Alger - Albert Bensoussan


Biographie Albert Bensoussan

Romancier, traducteur (de l'espagnol) et universitaire rennais.
Albert Bensoussan est né en 1935 à Alger, où il a passé sa jeunesse. Professeur agrégé d'espagnol au lycée Bugeaud d'Alger jusqu'en 1961. Assistant en Sorbonne en 1963, il a enseigné à l'Université de Rennes-II de 1978 à 1995. L'Algérie apparaît à plusieurs reprises dans son œuvre, en particulier l'univers judéo-arabe qui sert de toile fond à la plupart de ses romans.

Naissance à Alger en 1935.
Père : Samuel Bensoussan, né à Nemours (Algérie) le 18.11.1890. Fils de Yehouda et d’Esther.
Mère : Aïcha Benayoun, née à Nedroma (Algérie) le 18.01.1895. Fille de Messaoud et de Sultana.
7ème et dernier de la famille. Frères et sœurs : Simon (1920), Alfred (1922), Léon (1925), Lucien (1927), Renée (1929), Estelle (1931).
Mariage en 1964 avec Matilde Tubau
Famille juive traditionnelle : célébration du Chabbat et de toutes les fêtes : Pessah, Chavouot, Souccot, jeûne d’Esther, jeûne de Tich’a Beav, Rosh Hachana, jeûne de Kippour, Hanouka. Respect de la cacherout, et fréquentation hebdomadaire de la synagogue. Plus les superstitions propres au pays : la lame de couteau sous le matelas de mon berceau pour couper le mauvais œil, la main de fatmah pour la même préservation, les poudres magiques dans la poche de mon pantalon pour protection spéciale et réussite aux examens, et bien d’autres. Non que la crainte fût permanente, car la confiance était partout. Et la foi.

Études à Alger : école communale Daguerre et lycée Gautier. Baccalauréat Philosophie. Faculté des Lettres d’Alger : licence d’espagnol, diplôme de grammaire et philologie françaises, diplôme d’études supérieures d’espagnol, agrégation d’espagnol en 1960.
Service militaire (18 mois) en Algérie. Démobilisé en 1963. Titulaire de la carte d’Ancien Combattant (AFN).
Professeur de 1ère supérieure au lycée Bugeaud, à Alger (1960-1961).
Professeur de 1ère supérieure au lycée Jacques Amyot de Melun.
Assistant d’espagnol à la Sorbonne (1963-1966).
Docteur en études ibériques (doctorat de 3ème cycle) en 1966.
Docteur ès Lettres en 1978.
Maître-assistant, puis professeur à l’Université de Rennes-2 (1966-1995).
Professeur émérite, puis professeur honoraire des universités.
Anime des séminaires de traduction au Collège Européen de Traduction Littéraire de Bruxelles depuis 1990.
Membre fondateur de l’Association des Traducteurs Littéraires de France.
Collaborateur à divers périodiques, chroniqueur, traducteur et écrivain.

http://editmanar.free.fr/default.htm
Bibliographie

— Les Bagnoulis, Mercure de France, 1965.- Repris dans Algérie, les romans de la guerre, Omnibus, 2002.
— Isbilia, Oswald, 1970
— La Bréhaigne, Denoël, 1974
— Frimaldjezar, Calmann-Lévy, 1976 (prix de l’Afrique méditerranéenne)
— Au nadir, Flammarion, 1978
— L’Échelle de Mesrod, L’Harmattan, 1984
— Le dernier devoir, L’Harmattan, 1988
— Mirage à trois, L’Harmattan, 1989
— Visage de ton absence, L’Harmattan, 1990
— Le marrane, L’Harmattan, 1991
— La ville sur les eaux, L’Harmattan, 1992
— Djebel-Amour ou l’arche naufragère, L’Harmattan, 1992
— L’Échelle séfarade, L’Harmattan, 1993
— Une saison à Aigues-les-Bains, Maurice Nadeau, 1994
— Le Félipou (contes de la 6ème heure), L’Harmattan, 1994
— Confessions d’un traître, Presses Universitaires de Rennes, 1995
— L’œil de la sultane, L’Harmattan, 1996
— Les eaux d’arrière-saison, L’Harmattan, 1996
— Les anges de Sodome, Maurice Nadeau, 1996
— Une enfance algérienne (collectif), Gallimard, 1997 (repris en Folio)
— Le chant silencieux des chouettes, L’Harmattan, 1997
— Le chemin des aqueducs, L'Harmattan, 1998.
— Retour des caravelles , Presses Universitaires de Rennes, 1999
— L’Échelle algérienne, L’Harmattan, 2001
— Pour une poignée de dattes, Maurice Nadeau, 2001
— Les Algériens au café (collectif), éditions Al Manar, 2003
— Aldjezar, Al Manar, 2003
— Mes Algériennes, Al Manar, 2004
— J’avoue que j’ai trahi, L’Harmattan, 2005
— Sroulik, Maurice Nadeau, 2006
— Dans la véranda (récit), ed. Al Manar, 2008 (Prix du Grand Ouest, 2008)
— Voyage en Recouvrance, (récit), L'Harmattan, 2008
– Federico García Lorca, essai, Folio-Biographies, Gallimard, 2010
– Belles et Beaux, récit, éditions Al Manar, Paris, 2010

