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EN LIGNE "ÊTRE AU CONTACT DE LA NATURE APPORTE DES BIENFAITS", SELON L'ÉCOLOGUE ANNE-CAROLINE PRÉVÔT


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dimanche 16 mai à 9h00

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L’écologue souligne la diversité des expériences que procure l’immersion dans les espaces naturels. Thème qui revient en force à la faveur des épisodes de confinement.



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"Être au contact de la nature apporte des bienfaits", selon l'écologue Anne-Caroline Prévôt



L’écologue souligne la diversité des expériences que procure l’immersion dans les espaces naturels. Thème qui revient en force à la faveur des épisodes de confinement.



Qu’est-ce que la nature ?



C’est le vivant en général, les animaux et les végétaux. Suivant la posture que l’on adopte, on peut y inclure ou non l’espèce humaine qui s’est affirmée contre la nature ou qui se définit à côté d’elle. Dans cette acception, la nature est partout, y compris au domicile de chacun, au travers d’une plante en pot ou d’un animal de compagnie.



Notre rapport à la nature a-t-il changé depuis le début de la pandémie et les épisodes de confinement ?



Il est intéressant de remarquer l’inflexion du discours de nos gouvernants. Il y a un an, il fallait s’enfermer chez soi. Quand le Premier ministre a annoncé les modalités du troisième confinement dans les seize premiers départements (le 16 mars dernier, NDLR), il a au contraire souligné les avantages de la vie dehors, au grand air. Il ne s’agit pas de créer une nouvelle norme qui s’appliquerait indifféremment à tous mais simplement de constater qu’être au contact de la nature apporte des bienfaits à de nombreuses personnes. Des travaux scientifiques très sérieux le démontrent. A titre d’exemple, une balade au milieu de la végétation est bonne pour la santé physique et mentale de celui qui s’y adonne. Elle a pour vertu, entre autres, de diminuer le stress.



Y a-t-il une catégorie d’individus plus sensible qu’une autre à ce type d’expérience ?



Les effets peuvent être différents selon l’âge. De nombreuses études ont porté sur l’enfant et sa manière de se comporter librement dehors. C’est pour lui l’occasion de découvrir le monde qui l’entoure, de se lancer des défis, de connaître son corps et de prendre confiance. Les espaces naturels sont riches en opportunités. Un enfant qui joue avec un bout de bois lui imagine un usage, ce qui est bien différent de la manipulation d’un jouet dans une chambre, un univers où la fonction de chaque objet est fixée. Les potentialités de la nature sont des sources inépuisables pour l’imaginaire, elles favorisent le développement cognitif.



Une étude canadienne expose les bénéfices quantifiés pour la santé des sons de la nature, tels que le bruit d’une rivière et le chant des oiseaux. Qu’en pensez-vous ?

Je ne suis pas étonnée. Nous sommes les représentants d’une espèce animale qui a toujours évolué avec ses cinq sens. La nature offre des possibilités d’expérimenter le monde grâce à eux, de percevoir les odeurs et le bruit, de voir, de toucher et de goûter. Nous nous sommes éloignés de cette pluralité d’expériences par un mode de vie urbain qui nous coupe des espaces naturels. Je ne suis d’ailleurs pas certaine que la dynamique de la vie occidentale n’imprègne que les urbains ! Les ruraux ont plus d’occasions de nourrir leur rapport avec la nature, ce qui ne veut pas dire qu’ils le font.



Le Covid-19 a relancé le débat sur les zoonoses et leur multiplication à mesure que l’on fragilise les espaces naturels. Quelle est votre position ?



Je n’ai pas envie de rentrer dans cette polémique. Je ne sais pas dans quelle mesure on peut attribuer la pandémie à la destruction des milieux naturels qui nous mettrait au contact de nouveaux virus. Le système est bien plus complexe que cette description schématique. L’humain est une espèce animale qui a toujours vécu au milieu des autres espèces, dont certaines sont des parasites. Il y a toujours eu des zoonoses, il y a toujours eu des pathogènes qui ont franchi la barrière des espèces. Nos sociétés modernes tranchent avec cette longue histoire dans le sens où elles tentent d’éliminer tout élément extérieur à l’homme, elles privilégient une forme d’aseptisation qui est un leurre car il est utopique de vouloir se séparer du vivant. Mais entendons-nous bien, la destruction des milieux sauvages et la pandémie sont toutes deux d’authentiques catastrophes.



Avec la pandémie, on a beaucoup parlé virus et infiniment petit. Une bonne chose ?



Il n’y a pas que des virus dangereux pour l’homme dans l’infiniment petit, loin de là ! C’est un monde très complexe, aussi complexe que celui qui est visible pour nous, avec une multitude d’espèces qui entretiennent notamment des rapports de compétition et de prédation les unes avec les autres. Il est intéressant que le grand public en ait conscience.



Anne-Caroline Prévôt est directrice de recherches au CNRS. Elle travaille au Centre d’écologie et des sciences de la conservation (Cesco).



JEAN-DENIS RENARD (SUD OUEST)

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