L'Algérie a réagi hier à l'affaire des caricatures attentatoires au Prophète Mohamed (QSSSL), publiées par le journal conservateur danois Jyllands-Posten, reprises par le norvégien Magazinet, qui soulève une vague d'indignation dans le monde musulman.
« Les atteintes outrancières et inadmissibles portées à la sainte figure du Prophète de l'Islam (QSSSL) et à son 'uvre spirituelle, qui ont marqué profondément les valeurs et la configuration de l'humanité, ont fait l'objet de réactions fermes de l'Algérie à l'adresse des autorités gouvernementales concernées par les canaux bilatéraux depuis le mois d'octobre dernier », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué rendu public hier. C'est la première fois qu'Alger annonce avoir saisi les autorités danoises sur l'affaire des caricatures qui a éclaté à la fin septembre 2005. Les égarements inqualifiables d'organes de presse ne sauraient absoudre les gouvernements, autorités judiciaires ou déontologiques des pays concernés d'une obligation de protection du caractère saint et inviolable des symboles des religions monothéistes révélées », a estimé le ministère des Affaires étrangères. Il s'agit, selon la même source, d'une situation d'exacerbation de pratiques sectaires à grande échelle contre toute une civilisation, « ce qui soulève une indignation légitime et saine ». Alger, qui dit partager l'indignation des pays membres de la Ligue arabe et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) dont « la position solidaire exprime les sentiments profonds de toute la Oumma islamique », appelle le Danemark et la Norvège à prendre des mesures appropriées pour « mettre un terme aux pratiques répréhensibles ». « Ces pratiques doivent être résolument bannies pour ne pas nourrir l'escalade de développements préjudiciables aux efforts des bonnes volontés qui s'emploient à cultiver les vertus du dialogue », relève-t-on dans le même communiqué. Alger n'a pas commenté la décision du gouvernement danois de lancer un avertissement à ses ressortissants devant se rendre en Algérie et dans le monde arabe. A ce propos, l'ambassadeur du Royaume du Danemark à Alger nous a contactés, hier, pour indiquer que son gouvernement n'a pas « déconseillé » à ses ressortissants de se rendre en Algérie. « Nous avons seulement dit qu'il fallait faire attention compte tenu de la polémique actuelle. Nous avons précisé, en octobre 2005, qu'il fallait éviter le déplacement si le voyage n'était pas nécessaire. Cela dit, les touristes, qui arrivent à obtenir le visa, peuvent venir en Algérie », a précisé le représentant diplomatique danois. Il a indiqué faire de son mieux pour améliorer le niveau des relations entre les deux pays. A Copenhague, le Premier ministre Anders Fogh Rasmussen, dans une déclaration rendue publique dans la soirée de lundi 31 janvier, a, quelque peu, regretté que les caricatures de Jyllands-Posten aient porté atteinte à la dignité des musulmans. « J'ai un profond respect pour les sentiments religieux. Je n'aurais personnellement jamais choisi de caricaturer les symboles religieux de cette manière. Je veux exprimer ma profonde gêne devant l'atteinte portée aux musulmans par les caricatures sur le Prophète Mohamed », a-t-il dit. Anders Fogh Rasmussen, en tête d'un gouvernement où siège le Parti du peuple danois (extrême droite), semble revenir à de meilleurs sentiments puisqu'il avait refusé, jusqu'à hier, de recevoir les ambassadeurs des pays islamiques à Copenhague prétextant l'agenda serré. Il tente de limiter les dégâts d'une grave crise diplomatique qui commence à porter atteinte à l'économie du pays. Le Premier ministre s'est appuyé, dans ses déclarations d'hier, sur les excuses présentées le même jour par Carsten Juste, rédacteur en chef de Jyllands-Posten, dans un texte écrit en arabe, publié sur le site internet du journal. « Notre journal respecte la liberté du culte et soutient la démocratie (...) Les douze caricatures publiées ne visaient pas à porter atteinte au Prophète Mohamed, mais aspiraient à ouvrir le dialogue sur la liberté d'exprimer une opinion, une fierté pour nous. Nous n'avons pas su évaluer la sensibilité de la question pour les millions de musulmans qui se sont sentis blessés. Nous nous en excusons », a écrit Cartsen Juste, faisant lui aussi un pas en arrière après la campagne de boycott de produits danois dans plusieurs pays arabes. De son côté, Magazinet, revue chrétienne norvégienne qui a repris les mêmes caricatures le 10 janvier dernier, a exprimé hier ce qui ressemble à des « regrets » aux musulmans. Mais elle n'a présenté aucune excuse. « La reproduction de 12 caricatures du prophète, qui n'avait pas pour but de provoquer, était justifiable au nom de la liberté d'expression (...) Regretter d'avoir recouru à la liberté d'expression dans une société démocratique nuirait à nos fondements... », a écrit Vebjoern Selbekk, rédacteur en chef de cette revue, devenue célèbre grâce à cette affaire, repris par les agences de presse. Hier soir, Jyllands-Posten a évacué son siège en raison d'une fausse alerte à la bombe. A Tunis, les ministres de l'Intérieur de 17 pays arabes ont dénoncé vivement « les outrages à l'Islam et au Prophète publiés dans la presse danoise » et ont appelé Copenhague à « garantir que cela ne se reproduise pas ». En dépit des « regrets » de Copenhague, la colère de la rue arabe ne s'est pas estompée. Les religieux de la ville irakienne de Falloujah ont, selon l'AFP, lancé une collecte des produits danois pour les brûler en public. Le Danemark fait partie de la force multinationale en Irak avec 530 hommes.
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Posté par : sofiane
Ecrit par : Faycal Metaoui
Source : www.elwatan.com