Alger - Discothèques

Alger. Discothèques et Night-Clubs, la fièvre nocturne des clubbers



Il est de ces faunes nocturnes qui, dans la chaleur caniculaire d’un mercredi soir, ressuscitent et se « surexcitent » en fréquentant les boîtes de nuit de la capitale et son proche littoral. Une quête nonchalante, insouciante à la recherche de quelques divertissements d’une nuit d’été.

Une tournée des « grands ducs » à travers les endroits plus ou moins fréquentés ou franchement bondés nous renseignera sur ces oiseaux de nuit, amateurs d’évasion et autres récréations estivales se défaussant de celles diurnes et vacancières. La montre indique qu’il est plus de minuit. Destination Riadh El Feth abritant une forte concentration de cabarets et discothèques ne désemplissant guère durant toute l’année. Depuis l’agora, on entend déjà l’appel de la musique. Une cacophonie à tous les étages. Immanquablement du raï ! Une cacophonie attirant le « chaland ». Au Moual, un nightclub qui d’ordinaire fait salle comble — les chebs Redouane, Kader, Réda, Houari Dauphin, Nawal y animent des soirées —, est terriblement vide ! Une voix haut perchée, écorchée et vive emplit à elle toute seule ce lieu. C’est le beau grain... de toute beauté de cheba Naïma. Une sculpturale chanteuse interprétant le répertoire du raï ambiant célébrant l’amour vache et autres textes paillards. Cheba Naïma, malgré quelques tables occupées par des clients, se donne à fond (et bien sûr la forme) en présentant son showcase comme si elle se produisait devant des centaines de personnes. La preuve ! Elle s’emportait et exhibait des tics et tocs d’une bête de scène, toute en sueurs. Trépignant et ne pouvant plus tenir en place, son petit mais bon public — exclusivement masculin pluriel — s’extirpera de sa torpeur pour danser sur le tube de l’été dernier Kalmat El Houb, dont l’auteur est cheb Adel, reprise par cheb Kader de par une version déjantée et impertinente par opposition au texte initial qui est plutôt clean. Ainsi, les danseurs ont-ils réagi à l’appel de l’amour et sa flèche de Cupidon. Une big dédicace leur sera offerte par cheba Naïma à l’endroit de Barigo (Mohammadia, à l’ouest du pays) et Oran. Aussi, l’assistance lui rendra la pareille en l’ovationnant frénétiquement et en trinquant à sa santé (in vino viritas !). Abordant le serveur sur la « désertion des lieux », il nous confiera : « D’habitude, le Moual est plein à craquer. Il faut venir le jeudi. Mais, je crois que les gens sont partis sur le littoral...C’est normal ! » A proximité, dans les dédales du centre des arts, c’est le Soummam dont l’enseigne lumineuse nous attire. En poussant la porte vitrée, nous découvrirons une boîte de nuit peuplée et chaleureusement chaude bouillon. Et l’ambiance est foncièrement conviviale, mixte et enjouée emmenée par cheb Mokhtar. Là, c’est une ambiance beaucoup plus festive, voire fiévreuse marquée par la traditionnelle, incontournable et imposée figure de style « lyrique et théâtral » surenchère financière. Celle plus communément appelée rechka et tebrah où la chanson est à la carte moyennant une donation argentière de 1000 DA. On est loin des extravagances des « bankables » de la corniche oranaise demandant des chansons à coups de millions (centimes). En fait, ceux qui sont argentés peuvent imposer leur playlist raï à l’auditoire et s’acheter un statut, une réputation, un rang... le temps d’un soir. Des heures de gloire... du m’as-tu-vu(e) des signes ostentatoires et exhibitionnistes des nouveaux richissimes se voulant des narcisses. D’autres noctambules anonymes jurant d’avec les épicuriens consomment à la fortune du pot des mousses qui coûtent quand même 400 DA. Ils savent compter, car cela chiffre ! Au chapitre de la bagatelle, les filles de joie « tapent la discussion » dans une atmosphère de pub londonien au comptoir tout en encourageant la gent masculine à franchir le pas, et ce, sur un rythme dance, romantique et « re-remixé » de Kount Nabghiha (je l’aimais) après cheb Kadirou (l’auteur de la chanson), cheb Hasni Seghir en ayant fait une version live (cabaret) et DJ Nassim dont la dernière compilation Raï Mix II est au top du hit-parade chez les disquaires. Kount Nabghiha