Anarchie

Les milliers de familles bloquées sur les routes à l’est d’Alger n’oublieront pas de sitôt le calvaire qu’elles ont enduré durant de longues heures. Un temps infini qui les avait plongées dans une solitude effrayante. Pourtant, elles n’étaient qu’aux portes de la capitale. L’inquiétude se lisait sur tous les visages à mesure que les heures d’attente sur l’asphalte s’allongeaient et qu’aucune information officielle n’était donnée pour expliquer la situation. Les flashs d’information qu’égrenaient les stations radiophoniques n’effleuraient même pas le sujet sinon de parler de nos hadjis qui ont choisi de passer l’Aïd aux Lieux Saints. Ceux qui n’ont jamais imaginé un seul instant de s’éterniser sur les voies de l’autoroute au moment où ils allaient à la rencontre de leurs familles pour partager la joie de la fête ne semblaient pas intéresser outre mesure les pouvoirs publics. Communiquer n’est pas le fort de nos responsables habitués à piétiner l’égard dû aux citoyens au profit de petits calculs strictement politiciens. Il fallait donc temporiser pour trouver les mots qui «conviennent» en pareille circonstance de trouble. Dans une formule quasi poétique, un communiqué de la Gendarmerie nationale évoquait alors une perturbation véhiculaire au niveau de Boudouaou.
Le triste événement qui a marqué la veille de l’Aïd est regrettable pour tous les désagréments qu’il a causés aux nombreuses familles, particulièrement aux malades piégés dans leur voiture. Il renseigne, en même temps, que malheureusement la prise en charge des cas d’urgence quand ils se présentent n’est pas encore maîtrisée par nos différents services. Le désarroi des automobilistes était à son comble devant tant d’impuissance, sinon d’indifférence des services de l’Etat envers des citoyens qui n’étaient coincés, heureusement pour eux, que dans un immense embouteillage en plein air.
Alger était paralysée dans sa partie Est jusque dans ses routes vicinales. La confusion était totale face à l’inertie et à l’incompétence de tant de responsables qui gravitent autour de l’organisation des secours, de la sécurité et de la prévention routière.
La liste noire des risques non encore maitrîsés s’allonge dans un pays où l’intérêt individuel prime sur le collectif; la forme sur le fond et la théorie sur la pratique.