Alger - Revue de Presse

H’lal alihoum, H’ram Alina


Gouverner c’est prévoir En «recommandant» à l’Algérie, en 1994, l’exécution du plan d’ajustement structurel (PAS), le FMI ne visait qu’à mettre en place des mécanismes pour récupérer la mise, tout en maintenant le pays dans une dépendance financière qui aliénera sa souveraineté nationale. Dévaluations du dinar, compression des effectifs, fermetures des entreprises, réduction des dépenses publiques, et, par voie de conséquences, du train de vie des Algériens, étaient les ingrédients d’un programme qui avait toutes les chances d’opérer un transfert massif de populations qui ont, brutalement et sans transition, perdu leur statut de citoyen moyen au profit de celui, peu enviable, de pauvre, voire de nécessiteux.Si la première des deux conjonctures qui ont conduit à ce triste état découle d’une situation sécuritaire imposée par l’extérieur qui avait contraint les pouvoirs publics de l’époque à faire des choix douloureux, la seconde, une mentalité d’assisté imprimée à des citoyens que l’on avait assimilés à un tube digestif, a été le fait d’une nomenklatura qui a tout fait pour réduire leurs capacités à s’adapter en réservant l’exploitation de créneaux nouveaux à une catégorie limitée d’initiés et de détenteurs de l’information. L’administration a été instrumentalisée à des fins bureaucratiques pour barrer le chemin à ceux qui pouvaient, malgré tout, s’en sortir et une génération d’Algériens naquit de part et d’autre de cette nouvelle barrière qui séparait les classes sociales, parallèlement à l’encouragement d’une corruption difficile et à identifier et à combattre. L’Etat brillera par son absence ainsi que par son incapacité à restaurer son autorité. Pis, les travers de gestion de ministres finiront par achever la confiance des plus optimistes. Sous couvert d’études, des centaines d’universitaires fuiront le pays, et des milliers de jeunes choisiront une mort incertaine à bord d’embarcations de fortune aux promesses de lendemains meilleurs qui empirent chaque jour davantage. La pomme de terre, la semoule, le logement ou le travail deviennent un cauchemar pour les uns et une source d’enrichissement pour les autres. Pris en otage entre les deux, l’Etat -traumatisé et malade et de ses lois et de ses hommes- est distancé par la réalité et n’a pas su prévenir le retour de manivelle provoqué par un plan de relance économique doté de dizaines de milliards de dollars utilisés pour embellir, financer des festivals et goudronner des rues qui se déchausseront aux premières pluies. C’est dans ce contexte qu’est intervenu le patronat, après que les syndicalistes ont montré les limites d’une action mue par des intérêts autres que la défense des travailleurs. Si le FCE demande, aujourd’hui, une réévaluation du dinar, la réduction des droits de douanes et de la TVA, la réduction de la marge bénéficiaire des entreprises et, accessoirement, l’augmentation des salaires, ce n’est nullement pour venir en aide aux couches défavorisées, mais pour prendre les devants. Car un citoyen qui ne consomme pas est synonyme de faillite pour les patrons. Si les pouvoirs publics, qui avaient signé des accords avec le FMI, avaient été frappés de myopie -même s’ils n’avaient pas d’autre choix- la situation actuelle est une conséquence du PAS. Il est heureux que le pétrole ait pris l’ascenseur, évitant à Alger, par exemple, des confusions avec les favelas de Rio ou la comparaison avec Calcutta. Méditons, tant qu’il est encore temps. L’OMC est-elle un bon choix, sachant que dans vingt ans, il risque de ne plus y avoir de citoyens algériens. Comme du temps de la colonisation.
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