Alger - Hussein Dey

Hussein-Dey (Alger) - Amar Boudissa (ex-entraîneur du NA Hussein-Dey): «Le joueur algérien est un fainéant»



Hussein-Dey (Alger) - Amar Boudissa (ex-entraîneur du NA Hussein-Dey): «Le joueur algérien est un fainéant»


Amar Boudissa demeure l'artisan de la grande équipe du NAHD du début des années 70 et c'est lui qui a découvert et formé ceux qui allaient devenir de grands joueurs internationaux en l'occurrence les Madjer, Fergani, Ighil, Merzekane, et bien d'autres. A 84 ans, il a toujours bon pied, bon œil et il n'a rien perdu de sa passion et de son franc-parler.

- Vous avez la particularité d’avoir évolué uniquement au NAHD avec deux de vos frères…

Oui, nous étions trois frères à jouer ensemble au NAHD et nous avions entamé notre parcours à la fin des années quarante. J'occupais le poste d'ailier droit.

- Et après l’indépendance, vous avez mis fin à votre carrière en quelle année?

J'ai raccroché en 1967 et, déjà, j'étais révolté du fait que les jeunes n'avaient pas la chance d'évoluer en seniors. D'ailleurs, j'avais pris en main un club de Leveilley et on a réussi deux accessions successives avant d'être invités à un tournoi au cours duquel on s'est retrouvés en finale face au NAHD que l'on a battu aux penaltys. Et là, j'avais démontré aux dirigeants du NAHD qu'il y avait de très bons joueurs à Hussein-Dey.

- Et deux ans plus tard, en 1969, vous voilà coach du NAHD?

J'étais maître d'EPS au lycée Thaâlibia et dans le même temps, j'ai commencé le travail de formation au NAHD.J'ai constaté que le joueur algérien est bon techniquement mais c'est un fainéant qui n'aime pas la rigueur. Ce n'est pas de sa faute parce qu'il fait chaud dans notre pays. Donc, sur le plan physique, c'est faible.

- Et c’est sur ce point que vous avez insisté dans la formation?

Il y avait le sport scolaire qui m'offrait une première sélection. Ensuite, il y avait les inters-quartiers et le plus important était de commencer avec les jeunes. D'ailleurs, dans la fameuse EN qui avait battu l'Allemagne en 82, il y avait trois titulaires issus des minimes du NAHD en l'occurrence Madjer, Fergani et Merzekane.

- Que vous aviez formé pour monter une grande équipe du NAHD?

En plus de ces trois que je viens de citer, il y avait aussi Kheddis, Akkak, Ighil, Lazazi que j'ai repérés dans les inters-quartiers et que j'ai formés jusqu'en seniors pour produire cette grande équipe du NAHD.

- On a reproché à cette grande équipe de ne pas avoir remporté de titres. Que répondez-vous ?

Pour les titres, il faut aller au fond. Le NAHD était un parent pauvre. On n'avait personne au niveau de la FAF. Or le travail des coulisses et les coups fourrés se font au niveau de la fédération.

- Qu’est-ce qui vous fait penser cela?

Je vous donne un exemple. On avait joué contre l'USMA et après le match, on a eu quatre éléments suspendus. La journée suivante, il y a eu un match entre la JSK et le MCA et la partie fut arrêtée, et pourtant, il n'y a eu aucune sanction. Et avec la réforme au début des années 70, on nous a pris pour des harkis.

- Que voulez-vous dire?

On avait accepté d'être parrainé par une entreprise, Air Algérie, alors que les autres clubs n'en voulaient pas et comme les temps changent puisque aujourd'hui, tout le monde souhaite avoir une société.

- Madjer est devenu une star du football mondial. Vous vous attendiez-vous à une telle réussite quand vous l’avez découvert jeune?

Madjer a eu beaucoup de chance.

- Et beaucoup de talent?

Le talent, il y en avait aussi chez Fergani et les autres. Avec Porto, il n'était pas un titulaire indiscutable et lors de la finale de la Coupe d'Europe, il a eu la chance d'être titularisé et d'exécuter cette talonnade qui l'a rendu célèbre.

- Pour en revenir au NAHD, vous aviez été rappelé en 2012 et nommé directeur du centre de Bensiam…

Oui, j'avais commencé à travailler, mais j'ai été trahi par une personne qui était venue au NAHD dans le but de viser un poste de sénateur. Moi, je n'acceptais pas de recruter les fils des gens comme cela. Je faisais de l'ombre et on m'a évincé. Pourtant, il faut savoir que le NAHD a des infrastructures que les autres clubs n'ont pas et c'est grâce à moi que le club a pu en bénéficier. Le complexe Bensiam nous a été attribué par arrêté de l'ancien wali d'Alger, Hoffman Allah yarahmou.

- Et le stade Zioui dont on dit qu’il est vétuste?

Non, c'est une question d'hommes. Le stade Zioui est un bijou. Donnez-le à des Japonais et ils en feront une enceinte moderne et merveilleuse.

- Quel est votre regard sur le NAHD actuel?

Le NAHD est entre de mauvaises mains et si le club venait à rétrograder en Régionale, alors il ne pourra plus revenir parmi l'élite et c'est dommage car c'est le seul club algérien qui a donné pas moins de quatre entraîneurs à l'EN ,en l'occurrence Ighil, Mehdaoui, Fergani et Madjer.

- Et quelle serait la solution?

Avant de chercher la solution, il faudrait d'abord reconnaître que notre football est en faillite. Il n'y a pas de honte à dire je ne sais pas et j'ai échoué.



Propos recueillis par Hassan Boukacem





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