteuse société artistique et musicale El Fekhardjia, sous la baguette du maître Abderrezak Fekhardji, sera pour elle, une opportunité de côtoyer les grands disciples de cet art et parfaire sa maîtrise grandissante de la musique classique algérienne. Elle sera la première et principale soliste de ce solide ensemble qu’elle quittera en 1985 pour rejoindre une nouvelle association musicale El Andaloussia.
Ses connaissances musicales sont ensuite mises à profit sur le plan pédagogique. Nommée professeur de musique au lycée, d’abord, au conservatoire, ensuite, elle poursuivra sa mission de 1984 à 2000, date à laquelle elle décide de se consacrer entièrement à son art et sa passion, le chant. Elle crée ainsi son propre ensemble féminin qui, de par sa spécialisation, sera très sollicité lors des réceptions officielles. Kamila Nour, a représenté, depuis, l’Algérie dans plusieurs pays : la France, la Tunisie, l’Espagne, la Libye... L’expérience la plus féconde pour elle est peut-être celle qui a vu la naissance d’une symbiose musicale algéro-portugaise dans les genres andalou et fado et à laquelle elle a participé. Kamila a sorti l’an dernier un CD chez «Belda Edition» baptisé : Néo-andalou, affichant résolument sa voie artistique.
«Certains m’ont critiquée et m’ont conseillée de rester dans le style pur andalou. Je ne veux attaquer personne, mais certains d’entre eux ont commencé à faire ça et se sont mis à chanter le même répertoire que le mien», et de renchérir: «mon projet étant de faire l’andalou en y apportant une nouvelle touche, un andalou relooké que j’essaie de réconcilier avec la nouvelle génération, ce n’est pas dénaturer la musique andalouse car la base, la structure, reste telle quelle».
Pour Kamila Nour, en effet, la musique n’est pas une matière figée, elle évolue et s’adapte à son époque, c’est pourquoi elle se plaît à y rajouter de nouvelles sonorités tels la guitare, le saxo... de nouveaux instruments contemporains, sans pour autant altérer, dit-elle le fondement de la chanson andalouse. Pour elle, la musique andalouse est d’autant plus belle qu’elle se doit d’être exploitée comme le reste des musiques du monde qui se mélangent, fusionnent et s’épousent harmonieusement. «Le patrimoine andalou c’est notre héritage. Cela appartient à tout le monde et moi je réclame ma part», souligne Kamila, l’opiniâtre, d’ailleurs «le raï, dit-elle, est un genre que j’aime bien. Ce n’est pas rien si la plupart des jeunes l’adorent. C’est dans l’air du temps...». S’il est difficile d’arracher sa place au «soleil», Kamila Nour dit «s’accrocher», parce qu’elle aime ce qu’elle fait.
«Concernant la nouba, je suis rassurée de ce côté-là, je sais qu’il y a des gens compétents qui font tout pour la préserver, moi je veux apporter du nouveau, mon but est d’insuffler une autre âme à la musique andalouse que je respecte, car noble et constitue une richesse. Seulement, je me suis permise de prendre ma part d’héritage et d’en faire ce que je veux. Normalement on devrait encourager la créativité; chacun est libre. On ne peut pas plaire à tout le monde, mais l’essentiel c’est d’essayer d’apporter son plus».
Voilà qui est dit ! Et du nouveau il y en aura bientôt.
Kamila Nour est actuellement en préparation de son prochain album qui prévoit des reprises...



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