Traductions
en espagnol : Argelayer, Libros de Hermes, Bilbao, 1993
Confesiones de un traidor, ed.Comares, Granada, 1999
en allemand : Reise in den Mellah der Neuen Welt, « Hanîn », Wunderhorn, Heidelberg, 1989
en anglais : An Algerian Childhood, Ruminator Books, Minnesota, USA, 2001.
en italien : Un ‘ infanzia algerina, Argo, Lecce, Italia, 2003.

Extraits

Depuis, chaque matin de ce monde, je savoure mes écorces d'orange. Ce pot d'aujourd'hui me vient du Sud, et comme par miracle, alors qu'il se vide à chaque cuillerée, voilà qu'il se remplit derechef. Comme un sablier qu'il n'est besoin de retourner. L'orange est-elle vraiment nectar des dieux, fruit de miracles ? Et l'augure de la sanguine aura-t-il lieu cette fois ? Alors je beurre ma tartine grillée pour y étaler une large couche de confiture acidulée. Ou alors je malaxe de la compote de pomme et du fromage frais et pour sucrer le tout j'y mêle un quartier confit de mon secret oranger. Il n'en faut pas plus pour me mettre en selle chaque matin, et me redonner goût à vivre après avoir survécu aux spectres de ma veille. D'argent le matin, dorée le midi, démon à minuit, j'y reviendrai.
Oui, depuis ma lointaine enfance, l'oranger entretient un rapport étroit avec mon existence. C'est pur soleil concentré, me répétait maman Baudrin en pelant le beau fruit d'or sur la tablette de mon lit. Ma cuisse était haut dressée jusqu'à une poulie qui retenait le poids tendant en extension les deux bouts d'os qu'on avait ressoudés. Depuis ma malencontreuse chute et la fuite éperdue du père Khalfa me portant dans ses bras, et courant d'urgence jusqu'à la clinique Laverne, si paisible désormais après mes hurlements de douleur, sous une jambe difforme où la cassure faisait se chevaucher doublement le fémur. Maman Baudrin avait été promue à la distraction de son ange aux ailes brisées qui allait rester tout ce temps d'immobilité - quarante jours, n'est-ce pas? -, la jambe en l'air et rien pour cacher sa nudité. Alors parfois elle se moquait, la vieille : ta petite pitchounette, disait-elle comme la découvrant, mais moi je n'aimais pas cela, d'autant qu'elle y portait la main quand j'étais sans défense, oui, rien n'est pire que de ne pouvoir plier ses jambes, fermer ses cuisses; et c'est parce que tout le monde pouvait me regarder au centre de mon corps que, plus tard, jamais je n'ai pu uriner devant quiconque. Même devant ...? Oui, même devant elle. Et à l'armée quand il nous fallait pisser dans la ventouse - visser dans la pentouse, disais-je avec une dérision censée dissimuler mon malaise -, toujours je m'isolais dans un coin ou à l'angle des murs...
Je préférais les jeux de ma vieille avec le fruit qu'elle pelait proprement aux ciseaux, et moi d'être fasciné par les doigts féeriques de celle qui avait été première main aux Deux Magots, rue Bab-Azoun. Avant son mariage avec le soudard infirme, bien avant son veuvage qui la tiendrait plus souvent dans la cuisine de maman que dans sa chambre esseulée, funèbre. Elle attaquait l'orange par le haut en la tenant dans sa paume, décapsulait la tête mais au lieu de trancher au bout elle dévoyait la lame sur le pourtour et entamait la découpe en suivant la ronde de sa main. Quand l'orange, nue, trônait sur mon assiette, elle posait sur le rebord, soit le petit panier qu'elle avait façonné avec l'écorce, soit un long escargot de pelure, ou encore ce chapeau de gendarme dont elle coiffait la saillie d'un long médius. Puis elle divisait le fruit dans tous ses quartiers qui faisaient comme un collier autour du trophée, une auréole flamboyante. Et toujours elle me disait : Crache bien les pépins !

Lieu de vie

Bretagne, 35 - Ille-et-Vilaine

Types d'interventions

Ateliers en milieu scolaire
Rencontres et lectures publiques
Ateliers en milieu universitaire
Débat/dialogue en milieu universitaire
Résidences
Débat/dialogue en milieu scolaire



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