raconte une histoire de triangle (pas la discothèque). Toujours dans cette virée nocturne, nous nous retrouvons devant l’entrée de La Rose bleue (boîte homonyme de celle de Palm Beach sur la côte). Mais le vigile nous signifiera que nous ne pouvons pas entrer vu que « c’est la fin de la soirée ». Il est environ 3h. Les clubbers diront que c’est à cette heure-ci que cela commence à chauffer... à blanc. On aura été victime d’un « physionomiste » sélectionnant la clientèle. Quelques secondes après et juste à côté, les vigiles du restaurant El Bey auront été plus accueillants. Aussitôt, nous pénétrons dans une ambiance feutrée, cosy et joviale animée par cheb Mahfoud, un bout-en-train scénique (et pas du tout cynique) et cheba Habiba, une autre chanteuse qui a de la prestance, de la grâce et du talent, relayée par cheb Tayeb faisant dans le registre marocain (Abdelwahab Doukali) ainsi que par un clone de cheb Abdou en reprenant les titres truculents du Boy George algérien. Il est 5h, il fait déjà jour ! Alger s’éveille ! Les oiseaux de nuit se cachent pour dormir pour une grasse et grosse matinée ! Le jeudi soir, nous fîmes cap sur la côte ouest d’Alger. C’est là que cela se passe, nous dit-on ! Et la bonne... presse du téléphone arabe est unanime. La plage de Palm Beach est bondée de monde et curieusement peuplée de parasols, même après minuit. Des familles entières, des couples ou encore des groupes de jeunes profitent de la mer à la belle étoile. Qui se baignant, qui dansant, qui jouant aux dominos (et sa théorie), se promenant à dos de cheval... entre les tables et les transats (balade dangereuse pour les estivants du bain... de minuit. Vers 2h, nous frappons à la lourde porte de la discothèque la plus courue, la plus prisée et surtout la plus branchée de la place d’Alger. Après un passage obligé sous le portique « alarmeur » et par le « péage » — le droit de passage est de l’ordre de 1000 DA. Mais quand on aime la musique et faire la fête, on ne compte pas. Du coup, cette rose... des sables offre des nuits « bleues » enivrantes, voire planantes au rythme frénétique de la boule à facettes très chère au son hypnotique de la chanson Discotheque de U2 (in album Pop). Cette boîte de nuit offre un standing très hype (branché), une déco dans l’air du temps, un jeu de lumières transcendental, un très bon sound system, un lounge (le carré réservé par les VIP — le fric, c’est chic !), de jolies plantes (suivez mon regard) et puis une superbe ambiance surchauffée. Elle alterne entre discothèque et raïothèque fréquentée par une population hétéroclite. Une clientèle jeune, âgée, entre-deux et celle de la high class (la haute, quoi !). Ici, il n’y a pas de complexe. Le jeunisme côtoie la gérontologie dans une bonne intelligence. L’amour... de la musique n’a pas d’âge. Ca discute, ça téléphone, ça drague, ça frime, ça sirote des sodas et des Scotchs et ça esquisse des chorégraphies lascives au grand bonheur de la gent masculine. Quand le DJ aux manettes diffuse du raï, le dancefloor est illico presto investi. Surtout quand c’est cheb Redouane qui chante des tubes « avinés » Ch’rab sekerni zaâf (le vin m’a saoulé par colère) ou Khaïf nassha ou n’ndem (j’ai peur de me réveiller et de regretter). Là, les tandems de cavalières et cavaliers dansent collé serré. The hit is on ! (ça tourne à plein tube !). Et pour adoucir... les mœurs, le DJ de service balance des titres comme World Hold On de Bob Sainclair, We Are the Champions de Queen reprise par Crazy frog ou encore Say Say de Hi Tack (une autre version empruntée à Michael Jackson et Paul McCartney quand ils étaient amis). Cependant, vers 4h, c’est une party de rêve (sans ecstazy, bien sûr). C’est le quart d’heure américain ! Ce sont les filles aux appas « survitaminés » qui invitent à s’éclater sur la piste de danse mais cette fois-ci sur des décibels disco — très chers au Studio 54 de New York — dans smog vicié de volutes et faisceau laser à couper au couteau. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse de la Rose bleue ! Ce qui est sûr, c’est qu’on adore, on y revient au nom de la rose... et note bleue (musique et addition) !

 





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